Chapitre 34

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Chelsea et l'inspecteur regardèrent Rita d'un air stupéfait.

- Rex est au bord de la faillite ? Demanda-t-il.

- Bien sûr ! S'exclama l'actrice, ravie de son effet. Rex fait de bons films et c'est une pointure dans le milieu du cinéma. Mais il y a des producteurs bien plus doués que lui qui envahissent le marché. L'industrie du film de Chicago ne tient pas la distance face à Hollywood ! Tant qu'April était là, Rex n'avait rien à craindre puisqu'elle était une...étoile montante. Ajouta-t-elle avec la moue, comme si ce compliment lui écorchait la bouche. Mais si April démissionnait, il perdait une forte source de revenus. Il ne pouvait pas prendre ce risque.

- Mais dans ce cas, il ne l'aurait pas tué. Objecta Chelsea. Il aurait au contraire tout fait pour qu'elle reste.

Rita lui jeta un coup d'œil condescendant.

- Je croyais que vous connaissiez votre sœur mieux que personne ?

- C'est le cas ! Répliqua-t-elle, piquée au vif.

- Dans ce cas, vous savez qu'April n'en faisait qu'à sa tête. Elle était têtue et suivait ses envies comme bon lui semblait. Je pense qu'elle aurait éprouvé un sentiment de culpabilité si Rex lui parlait de ses problèmes financiers mais elle ne serait pas restée pour autant. Et quand un homme se retrouve au pied du mur, il est capable de tout. Même du pire.

L'inspecteur resta un long moment silencieux, comme s'il réfléchissait. Puis, il reprit la photographie, la rangea dans sa poche et se leva, imité par Chelsea.

- Merci pour vos informations, mademoiselle Hall. Dit-il poliment.

- Ce fut un plaisir ! Répliqua-t-elle. Si vous n'êtes plus en service et que vous avez besoin de compagnie, passez me voir. Je serais absolument ravie de discuter avec vous !

- Je saurai m'en souvenir. Dit-il avec un sourire forcé.

Ils quittèrent Rita et ressortirent du bâtiment. L'inspecteur ne prononça pas un mot jusqu'à ce qu'il ne s'installe derrière le volant.

- Est-ce que vous vous sentez bien ? Demanda Chelsea, inquiète.

- Dès que nous serons de retour au poste de police, je demande un mandat d'arrêt contre Rex Rosay et j'envoie mes hommes le chercher pour un interrogatoire.

- Vous pensez que c'est lui notre assassin ?

- Oui. Il n'y a plus qu'à le faire avouer.

- Pour ma part, j'ai encore des doutes sur la fiabilité des aveux de Rita Hall. Commenta-t-elle.

- Nous en saurons peut-être plus après l'interrogatoire de Rosay.

- Peut-être. Mais vous n'avez pas répondu à ma question ; est-ce que vous vous sentez bien ?

Il lui sourit.

- J'ai cru que j'allais la frapper.

Chelsea éclata de rire.

- Et vous dites que c'est moi qui a une dent contre elle ? Vous avez un sacré culot !

- Et alors ? C'est le cas, non ? Répliqua-t-il.

- Un peu. Avoua-t-elle.

Ils retournèrent au département de police et l'inspecteur fut tout de suite interpellé par un jeune policier vêtu d'une blouse blanche à la mine contrite.

- Inspecteur...Commença-t-il.

- Laissez-moi deviner, Benjamin...Coupa l'inspecteur d'une voix lasse. Le Mauser retrouvé chez Victor Russell n'est pas l'arme du crime ?

- En effet, monsieur. Confirma l'homme, légèrement surpris.

- Bon, et bien...Relâchez-le. On n'a pas grand-chose pour l'inculper de toute manière...Mais dites-lui qu'il ne doit pas quitter Chicago tant que cette enquête n'est pas terminée. Je vais peut-être avoir encore quelques questions à lui poser et c'est un témoin important.

Le jeune policier s'exécuta aussitôt et l'inspecteur fit amener des hommes dans son bureau. Il leur demanda aussitôt à ce qu'on lui fasse un mandat d'arrêt au nom de Rex Rosay.

- Ramenez-le-moi le plus vite possible. Ordonna-t-il sèchement à deux de ses hommes, de véritables colosses. Fouillez également chez lui. Apportez-moi tout ce que vous trouverez d'anormal ou qui pourrait être une preuve de sa culpabilité !

Les deux hommes s'exécutèrent sans un mot et il revint dans son bureau.

- Je vais mener cet interrogatoire de manière rapide et efficace. Déclara-t-il.

- J'ai hâte de voir ça. Commenta-t-elle. Et comment allez-vous procéder ?

- De manière rapide et efficace.

Elle le regarda pendant quelques secondes.

- Vous le faites exprès ? Maugréa-t-elle, exaspérée.

- Bien sûr. Je suis un peu sur les nerfs. S'excusa-t-il. Pour répondre à votre question, je vais le faire attendre une petite heure, pour qu'il réfléchisse à la gravité de sa situation. Pendant ce temps, je vais fouiller dans son administration pour voir ce qu'il en est et avoir de quoi le pousser à bout. Je pense qu'il va craquer assez rapidement.

- Vous êtes bien sûr de vous. Fit-elle remarquer.

- Ça fait des années que je pratique cet exercice. Je sais ce que je fais.

- Je pourrai voir comment vous faites ? De l'autre côté de la vitre. Ajouta-t-elle précipitamment.

Il réfléchit quelques secondes avant de sourire :

- Oui, vous pourrez regarder.

Une heure plus tard, Rex Rosay fut amené au département de police, les mains menottées devant lui. Il semblait stupéfait et outré d'être traité de la sorte. L'un des hommes le tira vers la salle d'interrogatoire tandis que l'autre vint déposer un carton sur le bureau de l'inspecteur.

- Voici ce que nous avons trouvé, monsieur. Déclara-t-il.

- Bon travail ! Félicita l'inspecteur Daniels. Merci, Norton.

- Vous trouverez à l'intérieur quelque chose de très intéressant, je pense.

L'inspecteur arqua un sourcil et jeta un coup d'œil à l'intérieur. Ses yeux s'agrandirent :

- Où avez-vous trouvé ça ? S'étonna-t-il.

- Chez lui, dans l'un des tiroirs d'une commode.

- Qu'est-ce que vous avez trouvé ? Demanda Chelsea.

- L'une des meilleures preuves qu'on pouvait trouver ! Répondit-il.

Il sortit du carton une paire de gants en cuir noir, précautionneusement enveloppée dans un tissu blanc.

- Donnez ceci à la balistique ! Ordonna-t-il en donnant les gants à son agent. Ils trouveront sûrement des traces de poudre. Je veux qu'ils fassent des tests le plus rapidement possible et qu'ils me donnent des résultats !

Norton obéit aussitôt et quitta le bureau en trombe. L'inspecteur se tourna vers Chelsea.

- Je pense que nous avons trouvé notre tueur. Commenta-t-il.

- Quelle est cette histoire de poudre ? Demanda-t-elle, perplexe.

- Quand vous tirez, de la poudre se dégage de votre arme à feu. Expliqua-t-il. Une partie s'évapore dans l'air mais des résidus restent sur vos mains et vos avant-bras, même si vous les lavez. L'équipe de la balistique possède du matériel pour détecter des traces de poudre, même si elles sont invisibles à l'œil nu. S'il y a des résidus sur ces gants, nous aurons donc une preuve concrète que Rex Rosay a utilisé une arme à feu.

- Vous pouvez faire ça ? S'étonna Chelsea.

- Moi, non. Mais la balistique, oui. Corrigea-t-il d'un ton plus léger.

- Alors...C'est lui le coupable ?

- J'attends encore les résultats. Mais il est probable que ce soit le cas. Mais nous allons devoir patienter un moment.


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