Deux Soeurs

Chapitre 9

Chelsea sortit dans la rue avec un sentiment de vide au creux de l'estomac. Voir April morte et allongée, le visage blafard, la peau glacée, sur une table en métal dans la morgue l'avait chamboulée. Les larmes remontèrent mais elle les essuya rapidement d'un revers de la main. Elle devait garder la tête sur les épaules et réfléchir à ce qu'elle devait faire.

Elle avait dit à l'inspecteur qu'elle allait loger chez sa sœur, mais en réalité, elle avait envie de quitter cette ville le plus vite possible et se blottir dans les bras réconfortants d'Alma. Mais comment pourrait-elle annoncer une telle nouvelle, en les regardants droits dans les yeux ? Alma s'effondrerait, sans parler de son père ! Il avait déjà été très déprimé par la mort prématurée de sa femme et le départ d'April pour Chicago...Comment réagirait-il lorsqu'elle allait lui annoncer la mort de sa benjamine ? Et Victor ? Comment son frère aîné, qui avait tant insisté pour qu'April ne quitte pas la maison, allait prendre cette nouvelle ?

Pourtant, Chelsea devait leur annoncer la mort d'April. Elle ne voulait pas que sa famille l'apprenne de la bouche des policiers ou pire ; des journaux.

Elle se redressa, résolue. Elle se remit en marche, sa valise à la main, entra dans un petit restaurant non loin du département de police, commanda un thé au serveur et demanda si elle pouvait téléphoner.

Elle composa le numéro de la maison. Elle avait meilleur temps d'annoncer la nouvelle maintenant, avant que son courage ne flanche.

- Résidence des Russell. Répondit une voix féminine.

- Bonjour, Alma, c'est moi.

- Mademoiselle ! S'écria la domestique. Comment allez-vous ? Vous avez fait bon voyage ? mademoiselle April est avec vous ?

Chelsea implora mentalement le Tout-Puissant pour qu'il lui vienne en aide.

- Non, Alma. Je ne suis pas avec April.

- Que se passe-t-il ? S'inquiéta-t-elle à l'autre bout du fil.

- Peux-tu me passer père, s'il te plaît ?

- Tout va bien ?

- Alma...

Elle l'entendit appeler son père d'une voix paniquée. Quelques secondes plus tard, il lui répondit :

- Chelsea ? Que se passe-t-il, ma puce ?

La voix de son père tout aussi inquiète que celle d'Alma la fit trembler.

- J'ai...quelque chose à t'annoncer...Tu devrais t'assoir.

- C'est grave ?

- Oui, père. C'est April...elle est...Elle est morte.

Voilà, c'était dit. Elle entendit les pieds d'une chaise racler le parquet du hall d'entrée. Son père s'était sûrement assis.

- Elle est...morte ? Répéta-t-il sans y croire.

- Oui. Elle a été...assassinée.

- Quoi ? S'écria-t-il. C'est une plaisanterie ?

- J'aurais préféré, père. Soupira-t-elle, sentant les larmes couler à nouveau sur ses joues. Je suis arrivée à Chicago et...

Elle lui raconta l'histoire sans omettre le moindre détail. Son père restait silencieux, l'écoutant attentivement. Lorsqu'elle eut achevé, elle entendit un sanglot dans sa voix quand il prit la parole. Cela lui fendit le cœur.

- Mon Dieu...April...Gémit-il.

- La police fait son enquête. Je pensais rester...le temps d'avoir plus d'éléments...