Chapitre 11

85 15 2
                                    


Leroy était furieux. April Russell ne lui avait pas facilité la tâche ! Dans toutes les affaires que ses hommes avaient récupérées chez elle, il n'y avait rien. Pas la moindre piste à exploiter. Pas de papiers ou de photos compromettantes, pas de sommes d'argents anormales, pas de lettres de menaces !

Il avait pu discuter la veille avec Rex Rosay, le célèbre producteur, mais ce dernier ne lui avait rien appris de plus que ce qu'il savait déjà. En privé comme sur les plateaux, elle était très réservée sur sa vie personnelle. Rosay lui avait confirmé que c'était une actrice talentueuse et qu'elle avait beaucoup d'admirateurs. Des ennemis ? Il ne lui en connaissait pas. Parfois, il y avait des tensions entre April et d'autres acteurs mais aucune dispute qui ne valait la peine qu'on lui tire dessus. Leroy avait questionné les acteurs, les techniciens et les maquilleuses sans succès. L'une d'elle était même tellement effondrée qu'il n'avait rien pu en tirer entre deux sanglots.

Il n'en menait pas large et cela l'agaçait prodigieusement.

Il remit la paperasse dans les cartons et sortis de son bureau pour appeler un de ses hommes pour qu'il libère l'espace. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir devant lui la jeune femme de la veille, la sœur de sa victime ! Elle avait l'air frigorifiée, ses joues étaient rosies par le vent et le col de son manteau était relevé jusqu'au menton.

Elle lui sourit :

- Bonjour, inspecteur.

Leroy s'immobilisa sur le seuil, les yeux écarquillés, stupéfait de la voir devant son bureau.

- Mademoiselle Russell ? Que faites-vous là ? Demanda-t-il.

- Je crois que j'ai trouvé un élément pour votre enquête.

Il marqua un temps d'arrêt.

- Vous avez fait des recherches de votre côté ?

- Oui.

Leroy soupira :

- Mademoiselle Russell...Commença-t-il en cachant à grande peine sa désabrobation. Vous traversez une épreuve terriblement éprouvante et je comprends votre envie de faire avancer les choses le plus vite possible. Vous n'êtes pas la première personne qui me fait le coup. Toutefois, vous ne devez pas interagir avec notre enquête. Nous vous solliciterons en cas de besoin mais s'il vous plaît, laissez-nous faire notre travail !

Le regard qu'elle posa sur lui le déstabilisa. Il y avait à nouveau cette lueur condescendante dans ses yeux. Son visage était marqué par une détermination qu'aucune parole ni aucun geste ne pouvait affecter.

C'était agaçant.

- Je regrette. Dit-elle toutefois, même si Leroy nota qu'elle n'avait pas l'air sincère.

- Ce n'est rien. Marmonna-t-il.

Il l'invita à prendre place en face de lui.

- Qu'avez-vous trouvé qui nous permettrait d'avancer dans notre enquête ? Demanda-t-il à contrecœur.

- La scène du crime ? Suggéra-t-elle.

Il se figea et fronça les sourcils.

- Vous savez où votre sœur a été assassinée ?

- Je le pense, oui. J'ai trouvé des taches de sang sur le trottoir d'un pont. Je ne suis pas une experte, alors j'ai pensé que vous souhaitiez le savoir.

Leroy se leva en vitesse et attrapa son manteau sur le dossier de sa chaise.

- Quel était ce pont ? Demanda-t-il en l'enfilant rapidement.

Deux SoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant