Chapitre 1

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Février 1997

...

— Oh non, pitié...

Ronald Weasley venait d'entrevoir les affiches roses bardées de fleurs et de petits cœurs que McGonagall punaisait sur le tableau d'affichage de la Salle Commune de Gryffondor, à grand renfort d'épingles clignotantes.

— Pas la Saint-Valentin... Pitié, Madame, gémit-il en portant ses mains à son visage soudain blême.

McGonagall lui jeta un regard avant de sourire puis elle quitta la salle et tous les élèves se ruèrent sur le panneau d'affichage. Hermione haussa un sourcil à l'attention de Ron qui se renfrogna.

— Je sais pourquoi tu n'aimes pas la Saint-Valentin mon petit Ronron, roucoula-t-elle. Mais il est inutile de faire profiter les autres de ton total désarroi.

Ron plissa les yeux et lui tira la langue. La dernière Saint-Valentin qu'il avait endurée, c'était dans les bras de Lavande Brown, l'année passée, et ce fut pour lui le jour le plus atroce de toute son existence ! Surtout après avoir compris qu'il avait été envoûté par des chocolats imprégnés de philtre d'amour... qui ne lui étaient même pas destinés.

— T'en penses quoi Harry ? fit alors le rouquin en se retournant. Bah ? Il est où ? Harry ?
— Sais pas... marmonna Hermione, qui lisait consciencieusement l'affiche écrite en rose vif sur fond rose clair. Ah, si je lis bien, il va y avoir une fête, le samedi qui suit la Saint-Valentin et... Oh, les célibataires vont participer à un tirage au sort qui les accointera avec un ou une autre célibataire et ils seront invités à passer la soirée ensemble... lut-elle à voix haute.
— Quoi ?
— Quoi, quoi ? demanda Hermione en le regardant, surprise.
— Accointera ? fit le rouquin. C'est quoi ce mot et ça veut dire quoi ? Ça existe vraiment ?

La brunette fit claquer sa langue contre son palais.

— Ça veut dire que les célibataires vont trouver cavalier ou cavalière pour la soirée suite au tirage au sort... expliqua-t-elle en roulant des yeux. Voilà ce que ça veut dire, inculte !

Elle lui donnant un coup d'index sur le front et Ron grimaça.

— Aïe... gémit le rouquin en se massant le front. Pitié, pitié, pitié ! s'exclama-t-il ensuite en plaquant ses mains l'une contre l'autre. J'en ai assez des couples. J'en vois partout en ce moment, je sature !
— Nous sommes en février, c'est normal, sourit Hermione. Allez viens, on va être en retard en Potions.
— Oh chouette... Journée du tonnerre !

Hermione leva les yeux au ciel et soupira. Elle hissa son sac sur son épaule puis quitta Gryffondor, Ron sur les talons. Lorsqu'ils arrivèrent devant la salle de Potions, Rogue leur passa devant en grommelant. Ils le suivirent et s'installèrent aussitôt sur leur banc au fond de la classe.

— Potter ! aboya soudain Rogue.

La classe se figea. Tout le monde chercha le brun des yeux, mais il n'était pas présent.

— Granger, allez me le chercher ! aboya Rogue.

Hermione bondit tel un ressort et fila. Pour ne pas se casser la tête, elle s'arrêta dans le couloir et posa sa baguette à plat sur sa main.

— Pointe sur Harry Potter ! s'exclama-t-elle.

La baquette se mit alors à tourner sur elle-même comme une boussole, puis se figea en direction du mur. Hermione grimaça. Elle longea le couloir en regardant de temps à autre sa baguette et finit par tomber sur le Gryffondor qui flânait tranquillement le long d'un balcon.

— Hé ! le héla la brunette. On n'aurait pas un cours de Potions, par hasard ?

Harry la regarda, surpris et s'approcha ensuite.

— Mione ?
— Cours, Potions, Rogue ? Ça ne te dit rien ? répéta la brunette.
— Ah ? Peut-être...
— Comment ça, peut-être ! s'exclama son amie. Non, c'est sûr et donc tu vas te bouger le cul et venir avec moi sinon Rogue va m'écorcher et se servir de ma peau pour emballer tes morceaux ! T'es en retard et il est en pétard !
— Quelle vulgarité...

Hermione fronça les sourcils. Soudain, elle bouscula le Gryffondor qui recula d'un pas, surpris.

— Mais qu'est-ce que tu as ? grogna-t-il.
— Moi rien, mais toi, je ne sais pas ce que tu as et on en parlera après les cours. Maintenant, bouge, Rogue va nous trucider.

La brunette tourna les talons et Harry la suivit, un peu perplexe par l'agressivité de sa meilleure amie. Ils remontèrent rapidement le couloir et entrèrent ensuite dans la grande salle voûtée et glaciale.

— Ah ! s'exclama Rogue en les voyant entrer. Ce cher Potter nous fait gré de sa présence ! Assis tous les deux ! aboya-t-il alors en agitant une main. Commençons à présent.

Aussitôt les deux jeunes sorciers furent envoyés sur leurs bancs respectifs tels des marionnettes et Hermione bougonna en s'asseyant correctement.

— Putain, mais il a quoi ? marmonna le brun à son ami Ron. Il n'a pas tiré son coup ou quoi ?
— Harry ! s'offusqua Hermione comme Ron pouffait dans sa main.
— Monsieur Weasley, Miss Granger, vous souhaitez dire quelque chose ? grinça Rogue.
— Non, Monsieur... bafouilla le rouquin en rougissant.
— Non, Monsieur, répéta Hermione en écho.
— Tous les trois devant moi à la fin du cours, lâcha alors le professeur sur un ton sans appel. Maintenant, commençons enfin le cours, avec un quart d'heure de retard, et à cause de qui, devinez donc !

Harry baissa le nez, le rose aux joues, et décida de ne plus lever le nez pendant tout le cours.

.

Ledit cours fut expéditif. Pendant les deux heures qui suivirent, Rogue parla si vite qu'Hermione ensorcela sa plume pour pouvoir tout écrire. Ron et Harry eux, abandonnèrent rapidement l'affaire. Le nez au plafond, le brun écoutait son professeur d'une oreille distraite et il frôla la crise cardiaque quand l'homme donna du poing sur son pupitre en haussant la voix sur une paire de mots avant de reprendre son ton doucereux et de continuer de naviguer dans la classe comme si de rien n'était.

Quand la cloche sonna la fin des deux heures, Ron et Harry se propulsèrent dehors, désireux de quitter cet endroit au plus vite, mais ils furent ramenés en arrière si violemment qu'ils crurent tout d'abord à un sortilège. Mais en se retournant ils découvrirent Hermione qui, les sourcils froncés et furieuse, les retenait par le dos de leur robe et les traînait derrière elle. Elle les lâcha devant le bureau de Rogue qui haussa un sourcil à leur intention.

— Vous pouvez y aller, Miss Granger, fit-il ensuite en se levant.
— Merci, Monsieur.
— Et nous ? se permit Harry comme la brunette tournait les talons.
— Et vous ? répéta Rogue en se tournant vers lui. Vous, Monsieur Potter, je vous trouve bien insolent aujourd'hui. Déjà qu'en temps normal vous n'êtes pas un saint, mais là, vous avez le podium ! Je ne sais pas ce qui vous arrive et je ne veux rien savoir. Pour avoir obligé le cours à commencer un quart d'heure en retard, ce sera deux heures de colle avec moi ce soir après le dîner, assena-t-il alors.
— Quoi ? Mais ce n'est pas juste ! se défendit Harry.
— Pas juste ? Vous m'en direz tant... Quant à vous, Monsieur Weasley, la prochaine fois que Potter vous parle, ne réagissez pas aussi fort, vous perturbez la classe... fit l'homme en noir en regardant le rouquin qui hocha la tête.
— Oui, Monsieur...
— Débarrassez-moi le plancher maintenant, vous me fatiguez.

Les deux Gryffondors ne se firent pas prier et Harry, à peine la porte passée, se mit à injurier le professeur. Celui-ci, depuis son bureau, soupira en lui rajoutant mentalement une heure de colle supplémentaire. De toute façon, il y avait tout le placard à potions à ranger et il contenait des milliers de fioles grandes comme la main avec deux bons centimètres de poussière ancestrale dessus. De quoi même occuper le Gryffondor pour la nuit entière, mais bon, pas d'exagération tout de même.


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Chapitre corrigé le 21 octobre 2020

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