Chapitre 16

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L'inspecteur Daniels n'était pas furieux contre elle. En fait, il était littéralement hors de lui.

- Je n'arrive pas à croire que vous ayez osé mener votre enquête de votre côté ! Hurla-t-il, faisant tourner de nombreuses têtes vers son bureau. C'est insensé !

Chelsea soupira intérieurement. L'inspecteur avait le don de se mettre dans des états pas croyables pour peu de choses. Elle n'avait tout de même pas joué au cow-boy en brandissant un pistolet dans les rues de Chicago !

- Je n'ai pas mené mon enquête. Répliqua-t-elle en levant les yeux au ciel.

- Vous êtes allé interroger des suspects lors d'une enquête policière ! Explosa l'inspecteur.

- Je n'ai fait que poser quelques questions sur ma défunte sœur. Répliqua-t-elle innocemment. Quel mal y a-t-il ?

- Vous le faîte exprès ?

Il donna un violent coup de poing sur la surface de son bureau, faisant voler une pile de feuille à travers la pièce. Chelsea arqua un sourcil, étonnée que le bureau soit encore debout après une telle attaque.

- Qu'est-ce qui me retiens de vous jeter en cellule pour entrave à la justice ? S'exclama-t-il, exaspéré.

- Votre curiosité ? Suggéra-t-elle. Avouez que vous mourrez d'envie de savoir ce que j'ai pu découvrir !

Il la jugea du regard durant de longues secondes, hésitant visiblement entre l'écouter ou l'assommer. Il finit par pousser un juron et se rassit derrière son bureau, bras croisés.

- Alors ? Demanda-t-il d'un ton impérieux. Qu'avez-vous découvert ?

- Je vous en prie, inspecteur, il est inutile d'employer ce ton avec moi. Répliqua-t-elle avec un sourire froid.

Il se força d'esquisser un sourire qui se voulait poli :

- Mademoiselle Russell, auriez-vous l'honneur de me faire part de vos découvertes ô combien importantes pour mon enquête ?

- Certes. Répliqua-t-elle avec un sourire joyeux. Comme vous le savez, j'ai rendu visite à monsieur Rex Rosay et madame Rita Hall au sujet de ma sœur.

- C'est pas vrai ? Répliqua-t-il, sarcastique.

- Ne souriez pas de la sorte, ça vous donne un air bête. Rétorqua-t-elle calmement. Donc je suis allée les voir et ils m'ont fait quelques révélations.

- Comme quoi, par exemple ?

- Par exemple, monsieur Rosay ignorait qu'April avait l'intention de quitter le cinéma pour aller vivre en Louisiane. Du moins, c'est ce qu'il affirme.

- Et on a matière à le croire ?

- Je n'ai aucune preuve, ni de son innocence ni de sa culpabilité.

- Je vois. Continuez.

- Par la suite, j'ai également pu avoir une discussion avec la maquilleuse personnelle d'April.

- Ah oui. Soupira-t-il, comme s'il se remémorait un souvenir pénible. J'ai également voulu lui poser quelques questions mais elle était beaucoup trop bouleversée pour que j'en tire quoi que ce soit.

- J'ai compris quelques mots entre ses sanglots. Poursuivit-elle comme si elle n'avait pas été interrompue. Notamment qu'April avait beaucoup d'admirateurs qui lui offraient des cadeaux.

- Ah ? S'étonna l'inspecteur en se redressant, intrigué.

- Des admirateurs fortunés, qui plus est.

- Comment le savez-vous ?

- Parce qu'April avait de toute évidence l'habitude de monter dans des voitures luxueuses avec chauffeur après sa journée de travail, après que tout le monde soit partit. Et elle les saluait toujours par leurs prénoms, donc elle les connaissait bien.

- C'est une piste intéressante...bien que fastidieuse. Marmonna l'inspecteur.

- Il y a beaucoup d'hommes fortunés à Chicago ?

- Oui. Nous avons des descriptions ?

- Aucune, si ce n'est que les chauffeurs étaient toujours bien habillés et polis.

- Donc, tous.

- Malheureusement, oui.

- C'est tout ? Maugréa-t-il, déçu.

- Je vous rappelle que je ne sais pas interroger un suspect aussi bien que vous. Je ne fais pas partie de la police. Répliqua-t-elle, vexée.

- Uniquement lorsque ça vous arrange, on dirait ! Grogna-t-il.

- Au lieu de vous emporter contre moi, je vous conseille de garder un œil sur Rita Hall. Répliqua-t-elle, butée.

- Pourquoi ?

- Parce qu'elle a une rancune tenace contre April. Quelque chose me dit qu'elle n'est pas aussi innocente qu'elle a bien voulu me faire croire !

- Vous vous emportez, mademoiselle Russell. Vous avez des preuves ?

- Non.

- Dans ce cas, à part l'interroger à nouveau, je ne vais rien faire de plus. Je ne vais pas la faire suivre par mes agents.

- Pourquoi pas ? Elle cache quelque chose !

- Vous savez, à Chicago, on n'a pas l'habitude de raconter sa vie à une parfaite inconnue, aussi aimable soit-elle. Tout le monde à ses secrets.

Il y eu un long silence.

- Vous avez peut-être raison. Marmonna-t-elle, contrite. Désolée. Je me suis un peu emportée...

- Ce n'est rien.

Il ne la quitta pas du regard.

- Je vous remercie pour vos informations.

- Elles vous seront utiles ?

- Je l'espère. Mais je pense que oui.

- Vous avez avancé de votre côté ?

Son visage se fendit d'un sourire.

- En effet. La balistique s'est plongée sur la balle et a fait plusieurs tests. C'est du calibre 30.

- Un petit calibre, non ?

- En effet. Assez rare, d'ailleurs, ce qui va faciliter nos recherches.

- Pourquoi ?

- Parce que ça va réduire la liste de nos suspects de façon considérable. Imaginez que chaque famille de Chicago possède une carabine et qu'un meurtre est commis avec l'une d'entre elle. Vous allez donc devoir chercher parmi tous les foyers quelle carabine a pu servir pour ce meurtre, ce qui représente un investissement de temps et d'argent gigantesque. En revanche, s'il n'y a que trois familles qui possèdent une carabine, c'est uniquement vers elles que vous allez investiguer.

- Et comme notre arme du crime est de calibre 30 et que c'est assez rare sur le marché, vous allez réduire les possibilités. Poursuivit Chelsea, songeuse.

- En effet. Il ne me manque plus que le type d'arme et je vais pouvoir investiguer auprès des armureries de la ville.

- Donc...on attend ?

- Oui. On attend...


Deux SoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant