Chapitre 32 : Nous ne sommes pas immortels !

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Dans un ultime effort elle dénoua le cordon du sachet et laissa glisser le médaillon jusqu'au creux de sa main fébrile. Ce dernier était constitué d'une chaîne en or auquel était suspendu un pendentif circulaire lui-même composé d'un anneau plat entourant un nourrisson ailé tenant dans ses minuscules mains un soleil. Sur ce magnifique cercle lumineux était gravée une phrase encore plus belle, à la condition de la comprendre :

« Animus clarus in oscuro mundo »

Alors un torrent d'émotions traversa notre héroïne, elle était accablée par tant d'amour et de tristesse à la fois. Elle comprenait le sens de cette phrase magnifique mais ne comprenait pas pourquoi Lucas l'a l'y comparait. Aurore savait bien ce qu'était un ange et n'était point dupe, elle ne faisait pas partie de cette espèce. Elle était bien humaine, elle en était sûre. Que signifierait alors « Un être de lumière » ? Une personne bienveillante, dont la personnalité était entièrement positive, mais Aurore avait ses défauts, elle ne se prenait pas pour la perfection incarnée, loin de là, elle était têtue tout comme son père, constamment stressée, timide, perfectionniste et n'avait pas assez confiance en elle.

Plus elle réfléchissait à cela plus elle pensait au départ de Lucas. Son unique amour, volé, elle aurait tout donné pour être avec lui en ce dur moment. Une larme commença alors à lui couler le long de sa joue, puis une autre et ainsi de suite jusqu'à ce que son joli minois soit inondé d'une mer salée. Son maquillage coula, laissant d'imposantes traînées noires de mascara sous ses ras de cils inférieurs. Que pouvait-elle faire ? Son corps saignait de toutes parts et n'était plus que cadavre.

Puis une pensée la ranima, Nathan allait revenir et elle n'avait pas le droit de le laisser seul, leur père n'était toujours pas arrivé, il lui avait laissé un message comme quoi il était en voyage d'affaire en Allemagne et qu'il ne reviendrait pas avant Mardi. Il leur faudra donc rentrer chez leur mère seuls. Aurore ne pouvait ni partir ni mourir ni rester là à pleurer son amour perdu car son frère lui avait besoin d'elle et sa mère également, elle ne pouvait se permettre de perdre une autre personne alors sa mission était dès à présent de les défendre nuit et jour et de veiller à ce qu'ils soient en sécurité.

Lucas

Lucas venait de terminer sa discussion avec Lucius qui avait refusé de lui donner plus d'informations alors il avait abandonné, il ne pouvait rien contre un vampire dont l'expérience se datait en millénaire. Ce dernier avait accepté de l'héberger mais Lucas avait besoin de sortir dehors, il manquait d'air pour ne pas dire qu'il suffoquait. Aurore était pour lui à la fois son soleil et son oxygène, sans elle, il ne pouvait vivre. Il quitta donc la maison. Il se mit à courir autour du domaine familiale qui mesurait plusieurs hectares, constitué principalement de champs mais aussi de vastes prairies, bordées de petits ruisseaux où s'abreuvaient des centaines de petites créatures ailés ou terrestres, grosses ou minuscules, toutes se différenciaient dans l'apparence mais toutes ensembles, elles reflétaient la joie, la beauté, l'émerveillement. C'était un spectacle incroyable mais toutes ces émotions rappelèrent au jeune Daemon que lui ne possédait plus rien de cela, son bonheur, son âme lui avait été prise lorsqu'il avait dû se priver de son amour éternel.

Lucas décida donc de se diriger vers les champs, il avait besoin d'occuper son esprit et le travail l'aiderait certainement. A la vitesse d'un éclair, il avait saisi une pioche et un râteau et se mit à labourer le champ. Les humains n'étant pas informés de sa venue ni de sa condition, il ralentit ses coups afin de paraître le plus naturel possible et de se faire passer pour l'un des leurs. Il se battit ainsi contre les mauvaises herbes et autres nuisibles jusqu'au coucher du soleil, la plupart des employés étaient déjà partis mais le vampire n'était point fatigué. Il continua donc toute la nuit, puis la journée suivante et encore la prochaine, ainsi de suite sans jamais s'arrêter. Les humains avaient fini par comprendre qu'il n'était pas un homme et le laissait donc dans son monde, sans lui parler ne l'approcher de peur de le déranger. Une semaine se passa et Lucius commençait à s'inquiéter, il observait Daemon de sa fenêtre nuit et jour et s'apercevait que si l'on ne l'en empêchait pas, la fatigue le tuerait, cela faisait déjà bien longtemps que Lucas ne s'était pas nourri malgré les nombreuses offrandes des paysans. Le lundi suivant, il se décida donc à aller lui parler. Il traversa les broussailles, l'herbe et les fleurs qui entouraient sa plantation et le rejoint au milieu de la culture de blé.

« Daemon, mon fils, écoute-moi, j'ai à te parler.

- Je ne peux pas grand-père, j'en suis incapable, si j'arrête, si je ralentis, toutes ces pensées obscures vont revenir et je serais de nouveau accablé de souffrance et impuissant.

- C'est bien de cela dont je souhaitais discuter, tu ne peux continuer ainsi, cela fait plus d'une semaine que tu n'as pas mangé, les vampires sont forts mais pas immortels, surtout s'ils ne boivent pas de sang.

- Non je n'en ai pas besoin, je t'assure, je me sens en pleine forme.

- Eh bien sans t'offenser mon jeune Lucas, cela ne se voit point. Des cernes immenses creusent ton visage sous tes yeux, ta peau est blanche, je dirais même que ton teint est blafard. De plus, à chaque coup de pioche, tes jambes flageolent et menacent de lâcher. Même les paysans qui ne sont pourtant que des humains ont remarqué que, de un que tu étais un vampire, ce qui est évident sachant que depuis huit jours, tu n'as pas bu une seule goutte d'eau ni manger quoique ce soit, et de deux que tu ne fonctionnais pas normalement si je puis dire. Maintes fois, ils t'ont proposé leur sang, leur aide mais tu as refusé, pourquoi ? C'était de leur plein gré.

- Grand-père, cela fait bien des années que je ne bois plus de sang humain, je me nourris seulement d'animaux.

- Ecoute, tu ne peux échapper à ta nature, c'est un régime alimentaire comme un autre sauf que toi, tu n'as pas le choix.

- Tu te trompes, on peut parfaitement vivre sans tuer.

- Je ne te parle pas de tuer, tu peux prendre leur sang sans les achever. Enfin, soit, si tu souhaites que l'on te ramène un chevreuil, un cerf, un lapin ou autre tu n'as qu'à demander à Marcus, c'est mon meilleur et plus fidèle employé, il fera ce que tu lui demanderas. Mais s'il te plait, arrête et nourris-toi !

- Mais si je te dis que tout va bien, regarde, je vais te le prouver, tu vois toute ces broussailles horribles qui entourent et défigurent ta plantation ?

- Oui...

- Eh bien en deux minute, je te promets qu'il n'y aura plus rien, je vais attraper ce sécateur et me charger de tout, cela serait fait en un rien de temps. »

Sur ce, Lucas rassembla toute son énergie, il courut àune vitesse incroyable et en quelques minutes seulement, l'ensemble du terrainde son grand-père était nettoyé et resplendissait. Il s'avança vers songrand-père, souriant et fier de lui s'attendant à ce que Lucius le laissâtenfin en paix mais utiliser ses pouvoirs vampiriques avait été un très groseffort et malgré le fait que ce soit dur à imaginer, un vampire est capabled'être sujet à des malaises surtout lorsqu'il refuse de se nourrir. Le jeunehomme tomba donc en un instant de tout son haut, accablé de fatigue, ils'évanouit.    

Bite Me If You DareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant