Chapitre 12

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Leroy mit quelques secondes pour se remettre de sa surprise.

- Qu'est-ce qu'elle fait ? Bredouilla-t-il.

- A mon avis, elle va jeter un coup d'œil à la probable scène de crime. Commenta Finch sans broncher.

- Mais c'est pas vrai ! Jura-t-il en éteignant le moteur.

Il bondit hors de la voiture et se mit à la poursuite de la jeune femme.

- Mademoiselle Russell ! Arrêtez-vous ! Ordonna-t-il.

- Pourquoi ? Rétorqua cette dernière sans se retourner. Je ne fais rien de mal.

- Vous allez empiéter une scène de crime !

- Ah ? Maintenant c'est une scène de crime ? Je croyais ce n'étais pas le cas. Dit-elle froidement.

A cet instant, Leroy dû lutter contre l'envie de la plaquer au sol pour l'arrêter et lui passer les menottes. Une nuit en cellule devrait lui faire le plus grand bien ! Mais Leroy n'était pas violent avec les femmes. En fait, il répugnait de leur faire le moindre mal, même les plus criminelles d'entre elles.

"Incorrigible gentleman !" Pesta-t-il contre lui-même.

Il parvint à la rattraper mais elle se penchait déjà vers les taches de sang.

- Mademoiselle Russell, voudriez-vous me faire l'honneur de m'écouter ? Demanda-t-il d'une voix qui se voulait calme.

- Si c'est pour me dire que je n'ai rien à faire là alors non, je ne veux pas vous faire l'honneur de vous écouter. Répliqua-t-elle distraitement.

Elle se redressa et regarda autour d'elle :

- April a été tuée avec un pistolet, c'est ça ?

- Oui...Commença Leroy.

- On lui a tiré dessus à bout portant ?

- C'est ce que Finch a découvert...

- Donc, il devrait y avoir plus de sang.

- Exactement. Et il n'y a que quelques taches de sang sur ce pont, donc ce n'est peut-être pas ici que votre sœur a été assassinée !

- Vous avez l'air agacé. Commenta-t-elle.

- C'est vous qui m'agacez. Répliqua-t-il en se renfrognant.

- Je ne veux qu'apporter un regard neuf sur votre affaire, inspecteur.

- Mademoiselle Russell...Commença-t-il en s'efforçant de ne pas céder à la colère. Vous êtes une civile, vous n'avez aucune formation pour mener des enquêtes, découvrir des indices ou les analyser.

- Je le conçois volontiers. Admit-elle. Toutefois, lorsque je vois de quelle manière vous menez votre enquête, je ne peux m'empêcher de penser que vous bâclez l'affaire.

- Que je bâcle l'affaire ? Répéta-t-il, indigné. Mademoiselle Russell, je ne sais pas ce qui me retient de vous coller en cellule !

- Rien ne vous empêche de le faire, inspecteur. Répliqua-t-elle, nullement impressionnée par sa menace. Cependant, je crois avoir découvert quelque chose d'intéressant...Poursuivit-elle en se penchant vers la rambarde du pont.

- Ah oui ? Marmonna-t-il, suspicieux.

- Jugez plutôt.

A contrecœur, il se pencha vers la rambarde et observa ce qu'elle lui désignait. Et il dû admettre qu'elle n'avait pas tort : à cet endroit, les fins barreaux en métal étaient constellés de petites taches similaires à celles qui se trouvaient sur le sol. Et sur la rambarde même, il y en avait une plus grosse que les autres.

Et il ne l'avait même pas remarqué.

- Je dois admettre que c'est bien vu...Marmonna-t-il.

La jeune femme afficha un sourire satisfait qui l'agaça mais pour le moment, il mit sa rancune de côté. Mademoiselle Russell avait effectivement trouvé la scène du crime et son cerveau s'était mis à fonctionner à toute vitesse.

- Elle a donc été tuée ici...Marmonna-t-il. L'assassin était face à elle et lui a tiré une balle à bout portant...Son manteau a masqué le bruit de la détonation et il l'a poussé contre la rambarde pour la basculer dans le vide...Mais ça voudrait dire...

Il regarda autour de lui en plissant les yeux.

- La balle doit être quelque part. Annonça-t-il.

Il longea le pont d'un bout à l'autre, les yeux rivés sur le bitume, à la recherche de la balle, mademoiselle Russell l'imitant pour l'aider. Cette fois, il ne protesta pas. Elle avait trouvé des taches de sang sur une rambarde, elle arriverait peut-être à trouver une balle. Et avec un peu de chance, elle n'avait pas fini sa trajectoire dans le fleuve...

La chance semblait l'avoir entendu car il trouva effectivement la cartouche tordue et ensanglantée à une vingtaine de mètres de la scène du crime.

- Mademoiselle Russell ! Appelât-il. Auriez-vous un mouchoir ?

Elle fouilla dans son sac et lui tendit un mouchoir brodé dans lequel il enveloppa délicatement la balle. Il la fit rouler dans le tissu, le regard critique.

- Elle est bel et bien couverte de sang.

- C'est la balle qui a tuée April ? Demanda la jeune femme en regardant par-dessus son épaule.

L'euphorie qu'il avait ressentie en découvrant ce précieux indice s'estompa comme une ampoule qui grille.

- Elle a tué ou blessé quelqu'un...Murmura-t-il. Mais je ne sais pas si c'est votre sœur la victime.

- C'est évident, non ? Protesta-t-elle, furieuse. April a été tuée ici, je le sais !

- Nous allons donner cette balle à la balistique. Si on nous confirme que c'est bien cette balle qui a tué April Russell, alors nous aurons notre scène de crime.

- Et dans le cas contraire ?

- Dans le cas contraire, vous nous aurez aidés à avancer dans un meurtre qui ne concerne pas votre sœur. Soupira-t-il.


Deux SoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant