La voix cristalline, tel le chant envoûtant d'une sirène cosmique, s'éleva dans la salle des commandes :
— Vous pénétrez l'espace frontière du système de Lau'dran... veuillez réduire votre vitesse d'approche et décliner votre code d'identification ainsi que l'inventaire de votre cargaison et de tout passager, membre d'équipage ou entité présents à votre bord.
Une autre voix, franche et concise, probablement celle d'un officier, coupa court aux consignes d'accueil sybillines :
— Shānradjal, vous venez d'être identifiés. Veuillez activez votre furtivité, je vous prie d'excuser ces formalités Maül Imarudh, l'unité de contrôle de cette zone était mobilisée sur une intervention. Vous effectuerez votre arrimage sur le secteur sept, merci.
Imarudh coupa la transmission et laissa Liātt régler les paramètres d'approche. Au loin, dans le vide noir sidéral, le minuscule point qui scintillait d'un éclat diffus grandissait lentement dans le cockpit. Bientôt, il révéla les contours d'une cité spatiale gigantesque dont l'architecture de pierre stellaire remontait à des temps immémoriaux.
— Cette structure date de l'ère primaire ! m'exclamai-je.
— Presque Jaadhur, Borosis est aussi jeune que certaines des plus vieilles lunes de Tedrā. Le Laamrad a toujours bâti dans le durable.
Bien que je réprimasse difficilement les questions qui m'assaillaient, ma curiosité s'effaça bien vite derrière le spectacle qui submergea ma vision : au-delà du champ réfracteur qui avait soustrait notre vaisseau à toute détection, la structure titanesque déployait ses bâtiments connexes qui s'étendaient aussi loin que l'on pouvait voir. Par endroits jaillissaient les feux de primo-sources qui rayonnaient et entrelaçaient leurs projections, telles des couronnes solaires dociles et apprivoisées.
Les ombres d'une multitude de colossaux navires de toutes origines, à peine perceptibles à l'œil nu, gravitaient autour et attendaient de s'y réapprovisionner en énergie.
— Seule une poignée de novices ont été amenés en ces lieux. Tu dois à présent oublier Ishvarā et les forces de l'Union, Jaadhur. Tu es pourtant né de mère humaine, mais tu as maintenant le cœur d'un guerrier semahad et portes en toi une force que tu ignores encore.
J'entendis à peine ces mots, c'était comme si je savais déjà. Mon regard se perdait dans le flot de lueurs quand il prononça ces paroles qui résonnent encore dans ma mémoire :
« Thiul jeddara nubi' ama Ojhaïya
Ojhrē taliya djahi Vijā Saati...
Ceux qui erraient sans fin se réunirent un jour dans la même lumière... »
Des mots qui avaient été écrits dans une langue si ancienne que son origine était restée inconnue. Je restai muet, absorbé dans d'étranges visions qui se confondaient avec les feux irradiant de la station.
Je revins peu à peu à moi, subjugué :
— L'Alliance... elle existe vraiment !
— Oui, petit homme, certains disent même qu'elle est éternelle, comme l'espace, et qu'elle s'est manifestée sous différentes formes à travers le Cosmos, depuis l'infini des âges, dans le seul but d'apporter la paix...
... Les faits remontent à la fin de l'ère primaire, fuyant à bord d'un vaisseau rebelle partiellement détruit, un groupe de valeureux Humains, condamnés comme hérétiques et pourchassés par la flotte du puissant Empire Jesh'Ssar, n'eut d'autre choix que de se poser en urgence sur une planète alors inconnue. Leur système de propulsion endommagé par des tirs les avait déroutés de leur trajectoire et ils avaient ainsi dérivé vers Pamira, une nébuleuse alors non répertoriée sur les cartes cosmiques de l'époque. Ils avaient fui le règne des oligarques Jesh'Ssar où leur seul crime était d'avoir professé une science rationnelle dont les enseignements tendaient à émanciper le peuple soumis par l'Empire Jesh'. Ils étaient en quête d'une vérité ultime, intimement convaincus que des forces inconnues étaient à l'œuvre et que l'Univers avait encore tout à leur apprendre. Grande... très grande avait été leur chance de pouvoir trouver, parmi l'infinité de systèmes aux astres inertes, et alors que leur vaisseau avait épuisé ses réserves d'énergie, une planète habitable où la vie prospérait... et de quelle manière ! La faune et la flore d'Adalis les surprenaient chaque jour un peu plus et ils n'eurent aucun mal à s'acclimater au mieux à ces conditions incroyablement propices.
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Les Forêts d'Acora
Science FictionAu cœur du système Autarcique d'Auriande, de mystérieux objets célestes viennent de s'écraser sur une jeune planète du nom d'Acora. Sous le sceau de Vijā Saati, l'Alliance universelle secrète, Jaadhur et ses compagnons y sont mandatés. Leu...