L'air libre

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Lisa avait mal aux bras, ses muscles avaient souffert de la montée. Loïc par galanterie, décida de la faire descendre en rappel mais même ainsi, la descente dura près de deux heures. Quand ils arrivèrent dans la ville, il n'y avait plus personne. Tout le monde était parti se coucher, cela faisait près de neuf heures qu'ils les avaient quittés, d'ailleurs c'était maintenant leur tour, ils se dirent au revoir et s'éloignèrent chacun dans la direction de leur chambre. Lisa en entrant dans la pièce, fit le plus attention possible pour ne pas réveiller Mira, ou Alya, cependant c'était peine perdue, l'adolescente sursauta.

"-Tu as vraiment le sommeil léger toi.

-C'est surtout depuis la catastrophe, je fais des cauchemars...

-C'est à dire?

-Je rêve que je saute avec Mira, c'était donc Alya qui parlait, alors qu'on tombait, notre peau nous brûlait, pourtant il n'y avait plus d'atmosphère, ce devait être les radiations. On se tient par la main. Le sol se rapproche alors on ouvre les parachutes, alors je regarde mes bras, mes veines deviennent noires, ça me brûle, une vraie torture! Je lève les yeux et ma sœur n'est plus là, et tout à coup je commence à descendre de plus en plus vite et la voilure du parachute se déchire. Ça s'accélère, je vais me fracasser sur la glace mais celle ci se fend juste avant mon passage, l'eau s'écarte et quand j'arrive dans la bulle ma chute se ralentit de manière à me poser doucement sur l'Empire State Building. Là je me réveille.

-C'est bizarre, tu crois que c'est vraiment ce qui s'est passé?

-Je ne sais pas,  elle commença à pleurer. Je ne sais rien.

-S'il faut c'est le Décodeur qui t'a sauvée, mais il devrait être avec nous à l'heure qu'il est."

La conversation s'arrêta là, rompues de fatigue, elles tombèrent dans un profond sommeil. Le lendemain une expédition fut mise en place, elle devait durer plusieurs jours et avait pour but de découvrir si la surface était habitable. Les jumelles et Lisa mèneraient cette aventure accompagnées d'une dizaine de personnes dont Loïc. Tommy et William demandèrent eux aussi à en faire partie mais leurs candidatures furent repoussées car ils étaient trop jeunes et c'était trop dangereux pour des enfants, les risques étaient trop grands. Le départ se fit l'après-midi même, chacun avait des vêtements et de la nourriture. En plus de cela, il fallait porter des tapis, des barres de fer et des toiles pour organiser un campement à la surface. Les sacs étaient lourds et l'ascension longue et périlleuse, environ six heures. Une fois en haut, malgré la fatigue, il fallut monter les structures pour la nuit et préparer le premier repas alors que la nuit commençait déjà à tomber.

Le soleil se levait sur les tentes, pour beaucoup c'était la première fois qu'ils le voyaient, il furent tous émerveillés, mais leur peau commencèrent à les brûler. Ils plièrent le campement et se mirent en marche avec pour objectif premier de trouver, si elle existait encore, de la vie à la surface. Le sol était de glace et les chutes régulières ce qui ralentissait le rythme, mais en une journée le groupe parcourut une vingtaine de kilomètres. Le crépuscule arriva bientôt pour clore un jour qui se révéla finalement peu productif car rien n'était visible à l'horizon qui ne puisse se différencier de la glace. On reconstruisit les couchages et tout le monde se rendormit sous la pleine lune. Tout le monde se réveilla une fois de plus avec l'aube mais quelques problèmes survinrent. Un membre avait un mal de tête insurmontable et des difficultés à respirer. Son ami qui dormait avec lui alla demander de l'aide à Lisa, devant le malade celle-ci fit son diagnostique :

"-Ça m'a tout l'air d'une intoxication au dioxyde de carbone. Avez-vous allumé un feu hier soir?

-Non pourquoi?

-Mais alors d'où peut venir ce CO2?

-Je ne sais pas c'est étrange.

-Moi aussi, Loïc intervint, je trouve cela étrange, moi ce matin je me suis levé et mon lit était trempé, mais pas celui de mon binôme. Comme si j'avais transpiré dix litres dans la nuit, et regardez, là encore j'ai les mains trempées."

Personne ne savait ce qui s'était passé cette nuit là, ils décidèrent tout de même de reprendre leurs recherches. La matinée fut comme la veille, peu productive, monotone et décourageante. Alors que tous s'étaient arrêtés pour manger, Loïc se mit à crier disant qu'il avait vu une sorte de rocher orange qui bougeait. Tous se précipitèrent et plus ils se rapprochaient du rocher plus une forme animale se dessinait, dévoilant une sorte de tortue géante. Pendant une ou deux minutes, personne n'osa s'approcher à moins de vingt mètres, mais un courageux du nom de Mathieu se porta volontaire. Il s'approcha de la bête, celle-ci montra un certain agacement mais sa lenteur diminuait le danger de sa colère. Il arrivait à moins d'un mètre quand tout à coup, d'immenses piques sortirent de la carapace qui, en une fraction de seconde, atteignirent Mathieu. On entendit un cri suivit d'un silence général tandis que la tortue s'éloignait. Alors que l'effroi se répandait, le garçon à terre se mit à bouger, il sortit une espèce de plaque d'acier cachée sous son tee-shirt.

"-Heureusement que tu avais pris tes précautions , le félicita Lisa.

-Le... le pro... problème, qui m'a bien arrangé quand même, c'est que je n'ai pas pris mes précautions, cette plaque est arrivée d'un coup, comme par magie!

-Je commence à me poser de réelles questions, Loïc semble produire de l'eau de façon excessive avec son corps, toi tu crées une plaque de fer au ras de ta peau. C'est comme si chacun de nous était capable de produire quelque chose, de la matière.

-Ce doit être à cause des radiations, Mira intervint, elles dérèglent nos cellules, créent des mini-cancers. Peut-être que ce sont des types de maladies spéciales qui font que notre corps soit capable de produire des éléments chimiques comme des molécules, des atomes. Ainsi Loïc tu serais capable de produire des molécules d'eau, H2O, toi Mathieu des atomes de fer. Cette hypothèse expliquerait aussi l'intoxication au CO2 de ce matin, celui qui dormait à côté du malade produisait du dioxyde de carbone.

-Il reste maintenant à vérifier ta suggestion."

Lisa attrapa un briquet et appela celui qui serait capable de produire cette molécule. Un adolescent s'approcha d'elle. Tout le monde se tut, impatient et inquiet à la fois, elle alluma le briquet et il mit sa main au dessus de la flamme : celle-ci s'éteignit instantanément. Des cris d'émerveillement retentirent, l'hypothèse était validée, les enfants pouvaient avoir des pouvoirs magiques: comme dans les films ou leurs rêves. Maintenant il restait à savoir quel était le pouvoir de tous, en attendant chacun dormirait seul pour éviter les mauvaises surprises.

Les adolescents passèrent l'après-midi, excités, à essayer de trouver leur espèce de pouvoir mais ce fut peu concluant, car il était presque impossible pour le moment de les invoquer consciemment. L'idée d'avoir des pouvoirs les rendait joyeux: leur survie ne pourrait qu'en être plus simple, et bercés par cette pensée, tous s'endormir rapidement ce soir là, seul dans une tente, rêvant de se réveiller dans un lit où quelque chose de spécial leur indiquerait la nature de ce que leur corps était capable de produire.

Matière, Énergie et LiantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant