Chapitre 36

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En sortant de la salle, l'inspecteur s'arrêta auprès de Chelsea qui n'avait rien manqué de l'interrogatoire de Rex Rosay.

- Il n'a pas avoué. Murmura-t-elle sans quitter le producteur des yeux.

- Non, en effet.

- Mais c'est lui...Murmura-t-elle.

- Les preuves sont accablantes. Approuva-t-il sombrement.

- Mais il nous manque l'arme du crime. Objecta-t-elle.

- C'est effectivement un point problématique. Mais Rex Rosay a beaucoup voyagé durant sa carrière, notamment en Europe. Il aurait très bien pu ramener un Mauser dans ses valises.

- Comment le savez-vous ? S'étonna-t-elle.

- Vous n'êtes pas la seule qui avez fait des recherches sur nos suspects. Dit-il avec un sourire narquois.

- Et s'il avait jeté l'arme ? Personne n'irait fouiller le fleuve, non ?

L'inspecteur marqua un temps d'arrêt.

- En effet...Rosay aurait été suffisamment malin pour jeter l'arme juste après le meurtre.

- Mais pas assez pour jeter les gants.

- Ça coûte cher. Et je ne pense pas qu'il avait songé à jeter ses gants, puisqu'il ne pouvait pas voir les résidus de poudre à l'œil nu.

Il regarda par la vitre. Rex Rosay s'était redressé, les yeux clos, la respiration difficile.

- Il n'a pas la conscience tranquille. Commenta l'inspecteur. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il n'avoue son crime.

- Je l'espère. Murmura-t-elle. J'ai envie que cette histoire se termine. Je veux rentrer chez moi, je veux retourner auprès de ma famille et faire mon deuil sans ce poids sur les épaules.

- Je comprends. Dit-il avec beaucoup de douceur. Je vais faire mon rapport auprès de mes supérieurs et je vais demander à Finch de vous restituer le corps de votre sœur. Vous pourrez l'enterrer avec dignité.

- Merci. Que va-t-il lui arriver ? Demanda-t-elle en désignant le producteur d'un signe de tête.

- Il sera rapidement jugé par un tribunal. Les témoins seront entendus et les preuves seront présentées. Qu'il continue à plaider son innocence ou non, il sera jeté en prison. Mais j'ignore s'il sera exécuté où s'il passera le reste de sa vie derrière les barreaux.

- Je vois...

Ils remontèrent dans son bureau en silence. Lentement, Chelsea remit son manteau.

- Bon...Murmura-t-elle. Il semblerait qu'il est temps pour moi de vous quitter.

- Il semblerait, oui. Dit-il sur le même ton.

Ils se regardèrent durant de longues secondes.

- C'est donc la fin de notre...collaboration. Commenta-t-il en se forçant à sourire.

Elle éclata d'un rire nerveux :

- Oui...ça n'a pas dû être évident pour vous de me surveiller !

- C'est un euphémisme ! Répliqua-t-il, sarcastique. J'ai eu autant de peine avec vous que pour démêler cette sombre histoire ! Vous ne m'avez pas facilité la tâche.

- C'est vrai. Approuva-t-elle. Je suis désolée de vous avoir causé autant d'ennuis.

- Il n'y a pas de mal...En fin de compte, vous avez été plutôt utile.

- Merci.

- Vous auriez été une bonne enquêtrice. C'est dommage que vous soyez...

Il n'osa pas poursuivre, mal à l'aise.

- Une femme ? Acheva-t-elle à sa place. Je peux très bien le comprendre, vous savez.

- Il viendra un temps où les femmes seront acceptées dans les forces de l'ordre. Dit-il en haussant les épaules.

- Et ce jour-là, vous ferez appel à moi pour une de vos enquêtes ? Demanda-t-elle avec un sourire.

- J'espère être mort le jour où cette époque viendra ! Je ne veux plus avoir à vous courir après et à m'inquiéter pour vous !

- Vous êtes blessant ! Rétorqua-t-elle, vexée.

- Je plaisante, mademoiselle Russell. Je serais très heureux de vous revoir.

- Si un jour je reviens à Chicago, je vous le ferai savoir. Comme ça, vous pourrez me montrer l'endroit où l'on peut déguster les meilleurs chocolats chauds de la ville !

- Ah oui, j'avais oublié ! Ria-t-il. Promis, nous irons un jour boire un chocolat chaud ensemble.

- Ce sera avec grand plaisir.

Il lui tendit la main :

- Au revoir, mademoiselle Russell. Salua-t-il.

Elle lui serra la main avec joie.

- Au revoir, inspecteur Daniels.

- Prenez soin de vous. Recommanda-t-il.

- Je vous promets d'être prudente.

Il émit un ricanement moqueur :

- Si vous êtes aussi prudente que vous l'avez été durant cette enquête, alors ne promettez rien.

- Vous n'avez toujours pas digéré le fait que je sois allé voir Vallone et McKinley sans vous avertir ?

- Non, en effet. Et je pense que je ne le digèrerais jamais !

Chelsea lui sourit et quitta son bureau. Elle se retourna une dernière fois vers lui et lui fit un signe de main.

- Bonne soirée, inspecteur !

- Bonne soirée, mademoiselle Russell. Bon retour chez vous !

Quand Chelsea sortit du département de police, le soleil venait de se coucher. L'air était vif et froid, mais elle le sentait à peine. Elle leva la tête vers le ciel qui commençait à se parsemer d'étoiles et murmura :

- Et voilà, April. C'est fini...Tu vas enfin pour reposer en paix.


Deux SoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant