Chapitre 15.2

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- On l'était, en effet. Murmura-t-elle.

Elle vida son verre d'une seule traite et s'en resservit un autre.

- C'est vous qui avez écrit ces mots, derrière ?

- C'est mon écriture. Répondit Rita dans un haussement d'épaules. Mais ça fait bien longtemps que je ne lui ai plus écrit quoi que ce soit.

- D'après Rex Rosay, vous vous seriez disputées pour une simple histoire de rôles.

Rita éclata d'un rire peu charitable. Chelsea sentit ses joues rougir légèrement. Elle avait l'impression qu'elle se moquait d'elle.

- Une simple histoire de rôles ? Répéta-t-elle, hilare. Ma pauvre chérie ! Vous ne vous rendez pas compte dans quel milieu évoluait votre sœur !

Elle eut un sourire narquois.

- Certaines actrices seraient prêtes à tuer pour un rôle.

- Vous en faites partie ?

- Seriez-vous en train d'insinuer que j'ai quelque chose à voir avec la mort de cette idiote d'April ?

- Est-ce le cas ?

Le sourire de Rita s'accentua.

- Vous vous doutez que même si c'était le cas, je ne vous le dirai pas.

- En effet, je m'en doute.

Rita termina à nouveau son verre et se resservit, sans quitter Chelsea du regard.

- De toute manière, j'aurais préféré qu'April reste en vie. Mon existence va être bien monotone sans elle.

Chelsea fronça les sourcils.

- Je ne comprends pas...Vous n'étiez plus amies.

- C'est vrai. Nous n'étions plus amies. Mais c'est plus simple et plus amusant de se venger d'une personne lorsqu'elle est encore en vie. Les morts ne peuvent pas culpabiliser.

- April n'avait rien à se reprocher ! Protesta Chelsea, perdant son sang-froid.

- En êtes-vous sûre ? Assena cruellement Rita. Du point de vue de Rex, April était la blanche colombe, pure et innocente. Il est loin de la réalité.

- Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? Des preuves concrètes ou simplement votre rancune ?

- De simples observations. Elle acceptait beaucoup de cadeaux de la part de ses admirateurs. Et je suis sûre qu'elle acceptait bien d'autres choses de leurs parts. Des choses...moins avouables.

Chelsea se rembrunit. Elle n'avait qu'une envie ; coller une claque à cette femme ! Rita dû lire dans ses pensées car son sourire sarcastique s'élargit.

- Rares sont les femmes qui assument le fait d'être volage. Moi, je ne me vois pas mariée et encore moins avec des enfants ! La vie de femme au foyer ne me correspond pas. April était exactement comme moi, à la seule différence qu'elle n'assumait pas.

- April n'était pas comme ça. Répliqua Chelsea.

Rita avait de nouveau ce regard condescendant.

- Vous avez sûrement raison. Répliqua-t-elle, ironique. April n'a jamais attendu que tout le monde quitte le studio pour sortir par la porte de secours et monter dans une luxueuse voiture avec un chauffeur qu'elle appelle par son prénom. C'est impensable.

- Vous l'avez vu faire ?

- Bien sûr. J'ai toujours mes entrées au studio de Rex Rosay, même s'il n'aime pas me voir traîner dans le coin. Et je ne ratais jamais une occasion pour lancer quelques répliques cinglantes à April. Oui...Ajouta-t-elle dans un soupir. Ma vie sans elle sera bien moins exaltante...

- Rex Rosay m'a pourtant dit qu'il ne vous avait plus revu depuis un an.

- C'est parce que je ne me pointe jamais quand il est là. Répliqua-t-elle sur le ton de l'évidence. Et aucune de ses petites maquilleuses ou techniciens ne m'a jamais dénoncé car j'ai des relations.

Chelsea reposa son verre sans en avoir bu une seule gorgée, écœurée.

- Merci pour la coupe de champagne. Marmonna-t-elle en tournant les talons.

- Revenez me voir quand vous voulez. Lança Rita avec un sourire suffisant. J'adore jouer les commères !

"J'ai remarqué, oui." Gronda-t-elle pour elle-même.

Elle quitta la salle sans accorder le moindre regard à ceux qui l'entouraient et sortit à l'air libre. Elle prit une grande inspiration pour se forcer au calme.

Rita Hall avait astiqué ses nerfs. Elle était furieuse. Tous ses sous-entendus l'avait rendu malade. Elle peinait à croire qu'April et elle avaient été amies à une époque. Mais une fois de plus, ses mystérieux admirateurs avaient été mentionnés. Chelsea avait bien fait de les noter sur sa liste des suspects. Elle allait sûrement devoir creuser de ce côté-là, même si elle n'avait pas la moindre piste.

"Pas tout à fait." Répliqua la petite voix dans sa tête.

Elle avait eu des informations de la part de Joyce, la timide et émotive maquilleuse d'April et Rita. Des voitures luxueuses avec des chauffeurs bien habillés qu'April appelait par leurs prénoms, donc qui les connaissaient bien, et qui venaient la chercher régulièrement au studio. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était toujours un pas de plus vers la vérité.

Elle allait devoir en toucher un mot à l'inspecteur Daniels. Et elle n'était pas sûre qu'il soit très content d'apprendre qu'elle avait mené son enquête dans son dos...


 

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