- 39 - [Août 1997]

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—  Votre demande a été retenue, monsieur Malefoy. Elle a été fixée au seize de ce mois...
— Vraiment ? Je vous remercie, monsieur le Directeur...
— Oh ce n'est pas moi qu'il faut remercier, mais votre ami, le professeur Rogue. Il est venu me voir la semaine dernière pour que nous discutions. Il voulait vous voir d'ailleurs mais comme vous le savez, les visites aux détenus de votre niveau sont interdites.

Lucius hocha la tête, un peu triste à l'idée que Rogue ait été aussi près de lui sans qu'il le sache, et le Directeur ajouta :

— Votre procès aura lieu dimanche en seize, et j'ai aussi reçu une réponse du Ministre des Familles.
— Ah ? Alors ? Qu'a-t-il dit ?
— Votre épouse a fait marqué sur votre carnet de famille que vous étiez décédé un an après votre entrée dans notre établissement. J'ignore comment elle s'y est prise pour ne pas que je reçoive de demande de vérification, mais les faits sont là, pour le monde magique, Lucius Malefoy est mort en prison il y a un an.

Lucius haussa les sourcils.

— Je n'arrive pas à savoir si je suis déçu ou non... dit-il alors.
— De quoi ? D'être considéré comme mort ?
— Non, par Narcissa... Je me suis sacrifié pour elle, j'ai tout fait pour qu'elle ait une vie sans aucunes privations, elle avait tout loisir de dépenser notre argent comme elle l'entendait... Je ne comprends pas son attitude...
— Vous aurez tout le loisir d'en parler avec elle si votre procès est jugé positif.
— Et pour son mariage ?
— Elle va bientôt recevoir un courrier lui indiquant qu'il a été tout simplement annulé.
— Bien. Très bien... Merci monsieur le Directeur, je ne saurais comment vous remercier.

Le Directeur sourit alors bizarrement et Lucius comprit aussitôt. Il nota dans un coin de son cerveau qu'une fois sortit de prison, un don de quelques milliers de Gallions serait versé à Azkaban... secrètement.

.

— J'ai reçu une lettre de Severus...
— Ah ?

Harry leva la tête vers Hermione. Ron était près d'elle, en train de lire le journal sur la table de la cuisine. Le Gryffondor regarda Hermione décacheter la lettre et la lire en silence depuis le canapé où il était vautré, Pattenrond sur le ventre.

— Ça dit quoi ? demanda-t-il.
— Que Monsieur Malefoy sera jugé dimanche seize aout, dans une semaine donc et que pour le mariage de Mrs Malefoy, il va être tout simplement annulé, qu'elle n'avait pas le droit de faire inscrire son mari comme mort sans en avoir la certitude. De plus, Severus dit que selon Lucius, le directeur de la prison n'aurait jamais reçu de demande de vérification concernant la mort de Monsieur Malefoy.
— Mais qu'est-ce qu'elle a cherché à faire là ? demanda Ron, surpris. Je pensais que Mrs Malefoy était une femme paisible et pas sournoise comme ça...
— Moi aussi...

Hermione replia sa lettre et dit :

— Bon de toutes façons, jusqu'au seize, on ne peut rien faire. Je vais demander à Severus s'il y a moyen d'assister au procès... Il va se faire au Magenmagot je pense.
—  Quand est-ce que tu pars ? demanda Harry à la brunette.
— Normalement à la fin de la semaine, pourquoi ?
— Non, pour savoir. Tu vas rentrer chez tes parents ?
— Oui, oui. Severus veut que je reste chez moi, il dit ne pas avoir le temps de s'occuper de moi si je vais à Poudlard...
— Et il n'a pas de chez-lui ?
— Si mais bon, tu sais comment il est... Une vraie chauve-souris... Et puis comme la rentrée approche, il doit préparer ses cours je suppose...
— Et... Qu'est-ce que je voulais dire ? Oui, tu ne l'a pas vu depuis le début des vacances ?

Hermione secoua la tête.

— Il m'écrit toutes les semaines par contre. Et puis nous discutons par cheminée interposée. Bon évidemment, ce n'est pas le mieux mais je n'ai pas envie d'être dans ses jambes à l'ennuyer. Il a suffisamment à faire comme ça je pense.
— Si tu le dis...

