Chapitre 37 : Paris

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« Tu es sûre de vouloir faire ça ?

- Absolument certaine.

- Très bien dans ce cas je pense que je n'ai pas d'autre choix que de dire oui.

- Génial alors dépêchons-nous parce que je ne sais pas où tu veux aller mais le train pour Paris arrive dans quinze minutes. »

Sur ce, les filles terminèrent de déjeuner puis prirent leurs sacs, leurs chaussures, leurs vestes et un peu de nourriture pour les repas de la journée ainsi que des barres de céréales. Après cela, elles sortirent de la maison et refermèrent la porte d'entrée. Les deux amies arrivèrent juste à temps pour prendre le train en l'attrapant de justesse, comme à leur habitude en fait. Le trajet se passa dans le silence tant l'une et l'autre avaient de l'appréhension pour la suite, elles venaient de quitter leur maison, leur famille et ne savaient pas où cela les mènerait. Elles arrivèrent à Paris à 10h30 quand le téléphone d'Aurore sonna.

« Allô ?

- Bonjour Aurore c'est M. Seveness.

- Ah, bonjour monsieur comment-aller-vous ?

- Bien et toi ? Où es-tu ?

- Nous sommes arrivées à Paris avec Cassia qui m'a plus qu'obligée à venir avec moi...

- D'accord mais vous êtes où à Paris ?

- A Montparnasse pourquoi ?

- Bien, trouvez-vous un coin tranquille, un café par exemple et ne bougez surtout pas.

- Mais pourquoi ?

- Je vous rejoins dans une quarantaine de minutes.

- Quoi ? Mais ça ne va pas la tête !

- Ma tête va très bien merci, c'est moi qui ai accepté que tu partes alors tu es sous ma responsabilité, je ne peux pas vous laisser partir seules à quinze ans.

- Mais vous avez un travail, de la famille, des amis certainement.

- J'accomplis justement mon travail en vous accompagnant, je pourrais vous faire part de mes connaissance sur les villes où nous irons, sur leur culture et puis je peux t'assurer que vous ne manquerez pas vos cours d'anglais toutes les deux, ah non, ça ne risque pas.

- Hum... et bien laissez-moi en parler avec Cassia 5 ou 10 min et puis je vous rappelle.

- D'accord. »

Point de vue omniscient

Aurore se retourna vers son amie, lui indiqua la table située en face d'elles dans le Paul d'en face, un petit café gastronomique dont les desserts et autres gourmandises sont toujours exquis. Elle s'assirent donc, prenant place dans ce coin reculé de la gare ou des centaines de personnes passaient chaque seconde, certains étant au téléphone, d'autres avec la carte du métropolitain parisien se perdant au milieu de toutes ses lignes bleues, roses, jaunes, rouge, ne sachant laquelle prendre.

D'autres encore étaient perchés sur leur tablette, ne lâchant plus des yeux l'écran, au risque de percuter quelqu'un, de peur de perdre leur énième combat sur Clash of Clans.

Cette longue observation de la foule et du monde qui l'entouraient distrayait beaucoup Aurore, elle aimait analyser leur comportement, leurs réactions lorsque par exemple ils venaient de louper leur train de seulement deux minutes ou qu'au contraire ce dernier allait avoir un quart d'heure de retard.

Ce garçon, d'une vingtaine d'années, par exemple, situé en face d'elle, se disputait avec une fille au téléphone qui devait être sa petite-amie, il lui criait dessus en disant que ce n'était pas de sa faute si le train n'était pas là et que ce n'était pas parce qu'il arriverait dix minutes plus tard qu'il avait osé tromper sa femme en allant voir ailleurs, par contre si cette dernière ne se calmait pas, c'est ce qu'il ferait.

Un peu plus loin, une vieille dame pleurait, c'était des larmes de joie, son petit-fils venait de naître et elle était grand-mère pour la première fois.

Encore après, un couple se tenait la main, et se promenait au milieu de cette masse grouillante sans faire attention à ce qui les entourait car leur amour formait une bulle magique qui les tenait enfermer, loin de ce monde satanique basé sur l'égoïsme, l'argent, l'ethnocentrisme, les stéréotypes et le racisme.

Enfin, une jeune fille ou plutôt adolescente, se trainait par-ci par-là, là où ses pieds la conduisaient car elle ne semblait guère prêter attention à la direction qu'elle prenait. En vérité, elle n'avait aucune idée de quel choix prendre, la voie de gauche ou la voie de droite ? Ce chemin la mènerait-il jusqu'à son cœur qu'elle avait perdu deux mois plus tôt à la mort de sa mère ou bien à un destin encore plus funeste, le cimetière de Montparnasse en prenant le métro Edgar Quinet ? Peut-être devait-elle prendre cette célèbre route qui menait aux étoiles, oh oui elle aimerait bien, elle avait toujours adoré l'astronomie et puis seuls quelques minutes la séparaient de cet endroit céleste, elle n'avait qu'à prendre la ligne 6 et elle y serait en vingt minutes. Elle était donc toujours indécise et marchait lentement, les écouteurs sur les oreilles, promenant son regard de part et d'autre de la gare comme si elle attendait quelqu'un ou quelque chose qui vint la sortir de cette mauvaise passe dans laquelle elle se trouvait.

Aurore passa beaucoup de temps à observer attentivement l'adolescente, elle nota tous les petits détails qui composaient sa tenue faite d'un simple jean délavé, troué de toute part, d'un vieux sweat à capuche noir griffé de quelques misérables traits rouge, le tout rehaussé par des baskets dont le blanc, sali par l'usage, était devenu gris. Aurore remarqua également comment la jeune fille se déplaçait, les pieds lourds qu'elle trainait sur le sol à chaque pas et la façon dont elle se tenait, les épaules voutées, s'écrasant sous le poids de ses nombreux malheurs. Notre héroïne allait s'appliquer au regard vide et vitreux que la pauvre fille lançait quand son amie vint la sortir de son analyse.

« Alors, que voulais-tu me dire, tu m'as attirée ici pour me parler mais cela fait déjà dix bonnes minutes que tu n'as pas dit un mot alors je voudrais bien savoir.

- Je suis désolée, je me suis perdue dans toute cette foule de personne. J'ai eu monsieur Seveness au téléphone et il m'a dit qu'il ne pouvait pas nous laisser arpenter les rues de Paris et autres villes seules à quinze ans alors vu que c'est lui qui a accepter que je m'en aille, je suis selon lui sous sa responsabilité et il se devait donc de nous accompagner. C'est pourquoi il m'a dit de nous poser dans un coin et de l'attendre.

- Quoi ! Mais il est malade, vraiment, il ne se sent pas bien.

- Oui, c'est ce que je lui ai dit mais il a répondu que sa décision était prise et que si nous ne la respections pas, il nous rapatrierait direct au lycée.

- Ok et bien s'il le prend comme ça, on n'a pas le choix en fait.

- C'est exactement ça, confirma une voix dans le dos deCassia. »    

Bite Me If You DareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant