Matière, Énergie et Liant

Les trois Empereurs (version longue)

"Aujourd'hui l'Amérique peut vous fournir de la matière, Ling, mais économisez-la et tâchez de fournir les générateurs d'oxygène à temps maintenant. Votre retard pour le remplacement du générateur en panne de Paris a fait descendre le niveau d'oxygène dans la ville sous-marine en dessous de la limite de sécurité. Une semaine de plus et la cité n'aurait pas pu assurer le concours Lépine car les visiteurs se seraient étouffés.

- Je suis désolé Henri, l'Asie n'a pas fait son devoir. Plus le temps passe, moins nous avons d'énergie et il est compliqué de travailler dans de telles conditions...

-Vous savez en Europe on fait de notre mieux afin de vous livrer une énergie nécessaire à votre bon fonctionnement mais les océans se calmant, les turbines de courant peinent à tourner dans le Golf Stream."

Cette réunion mensuelle entre les trois dirigeants politiques principaux du monde était souvent constituée de plaintes envers un continent. En effet chacun avait sa spécificité : l'Amérique s'occupait de la matière, elle récoltait celle-ci à l'état premier et la transformait. L'Europe s'occupait de l'énergie, elle créait celle-ci grâce aux courants marins et l'Asie, elle, liait les deux pour en faire des machines comme les téléphones ou les voitures sous-marines. Ces trois puissances étaient dirigées par trois empereurs, Ling, Henri et Matt. Seulement la matière se faisait rare, l'énergie venait à manquer, et l'Asie avait de plus en plus de mal à fournir des appareils électroniques. En comparaison avec les années 2000, le monde avait énormément perdu: la démographie n'était plus que de 500 millions de personnes, le pétrole avait disparu, tout était devenu rare.

Dans ce nouveau monde on ne se disputait pas la terre mais la mer. L'Homme avait migré dans les océans pour échapper à la chaleur extrême. Il payait le réchauffement climatique dont il était l'ancêtre en vivant dans les abysses à l'abri du nuage radioactif couvrant la Terre et qui transformait la planète bleue en planète aux couleurs ternes et fanées. Celui-ci n'est autre que le fruit de l'Homme, il créait des centrales nucléaires de plus en plus grosses et ne les fermaient pas, les exploitaient jusqu'au bout et un jour une explosa, puis une autre et c'est neuf centrales sur 10 qui explosèrent en un semaine. Le ciel était devenu orange, les plantes mouraient sous nos pieds. Le réchauffement climatique qui jusque là était perceptible qu'à hauteur de 10°C de plus sur l'ensemble de la planète se vit en cette semaine passé à 50°C et le mois suivant à 100°C rendant la vie en surface impossible. Ce qu'il restait des Hommes à la fin de cette période tragique, se réfugiât dans les océans, dans des cités pré-construites par une entreprise privée, Alphabet, dont les Cinq dirigeants prirent le contrôle de chaque continent se rendant ainsi Empereurs du monde. La NASA aussi avait prévu le coup en créant des laboratoires sous-marins dans la fosse des Mariannes et une ville spatiale, réservée pour les plus riches.

Mais à peine un siècle plus tard, les eaux du Sud devinrent tellement chaudes, elles bouillaient jusqu'aux abysses les plus profondes des océans, que les populations d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique Latine moururent à leur tour, diminuant la population de moitié. Il ne restait plus que 500 millions de vivants, tous réunis dans le nord. Ils vivaient maintenant dans la crainte de subir le même sort. Pour le moment dans l'hémisphère Nord on voyait l'eau bouillonnante qu'à quelques centaines de mètres de profondeur.

Seuls les plus riches avaient le droit de vivre dans des cités spatiales, les plus riches mais aussi certains gagnants de concours ou de tirages au sort. Maintenant le gros lot du loto était devenu un taudis de trente mètres carrés sur Apogaïs la plus grande de ces cités. Le vide était devenu plus sûr que notre planète. Tout le monde rêvait d'aller là-bas, la température était d'une vingtaine de degrés, on ne craignait pas la chaleur, l'énergie y était abondante.

Alphabet en concevant les villes marines, pensait qu'il serait bien de retrouver dans ces cité les grandes villes connues de chaque pays. C'était le cas de Paris, Vienne, New York ou Shanghai par exemple. Pour des raisons économiques les immeubles étaient étirés et les monuments rétrécis, ainsi la Tour Eiffel ne faisait plus que 200 mètres et était entourée d'immeuble de 100 mètres. Se système permettait à la population de s'identifier à sa ville natale, et de mettre plus d'habitants dans un même lieu. Par conséquent les 500 millions de survivants étaient entassés dans seulement mille cités réparties en trois zones: L'Europe, qui se situait près des montagnes Européennes de l'Atlantique, L'Amérique au pied de la dorsale pacifique Est et l'Asie sur celle de l'Ouest.

Paris était donc une copie de la capitale dans les fonds marins. A un kilomètre quatre cents de profondeur donc le seul moyen de respirer était d'avoir un générateur d'oxygène qui cassait les molécules d'eau afin d'en extraire son dioxygène. La ville était couverte et protégée par une bulle constituée d'un gaz lourd qui restait donc au fond de l'eau protégeant ainsi de toute inondation.Ce gaz pour le rendre plus solide était alimenté par une énergie plasmique issue du bâtiment centrale de la ville, le plus haut. Dans ce nouveau Paris les éclairs rosés allant en direction de la bulle s'échappaient du sommet de la tour Eiffel.

Et comme chaque année, Paris organisait le plus grand concours des inventeurs, le concours Lépine. Il fallait que la capitale n'aie pas le moindre problème de sécurité pour réussir au mieux cet événement, il était primordiale que le niveau d'électricité comme le niveau d'eau potable ou encore d'oxygène soit assez haut pour accueillir les touristes. On peut donc comprendre l'inquiétude de l'Empereur Henri vis à vis d'un générateur d'oxygène en panne. En effet le concours va attirer dix millions de visiteurs soit tout de même une grosse partie de ce qu'il reste de la population, tout devait être parfait. Cette année était encore plus importante que les autres car on attendait la conférence de deux adolescentes qui auraient fait la découverte du siècle.