Chapitre 31

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Ils sortirent du bureau et longèrent le même couloir qu'il fallait emprunter pour se rendre jusqu'à la morgue. Mais au lieu de descendre les escaliers, l'inspecteur tourna à gauche et ouvrit l'une des premières portes. Il glissa la tête à l'intérieur et lança d'une voix autoritaire :

- Russell, tu as de la visite !

Seul le silence lui répondit. L'inspecteur se tourna vers Chelsea :

- Prenez votre temps. Je reste dehors mais un agent est dans la pièce et il interviendra au moindre mouvement brusque.

- Je suis sûre que mon frère ne va pas m'agresser. Répliqua-t-elle, agacée.

Elle jugeait la présence de cet agent parfaitement inutile.

- Je suis de nature prudente. Rétorqua-t-il. De toute manière, je ne ferai pas sortir cet agent simplement parce que vous n'appréciez pas le fait qu'il soit présent.

Chelsea le fusilla du regard mais ne répondit rien. Elle lui passa devant sans faire le moindre commentaire et entra dans la petite salle d'interrogatoire.

C'était un lieu froid et peu accueillant. Au centre de la pièce, il y avait une table et deux chaises qui se faisaient face. Un policier se tenait contre l'un des murs, bras croisés, le visage dur, le regard braqué sur Victor qui était assis sur l'une des chaises, ses mains menottées jointent sur la table, les yeux rivés sur un point invisible au plafond.

Quand Chelsea entra dans la pièce, il porta aussitôt son attention sur elle. La surprise marqua son visage avantageux :

- Chelsea ? Que fais-tu ici ? S'étonna-t-il en esquissant un geste pour se lever.

- Reste assis, Russell ! Aboya le policier en faisant un pas vers lui, menaçant.

Victor lui lança un regard noir mais obéit sans faire d'histoires. Chelsea lui sourit timidement et s'assit en face de lui, en tripotant nerveusement la manche de sa robe.

C'était très impressionnant de se retrouver dans une salle d'interrogatoire avec son frère menotté en face d'elle. Elle avait toujours ressentis de la fierté et du respect envers lui. Il était son modèle, l'exemple à suivre, celui qui avait réussi sa vie, qui avait un bon emploi, une épouse dévouée et bientôt un enfant, une très jolie maison. Il était beau comme un prince et ressemblait beaucoup à leur père, avec ses yeux perçants, sa mâchoire carrée et ses épaules larges.

Il avait réussi sa vie. Et voilà qu'il se retrouvait en garde à vue, accusé du meurtre de sa sœur !

Chelsea ne savait plus quoi penser de son frère à présent. Les paroles de l'inspecteur avaient semé le doute dans son esprit. Mais elle refusait de croire que Victor puisse être coupable du meurtre d'April.

Et pourtant...

- Comment vas-tu, Victor ? Demanda-t-elle d'une voix un peu tremblante.

- Mal. Gronda-t-il. La police a débarqué chez moi à l'improviste, ils ont remué toute la maison et ils m'ont embarqué. Grace n'a pas plus compris que moi ce qui se passait. Mais si tu as une explication à me donner, je suis prêt à l'écouter.

- Tu ne sais pas pourquoi tu es là ?

- J'ai cru comprendre qu'on m'accusait du meurtre d'April. Comment la police en est-elle venue à cette conclusion, je l'ignore, mais tout cela devient franchement ridicule !

- La police a retrouvé des indices qui laissent à penser que tu ne m'as peut-être pas dit toute la vérité ces deux dernières années. Murmura Chelsea avec diplomatie.

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