Harry regarda Ron, un peu surpris. Il soupira ensuite et se leva – il s'était assit sur le rebord de la cheminée, à jeter dans les braises les coquilles des cacahuètes qu'il s'était mis à dépiauter quand Pattenrond avait délaissé son douillet coussin.

— Je vais me reposer, dit-il en frottant son pantalon.

Une balayette arriva aussitôt, suivie de sa pelle, et elles ramassèrent toutes deux les épluchures que le brun venait de faire tomber sur le tapis élimé. Il monta ensuite dans les étages et Ron soupira à son tour.

— Ce n'est pas encore ça... dit-il.
— Ouais... vivement que cette histoire soit terminée, qu'il puisse le retrouver parce que moi je ne vais pas supporter ses humeurs encore longtemps...

Elle posa une main sur son ventre et Ron hocha lentement la tête.

Enceinte d'un peu plus de quatre mois, Hermione avait l'impression que son corps entier pesait trois tonnes. Elle dormait mal, faisait des rêves bizarres, se réveillait encore plus fatiguée que la veille et par-dessus le marché, Harry n'en finissait plus de soupirer et d'errer, l'âme en peine, dans la maison ou le jardin. Sans compter que Rogue lui manquait terriblement...

.

Allongé sur son lit, le nez dans ses oreillers, Harry grogna. Il se redressa alors sur les coudes et regarda le petit Vif d'Or posé sur la tête de lit. La boule dorée était très vieille, c'était celle qu'il avait attrapée pendant son tout premier match de Quidditch... il y a sept ans. Il n'y avait quasiment plus de magie dans ce minuscule objet en or tout terni mais Harry y tenait comme à la prunelle de ses yeux.

La vision de cette petite chose lui rappela alors le dernier match de Quidditch de sa scolarité, la Coupe était revenue aux Serpentards qui s'étaient bien démenés pour que le trophée finisse dans le bureau de Rogue. Harry se remémora alors juste après la fin du match, quand Malefoy avait voulu lui donner son vif d'Or mais qu'il avait refusé en prétextant qu'il allait se faire du mal en l'ayant sous le nez tout l'été... Et que faisait-il là ? Il regardait un Vif d'Or...

Harry soupira. Il se tourna sur le dos et regarda le plafond à la peinture craquelée. Il y avait nombre de traces de papier collant ainsi que de trous de punaises là où Ron avait jadis accroché quantité de posters de Canons de Chudley, son équipe de Quidditch favorite. Aujourd'hui, il n'y avait plus guère qu'un grand drapeau fatigué accroché derrière la porte...

— T'es là, vieux ? fit alors une voix de l'autre côté de ladite porte avant que la poignée ne s'abaisse.
— Ouais, tu peux entrer, répondit Harry.
— Je croyais que tu dormais...
— Non...
— Ça va ? T'es partit bizarre...
— Je ne sais pas, répondit le brun en s'asseyant au bord du lit. Je n'arrive pas à savoir si je vais bien ou pas... C'est terrible, non ?
— Assez, ouais...

Ron tira sa chaise de bureau et s'installa en face d'Harry, le dossier devant lui. Il appuya ses bras sur le haut du dossier et pencha la tête sur le côté.

— Quoi ? fit Harry.
— Rien... Je me disais juste qu'Hermione avait raison.
— Et à quel sujet ?
— T'es chiant.
— Ah ce n'est pas une nouveauté ça...

Ron se gratta l'oreille et dit :

— Écoute, j'aimerais que tu me fasses une promesse...
— Laquelle ?
— Hermione commence à ressentir les effets de sa grossesse et elle supporte de moins en moins tes soupirs et tes errements. Alors, s'il te plait, au moins jusqu'à ce qu'elle parte, essaie de penser à autre chose et soit enfin en vacances. D'accord ?

Harry pinça les lèvres.

— D'accord ? répéta Ron. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour Hermione.

Devant cet argument, Harry hocAh la tête.

— Je te le promets, dit-il.
— A la bonne heure ! Et maintenant, si on allait faire un peu de Quidditch ?

Harry haussa les sourcils puis sourit largement en hochant la tête.

— On est partis ! fit Ron en décollant de sa chaise.

Il plongea alors dans son placard, empoigna Nimbus 2000 et Éclair de Feu ainsi qu'un gros Souaffle rouge un peu déteint par l'usure, avant de jeter son balai à Harry et se jeter dans les escaliers avec l'agilité d'une chèvre...



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