Chapitre 24

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Chelsea marchait en long et en large sur le trottoir, grelotante dans le froid. Pour la troisième fois en quelques minutes, elle consulta sa montre et se retint de pousser un juron. Son rendez-vous avait du retard.

Elle hésitait à retourner dans l'appartement d'April et de se pelotonner sous les couvertures lorsqu'une voiture se gara juste devant elle. Elle arqua un sourcil, impressionnée. C'était une belle voiture, luxueuse, d'une couleur noire rutilante.

"Il y a vraiment des personnes qui ne se refusent rien." Songea-t-elle en frissonnant. Il devait faire plus chaud à l'intérieur que sur le trottoir.

Elle ne prêta plus attention à cette voiture jusqu'à ce que la portière du conducteur ne s'ouvre sur un homme de haute taille qui s'approcha d'elle d'un pas vif.

L'homme avait une tenue irréprochable. Il était rasé de près, ses cheveux noirs étaient coiffés avec soin, il portait un costume sombre bien coupé, des gants en cuir et ses chaussures vernies brillaient sous la lueur des lampadaires. Il lui fit un sourire poli.

- Signorina Russell ? Appela-t-il avec un léger accent méditerranéen.

- C'est moi. Répondit-elle, méfiante.

Il lui souriait toujours et ouvrit la portière arrière de la voiture.

- S'il vous plaît. L'invita-t-il à monter.

Chelsea ne bougea pas. Elle se dit qu'il n'était guère prudent de monter dans la voiture d'un parfait inconnu, même si son chauffeur était poli et élégant. Il dû se rendre compte de son trouble car il poursuivit, sans se défaire de son sourire :

- Il fait plus chaud à l'intérieur, Signorina Russell. Et le Signore Vallone à des choses importantes à vous dire.

La jeune femme jeta un rapide coup d'œil à l'intérieur de la voiture mais il faisait trop sombre pour qu'elle puisse apercevoir le visage de ce fameux Vallone.

Elle pria silencieusement, consciente de sa témérité et monta dans la voiture. Elle s'installa sur la banquette arrière, à bonne distance de l'homme qui y était déjà assis et la portière claqua derrière elle comme celle d'un piège à souris. Le chauffeur retourna derrière le volant et fit redémarrer la voiture.

Chelsea porta son attention sur deux choses : la première, c'était le chemin qu'ils empruntaient. Elle n'avait aucune confiance au chauffeur et à son patron et craignait qu'il tourne dans des ruelles sombres et isolées, là où personne ne pourrait l'aider s'il lui arrivait quoi que ce soit. La deuxième, c'était l'homme qui se tenait à côté d'elle. De ce qu'elle constata, c'était un très bel homme. Il avait les cheveux noirs gominés, il était bien rasé et très bien habillé. Etrangement, elle avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part...

- Signorina Russell. Commença-t-il avec le même accent aux notes chantantes que son chauffeur. Je suis heureux de pouvoir enfin vous parler.

- Nous nous sommes déjà vu, non ? Répliqua-t-elle, les sourcils froncés.

- Si. Répondit-il. Au White Horse, vous vouliez parler en privé avec Rita.

- Je me souviens. Approuva-t-elle. Mais vous étiez moins bavard.

- Il est inutile de parler quand il n'y a rien d'important à dire.

- Et maintenant vous voulez me parler ?

- Oui. J'ai eu envie de vous parler dès que j'ai entendu votre nom, Signorina Russell.

- Et vous ne pouviez pas le faire au White Horse ?

Deux SoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant