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L' opérateur de bord nous invita à prendre place sur nos sièges respectifs. Le vaisseau amphibie Atalente était prêt à appareiller. La mise en route des turbines fit se propager une forte vibration dans tout l' appareil.

— Les réacteurs hydromères, vous allez vous y faire, nous dit le commandant, un homme roux, trapu, qui semblait très à l' aise dans les dimensions réduites de l'amphibie.

À cause de son gabarit, Hoggar n' avait pas pu nous suivre

à bord et cela lui allait assez bien : l' eau n' était pas un élément dans lequel les Molkhotts aimaient à se trouver. Il était resté dans les quartiers confortables que nous avait mis à disposition le régisseur d' Alron.

Le vaisseau sous-marin se mit en mouvement et s' inclina vers les profondeurs, presque à la verticale. Nos sièges basculèrent inversement à l' inclinaison pour rétablir leur position horizontale. Esval et moi contemplions les fonds marins. Quelques bancs de poissons étranges, couverts d' écailles multicolores et munis de tentacules luminescents, virevoltaient autour du bâtiment en un ballet gracieux. La vibration augmenta et l' appareil entama la descente, ce qui les fit disparaître au loin dans les profondeurs marines. L' Atalente s' enfonça dans les abysses et la nuit éternelle des grands fonds nous enveloppa peu à peu.

Le trajet fut de courte durée. J' avais à peine eu le temps de m' assoupir, bercé par les manœuvres amples du vaisseau. À travers les hublots apparurent les premières lumières de la base, posée sur un gigantesque massif.

L' appareil vint s' arrimer aux bâtiments par un sas tubulaire qui se fixa à sa soute. Nous le franchîmes pour pénétrer dans la station qui était assez vaste pour une simple mission scientifique. Je dénombrai huit secteurs tous reliés par de longs couloirs munis de glisseurs. Si l' architecture terrienne élégante se devinait encore ici, elle s' était effacée derrière des formes plus fonctionnelles. De grandes baies donnaient sur les fonds marins. Aucune créature ne semblait s' être adaptée à ces profondeurs. Au-dehors, seule la nuit océane s' étendait. Limpidité obscure faite de silence. Nous suivîmes le commandant jusqu' à la salle d' analyse principale de la base. Les parois formaient une large coupole translucide qui laissait voir l' abysse au-dessous de la station.

Un Homme était affairé sur des instruments de calcul. Il semblait extrêmement préoccupé et activait nerveusement les commandes.

— Veuillez matérialiser le dernier rapport holographique de l' objet, lui ordonna le commandant.

— Commandant, nous avons un problème.

— Que se passe-t-il, lieutenant ?

— L' objet a cessé d' émettre son signal.

— Comment ça, « cessé d' émettre » ? !

— Commandant...

L' Homme hésita.

— Parlez, lieutenant.

— J' ai essayé de vous prévenir, mais l' Atalente ne recevait rien pendant la plongée. L' objet céleste a disparu, commandant.

L' officier réagit avec calme, en se contrôlant. Esval et moi fûmes totalement pris par surprise : ce n' était pas quelque chose que nous avions envisagé. Je gardai cependant toute ma lucidité et essayai de déceler une tension anormale pour la situation chez l' un ou l' autre des deux Terriens. En apparence, ils ne dissimulaient rien. Esval avait lu en eux lui aussi.

Les Forêts d'AcoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant