Chapitre 17

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Pour une fois, Chelsea fit exactement ce que l'inspecteur Daniels lui avait demandé de faire : elle attendait. Prendre son mal en patience était très frustrant, surtout quand on était une femme active comme elle. Mais elle prit le parti d'obéir à l'inspecteur, au moins une fois.

Elle était consciente qu'elle ne lui avait pas facilité la tâche...enfin si ; elle avait quand même découvert des indices pour son enquête. Leur enquête. Sans elle, il n'aurait pas trouvé la scène du crime, il n'aurait pas trouvé la balle de pistolet et n'aurait pas découvert tout ce qu'elle savait sur Rita Hall et Rex Rosay.

Chelsea se sourit à elle-même, satisfaite. Finalement, elle avait quand même sa place dans cette enquête !

"Il aurait trouvé ces indices de toute façon." Assena rudement la petite voix dans sa tête. "Tu as simplement précipité les choses, pas de quoi s'envoyer des fleurs !"

Le sentiment de satisfaction s'estompa rapidement, se changeant en une grande lassitude. Oui, elle avait aidé, du moins elle essayait de se rendre utile. Elle voulait agir, faire quelque chose, plutôt que de rester assise les bras croisés à regarder le plafond.

Elle sentait que les larmes allaient surgir à nouveau. Elle s'accorda un sanglot, une goutte salée qui perla au coin de son œil droit et qui roula sur sa joue avant de l'essuyer d'un revers de la main. Elle se demandait si elle avait eu raison d'entreprendre cette mission qui se révélait de jour en jour comme une folie.

« Reprends-toi, ma fille ! » Gronda-t-elle. « Tu n'es pas comme ça, tu n'es pas comme elle... »

D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait toujours été considérée comme la fille sage de la famille. Parfaite, réfléchie, irréprochable. Mais à force de se plonger dans la vie d'April, elle avait l'impression que la personnalité de sa petite sœur déteignait sur elle.

Comme elle avait envie de réconfort ! Mais elle ne pouvait pas téléphoner à sa famille. Alma pleurerait et lui recommanderait maintes prudences, son père lui demanderait de trouver le salopard qui avait osé tuer sa fille avant qu'il ne s'en charge...Victor serait peut-être le seul à la remettre sur le droit chemin. La personnalité de son frère aîné était assez semblable à la sienne. Il avait toujours été de bon conseil...

Chelsea hésita, puis prit le combiné et composa le numéro. Une voix grave et polie lui répondit :

- Résidence de la famille Sullivan, que puis-je pour votre service ?

- Bonsoir, James. Salua-t-elle à l'adresse du majordome de son fiancé. C'est Chelsea Russell à l'appareil.

- Mademoiselle Russell ! C'est un plaisir que d'entendre votre voix. Que nous vaut l'honneur de votre appel ?

- J'aimerai parler à Damian, s'il n'est pas occupé...

- Monsieur Sullivan est présent. Répondit le majordome. Je vais le chercher. Veuillez patienter, je vous prie.

- Merci. Bonne soirée, James.

- Bonne soirée, mademoiselle Russell.

Chelsea attendit quelques minutes avant que la voix de Damian ne lui parvienne à l'autre bout du fil :

- Chelsea ? Appela-t-il.

Elle sentit son ventre faire un saut périlleux en l'entendant prononcer son nom.

- Bonsoir, Damian. Sourit-elle.

- Chelsea ! Quel bonheur d'entendre enfin votre voix ! S'exclama-t-il. Comment vous sentez-vous ? Je cherche un moyen de vous joindre depuis plusieurs jours !

Deux SoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant