✔️ Saint Valentin

- 45 - [Septembre 1997]

— Tu n'as rien oublié ?
— Mais non, maman...

Hermione leva les yeux au ciel et regarda les quatre grosses valises posées dans l'entrée de leur maison, en banlieue Londonienne.

— Quand vient-il te chercher ?
—  Dans quelques minutes, il me dépose là-bas puis file à Poudlard. Quelle heure est-il ?
— Six heures et demi...

Mr Granger jeta un coup d'œil par la fenêtre du salon. Le soleil se levait à peine et la brume nocturne planait encore sur le jardin.

—  Il est obligé de venir si tôt ? demanda alors Mrs Granger.
— Oui, il tenait absolument à m'accompagner dans mon appartement et comme ses cours commencent demain et qu'il a encore certainement des tonnes de choses à régler d'ici ce soir...

Mrs Granger hocha la tête. Soudain un craquement se fit entendre et la seconde suivante Severus Rogue apparaissait sur le tapis de l'entrée, tout de noir vêtu, enroulé dans une grande cape sombre.

— Bonjour, dit-il aux parents d'Hermione.
— Bonjour, monsieur Rogue, répondit Mrs Granger avec un sourire tendu. Elle est prête, nous vous la confions.
— Je saurais vous la rendre entière, répondit l'homme avec un mince sourire. Tu n'a rien oublié ? demanda-t-il à sa compagne.
— Oh pitié... fit Hermione en levant les yeux au plafond.
— Quoi ?
— J'ai eut droit à cette phrase au moins dix fois depuis que je suis levée... fit la brunette en souriant. Enfin... Bon allez, on est partis.

Rogue tira sa baguette magique et réduisit les valises de la jeune femme qui les fourra dans son sac. Elle alla ensuite enlacer ses parents puis Rogue la prit par les épaules et transplana jusqu'au campus universitaire, directement dans son appartement.

— Je vais signaler à la réception que tu es là, dit-il en l'embrassant sur le front.

Hermione hocha la tête puis Rogue quitta l'appartement, par la porte d'entrée, et Hermione regarda autour d'elle. Cet appartement allait lui coûter cent-cinquante Gallions (NdA : 1 Galion équivaut à environ 5 euros) par mois et elle avait déjà versé une caution qui équivalait à six mois de loyer. Son statut d'étudiante à temps partiel ne lui conférait qu'une maigre ristourne alors que Malefoy, qui avait le seul appartement sur le même palier qu'elle, allait avoir droit à plusieurs dizaines de Gallions de réduction compte tenu de son statut d'étudiant à plein temps.

.

Lorsque Rogue revint, Hermione était en train de ranger ses affaires.

— Ah te voilà, viens m'aider, s'il te plait, dit-elle comme il se montrait dans la chambre.

Rogue alla attraper la valise de sa compagne et la hissa en haut de l'armoire.

— Et la magie ? demanda-t-il.
— Ma baguette est dans la cuisine et j'ai la flemme.

Rogue leva les yeux au plafond puis donna à la Gryffondor un dossier.

— La réceptionniste m'a donné ça pour toi. C'est le guide du campus avec son plan. Tu as déjà vu avec le doyen pour ta grossesse ?
—  Oui, il y a deux semaines environ, je lui ai écrit. J'ai un rendez-vous avec lui dans la semaine d'ailleurs.
— Il faudra venir ? Je pourrais m'arranger...
— Si tu peux oui sinon non, pas la peine de te déranger. Dis donc, tu n'as pas une rentrée à préparer au fait ?
— Si...

Hermione lui sourit puis elle l'embrassa et Rogue transplana dans un craquement. La Gryffondor se mit ensuite à parcourir en long en large et en travers son petit trois pièces pour s'installer confortablement, faisant apparaitre ici un canapé, ici une table de cuisine, ici un fauteuil...

.

— On y va ?
— C'est partit. Alors tu es sûr de toi ? Tu ne veux plus emménager avec moi ?
— J'ai longuement réfléchi, Drago, et je ne pense pas que ce soit une bonne idée... Le fait que ton père t'ait demandé de rester à la maison m'avait déjà refroidi... Je ne veux pas d'ennuis avec lui, il ne m'aime pas trop, même s'il a changé d'avis concernant tes études...

Harry hissa un gros sac de sport sur son épaule et regarda le blond qui pinça les lèvres.

— Comme tu voudras... répondit Malefoy. Ton intérêt pour mes sentiments est honorable mais je t'assure que tu ne peux pas m'influencer en quoi que ce soit. J'ai une volonté de fer, j'ai été entrainé, ne l'oublie pas...
— Je sais que tu as de la volonté, mais pas moi... Si je vais m'installer avec toi comme il avait été prévu, je ne pourrais pas me retenir de t'aimer et j'en serais malheureux. Non, c'est mieux que je reste encore un moment au Terrier puis je me trouverai un boulot sur le chemin de Traverse.
— Et on va encore être séparés... Tu as vu ce que ça a donné cet été ? Weasley m'a raconté, tu étais détruit... et je ne faisais pas le fier non plus. Nous sommes des Âmes Sœurs, Harry, et plus j'y pense et plus j'en suis convaincu. Nos Destins sont liés... qu'on le veuille ou non.
— Ils sont liés, je n'en doute pas une seconde, mais si la case amants doit être évitée alors elle le sera, et ce quoi que j'en dise, soupira Harry. Je ne pourrais rien faire si toi tu décides que, après mûre réflexion, tu n'es pas prêt à entreprendre une relation amoureuse avec moi.

Malefoy posa ses mains sur le couvre-lit surpiqué. Il baissa la tête puis regarda le Gryffondor près de la porte et haussa les épaules.

—  Et quoi ? Tu vas m'éviter comme la peste tant que je n'aurais pas fait le tri dans mes sentiments ? Tu veux qu'on brise notre amitié si fragile ?
— Non ! Bien sûr que non ! Mais je ne veux pas être la personne qui t'aura fait virer de bord simplement parce que mon amour pour toi t'aura aveuglé ! Je ne veux pas que tu regrettes un jour de m'avoir dit « je t'aime ».

Malefoy ferma les yeux et soupira.

— Allez, dit-il. Il est l'heure.

Il empoigna un autre sac et quitta la chambre. Harry s'adossa alors contre le mur et plaqua ses mains sur son visage. Une main lui prit le poignet et il baissa les yeux sur Ginny qui lui fit un maigre sourire avant de l'embrasser sur la joue.

— Courage, mon Harry, dit-elle. Tu as pris la bonne décision et tu sais que maman t'adopterait si elle le pouvait.

Harry sourit. Il remercia son ex petite-amie puis elle s'en alla et il quitta la chambre à son tour en jetant un dernier coup d'œil circulaire pour voir si le Serpentard n'avait rien oublié d'important.