Matière, Énergie et Liant

Un nouveau campement

La douce lumière de l'aube donnait aux montagnes rocheuses des reflets d'or, la brise caressant l'herbe faisait frissonner les premiers levés. Il faisait frais mais l'air se réchauffait peu à peu. Lisa se réveilla, à côté d'elle le corps de la jumelle était encore endormi. Elle chercha de sa main le bracelet qui devait améliorer son pouvoir, mais pour cela fallait il qu'elle en ait un. Le bijoux était une sorte de  tube en métal rouillé fendu pour pouvoir adapter son diamètre au poignet de la personne qui le porte, au centre luisait le cristal, un bleu profond, comme un saphir, il avait une forme hexagonale avec  les bords biseautés. Elle était pensive :

"-Pourquoi moi qui fut la première à sortir en m'exposant au rayon du soleil, je n'ai toujours pas de pouvoir, Alya et Mira ont eu le leur en quelques secondes, Loïc la nuit même suivant sa sortie et pareil pour Mathieu. Alors pourquoi tout le monde sauf moi. S'il faut je n'ai pas de pouvoir. Ça serait dommage, j'aimerais bien moi aussi pouvoir créer des choses, manipuler les éléments, mais rien. Je devrais peut-être essayer de mettre le bracelet durant la journée, s'il faut il aidera mon pouvoir à se montrer..."

Elle enfila le bijou et sortit de la tente  faite de tissus rafistolés, dehors Mathieu était déjà à l'ouvrage, il portait lui aussi son tube autour du bras et était en train de former de longues tiges d'aciers de deux mètres environ. Il l'appela:

"-Tiens, salut Lisa, tu es bien matinale dit donc.

-Je te retourne le compliment, alors ce bracelet, il marche bien?

-C'est simple, je forge le métal trois fois plus vite qu'avant, là je prépare des structures pour créer des yourtes, j'ai vu ça dans un livre d'histoire, ce sont d'immenses tentes circulaires en peau de bêtes.

-Tiens  salut vous deux, Loïc arriva dans la discussion, vous allez bien? Je voulais essayer votre truc tout à l'heure et je suis devenu une vraie fontaine, ça marche du tonnerre. Bon aller, c'est pas tout mais j'ai un lac à remplir moi ! Vous m'appelez quand on mange, enfin si on mange.

-T'inquiète on va trouver ! rétorqua Lisa.

-J'espère bien parce que le lait de vache d'hier me reste sur l'estomac..."

Tout le monde retourna à ces occupations. L'adolescente se retourna pour aller dans sa tente quand elle remarqua que sous celle-ci il y avait un parterre de fleurs dont elle ne se souvenait pas l'existence, cela lui paraissait étrange. Elle n'eut pas le temps de finir d'ouvrir la toile que Mira en sortit, comme c'était le matin, c'était elle qui avait le contrôle du corps. Après les salutations matinales, les filles décidèrent de repartir en quête de nourriture. Elles découvrirent trois mottes de terre meuble, géantes comme celle laissée par le gigantesque lombric deux jours auparavant, ce qui indiquait que même les vers de terre venaient en haut des montagnes, cela pourrait faire plusieurs bons repas. Il n'y avait que trois monticules donc soit il y avait très peu de passage, soit les vers utilisaient toujours les même trous. Avec l'aide de Mathieu, les adolescentes décidèrent de construire des pièges pour embrocher l'animal s'il venait à sortir sa tête de la terre. L'installation des trois structures ne nécessita que deux petites heures tant Mathieu était efficace pour créer du métal avec son bracelet. 

Au fil du temps, Lisa se rendait compte que la où elle passait, apparaissaient des fleurs, l'herbe grandissait et des pousses d'arbres naissaient. C'était donc ça son pouvoir, elle faisait pousser les plantes très vite ? Elle fit le compte-rendu de ses observations à Mira qui en déduisit que la jeune fille devait créer des minéraux très puissants qui rendaient très fertile le sol. La férue de biologie avait un pouvoir qui était en relation avec sa passion. C'était parfait, elle y voyait déjà son intérêt personnel mais aussi celui du groupe, en effet si elle pouvait faire pousser les arbres plus vite ils allaient pouvoir utiliser du bois dans leur construction. Peu après la découverte vint l'heure du repas, au grand regret de Loïc, il n'y avait que du lait comme denrée, mais la bonne ambiance, cette joie collective compensait du goût qu'il n'aimait pas et lui redonnait des forces pour continuer à remplir le lac. Il était d'ailleurs environ à la moitié du niveau d'eau qu'on lui avait demandé.

Pour débuter l'après-midi, Lisa s'endormit non loin de là où avait était planté un gland. Quand elle se réveilla de sa sieste une heure après, elle était à l'ombre d'un petit chêne.  La venue de ce pouvoir lui remontait le moral. Elle voulut savoir si en ce concentrant sur la plante elle pouvait la faire pousser encore plus vite. Elle se mit à genoux, colla une main sur le tronc de l'arbre et fixa des yeux celui-ci. A vue d'œil  celui-ci s'étira, s'élargit, son écorce s'épaissit et ses branches grandirent, grossirent. En dix minutes le petit arbre était devenu grand et fort comme le vieux chêne qui était jusque là seul. L'adolescente n'avait pas fait attention mais un groupe d'enfants s'était assis derrière elle et la regardait à l'œuvre. Cette vitesse de pousse avait en effet un côté hypnotisant, ces branches qui couraient de plus en plus loin, s'enlaçaient, s'entremêlaient. C'était poétique.

Le soir arriva à grand pas, Lisa avait fait pousser trois chênes, Mathieu avait finit les structures métalliques des tentes et Loïc avait rempli le lac. Tous les trois étaient fatigués de leur journée, ils prirent leur portion de lait bien méritée et allèrent se coucher. En se préparant pour dormir, au moment où ils retirèrent leur bracelet ils se rendirent compte que le cristal était devenu bleu pâle ce qu'ils trouvèrent étonnant. Le reste du groupe alla se baigner dans le lac pour se détendre et joua ensuite au loup pour se défouler, ils grimpèrent dans les chênes, coururent dans l'herbe. On pouvait entendre des cris de joie. Tous maintenant s'étaient accommodés au froid qu'ils craignaient beaucoup moins qu'au début de leurs aventures. Soudain le soleil disparut derrière les montagnes, ses deniers rayons vinrent teinter les montagnes de reflets dorés. Tout le monde alla se coucher avec la douce lumière du crépuscule.