- Chapitre 8 -

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Harry daigna quitter son lit un peu avant le diner. Il n'avait quasiment rien dans l'estomac depuis la veille donc celui-ci réclamait comme de juste sa pitance quotidienne à grand renfort de douloureux gargouillis.

— Allez mon vieux, avale ça et saute dans un froc, fit Ron en lui tendant un verre rempli d'un produit blanchâtre.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda le brun en se frottant le visage.
— T'as une tronche de papier mâché, sérieux... fit Ron. Tu devrais aller prendre une douche ça te réveillera...
— Pas con...

Le brun avala le contenu du verre puis prit des affaires propres dans son armoire et s'enferma dans la salle de bains. Hermione apparut au même moment.

— Alors ? dit-elle en restant sur le pas de la porte.
—  Il est sous la douche, fit Ron. T'as pu lui parler ?
— Oui, il m'a envoyée balader... Mais j'ai ça pour Harry...

Elle balança au rouquin sa cape en laine et celui-ci plissa le nez.

— Je connais ce parfum, dit-il.
— Malefoy...
— Il a mis ta cape ?!
— Non, c'est moi qui la lui ai mise sur le dos... Il était dehors en chemise tout à l'heure... Comme il fallait que je lui parle, je n'avais pas bien envie qu'il se barre pour cause de pelage de miches, si tu vois ce que je veux dire...
— Mouais... Mais je ne suis pas certain que ça réconforte Harry... Tu verrais la tête qu'il a...

Hermione jeta un regard vers la porte de la salle de bains puis elle fit signe au rouquin et il sortit sur le palier en tirant la porte derrière lui.

— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Ron, je m'inquiète... Quand Will est partit, Harry a été déprimé pendant des jours...
— Mais bon sang, Hermione, fit Ron. Il ne s'est rien passé avec Malefoy, ils n'ont rien fait cette nuit...
— Non je sais, mise à part que Harry a embrassé Malefoy spontanément et que celui-ci l'a repoussé et s'est barré en courant... Ça ne te rappelle rien ? Oh Ron, faut qu'on fasse quelque chose...
— Et quoi ? Trouver le moyen pour que Malefoy vire de bord ? Ce n'est pas gagné...
— Non, mais au moins qu'il reconnaisse avoir fait du mal à Harry...
— Il ne sait pas ce que c'est de reconnaitre des tords, Hermione, fit Ron en fronçant les sourcils. Il préférera laisser Harry s'enfoncer plutôt que de reconnaitre qu'il s'est mal conduit.

Hermione baissa les yeux.

— Nous n'avons aucun moyen de le faire changer d'avis... soupira Ron.

La brunette pinça les lèvres puis soudain elle dit :

— Peut-être bien que si...

Ron la regarda, étonné. Son amie lui fit un sourire en coin qui indiqua au rouquin qu'elle avait une idée derrière la tête...

.

Lundi matin, neuf heures, premier cours de la journée, deux heures de Potions. Inutile de préciser que le trio Gryffondorien était aux anges... enfin plutôt le duo...

— Monsieur Potter n'a pas encore cuvé son alcool de samedi soir on dirait... fit Rogue avec un sourire railleur depuis son bureau en constatant que Harry n'était pas là. Nous allons donc lui mettre deux heures de colle ce soir. Monsieur Weasley, tâchez de lui transmettre l'info.
— Oui, monsieur...

Hermione fronça les sourcils en regardant fixement Rogue. Celui-ci haussa un sourcil dans sa direction mais ne dit rien. Il se leva ensuite et commença son cours, impassible.

À dix heures, les élèves se hâtèrent d'aller en recréation s'aérer les neurones mais surtout se réchauffer, car il faisait aussi froid que dehors dans ce maudit cachot !

— Je vais voir Harry, fit Hermione en donnant une tape sur le bras de Ron.
— Ok, fit celui-ci.

La brunette gravit le grand escalier de marbre et se hâta en direction de Gryffondor. Elle fut harponnée par Malefoy au détour d'un couloir. La saisissant par le bras, il la tira dans un couloir adjacent et la brunette poussa un cri strident.

— Espèce de crétin ! miaula la Gryffondor en lui filant un grand coup de poing sur le torse. Tu m'as fichue une peur bleue !
— Navré... Qu'est-ce qu'il a Potter ? Putain t'a de la force... ajouta-t-il en se massant le torse.

Hermione haussa un sourcil victorieux puis elle soupira.

— À ton avis ? dit-elle, morne.
— Allons bon, ça va encore être de ma faute ?
— Probablement.

La brunette s'en alla alors et Malefoy la rejoignit en deux grandes enjambées. Il lui saisit à nouveau le bras et demanda.

— Qu'est-ce qu'il a, Granger ?
— Il déprime, voilà ce qu'il a ! répliqua la Gryffondor en récupérant son bras.
— Il déprime ? Mais...

Hermione soupira soudain et s'arrêta. Elle fit face au blond, regarda sa montre puis dit :

— J'ai encore exactement cinq minutes avant la reprise des cours. Je vais voir comment il va, si tu veux m'accompagner, suis-moi.
— T'accompagner à Gryffondor ? T'es malade ?
— Comme tu veux.

Hermione repartit alors d'un pas conquérant. Elle se hâta de passer d'un escalier mobile à un autre sans se soucier de savoir si le Serpentard la suivait ou non, plus lent car peu habitué à ces sauts de cabri dans les escaliers. Quand elle arriva enfin devant le portrait de la Grosse Dame, celle-ci chantonna :

— Pas d'élèves étrangers dans la Salle Commune...

Hermione se retourna et vit Malefoy hésiter à approcher.

— C'est bon, dit-elle au tableau. Il m'accompagne...
— Bon... Le mot de passe ?

Hermione le chuchota et le tableau pivota. La Gryffondor s'engouffra dans l'étroite entrée et Malefoy la suivit en regardant autour de lui, à la fois intrigué et sur le point de rendre son petit-déjeuner.

— Harry ? C'est moi, Hermione...
— Mhm...

La Gryffondor poussa la porte de la chambre pour entrer. Il faisait grand jour dans la pièce mais Harry avait tiré trois de ses quatre rideaux de baldaquin pour pouvoir être dans le noir.

—  Harry... fit Hermione en s'approchant du lit. Harry...

Elle se pencha et passa une main sur les cheveux hirsutes en disant :

— Comment ça va ? Tu veux te lever ?
— Non... marmonna le brun sans se tourner vers elle.
— Rogue t'a mis deux heures de colle ce matin...
— Je m'en fiche... Il peut m'en mettre quarante, je n'irais pas...

Hermione baissa les yeux. Malefoy se sentit brusquement très mal à l'aise. L'état du Gryffondor semblait sérieux et la tristesse qu'il lisait sur le visage de la brunette lui tordit l'estomac.

—  C'est Ron qui est avec toi ? Je sens du parfum de mec...
— Non, ce n'est pas Ron, fit Hermione.
— C'est moi, Potter, fit alors le blond, toujours planté sur le palier.

Il y eut un silence puis Harry resserra sa couverture sur son épaule et Hermione soupira.

— D'accord... dit-elle.

Elle revint vers Malefoy en secouant la tête.

— Il veut que tu t'en ailles...
— Le contraire m'aurait étonné...

Le blond tourna alors les talons et soudain, Harry appela Hermione. Aussitôt la brunette retourna près de lui. Elle se pencha au-dessus de lui puis se redressa et regarda Malefoy.

— Il veut que tu t'en ailles, à moins que tu ne sois venu lui faire des excuses...
— Des excuses... Et puis quoi encore ?

—  Alors tu n'es plus le bienvenu à Gryffondor, Serpentard, fit Hermione, les sourcils froncés. Va-t'en et ne t'approche plus jamais de Harry, même de loin. Tu lui as fait suffisamment de mal comme ça.

—  Mais Granger...
—  Va-t'en ! Sors de cette Salle Commune où je t'y force !
— Granger, je...

Lorsque la brunette dégaina sa baguette magique, Malefoy ne demanda pas son reste. Il dévala l'escalier et sortit de Gryffondor telle une fusée. Il s'arrêta contre la rambarde de l'escalier le plus proche, le souffle court et le cœur complètement affolé.

—  Mais qu'est-ce qui m'arrive ? dit-il en regardant le vide.

La cloche sonna soudain et il regarda vers le plafond. Il se refit un visage puis il rejoignit sa classe pour une heure de Divination.

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