Matière, Énergie et Liant

La reconstruction du camp

Mathieu s'était réveillé avec une vive douleur à la cage thoracique. D'après Lisa il avait sûrement une ou deux côtes fêlées. De son côté Loïc lui, n'avait rien. Par contre tous deux avaient perdu leur compagnon de voyage dans ce combat. Le soir même du combat, ils allèrent se recueillir sur la dépouille de leur aigle, mort broyé de la main de Zeus. Les larmes coulèrent. Ils les enterrèrent avec les onze enfants, ils étaient tous leurs amis. Le moral du camp ce soir-là n'était pas joyeux. L'herbe sous leurs pieds était brûlée, les jolies yourtes construites de leurs mains, détruites, il y avait d'énormes cailloux dans la petite prairie, l'élevage de vache était décimé. Tout n'était plus que mort ici, c'est pourquoi tous votèrent pour partir bâtir un autre camp plus loin dans les montagnes, non pas pour oublier mais pour passer à autre chose. Rien ne serait plus jamais comme avant, même dans leur victoire contre Zeus, au fond les enfants avaient perdu.

Après un cours repas, alors que la pleine lune illuminait le ciel, tous reprirent ce qui leur restait et dans un silence pesant, quittèrent le champ de bataille. Ils se dirigèrent vers le laboratoire, car d'après Maë, derrière celui-ci il y avait un autre plateau d'herbe, des vaches et un lac. Ils commencèrent à descendre la pente herbeuse et une fois en bas suivirent les traces de l'ancienne expédition en remontant la vallée, jusqu'à l'embouchure du canyon où ils prirent une petite pause. Cela faisait deux heures que le groupe marchait et les plus petits fatiguaient. Après une demie-heure assis sur des gros cailloux, la marche reprit. Heureusement la lune éclairait le canyon et on y voyait presque comme en plein jour. Les plus grands aidaient les plus jeunes à escalader les gros rochers. Les enfants avançaient lentement mais sûrement. Les aigles encore vivants volaient au dessus d'eux, transportant les blessés qui ne pouvaient pas marcher. Et au bout de deux nouvelles heures de marche, ils arrivèrent au lac où se trouvait l'entrée du laboratoire de Maë. Elle les invita à passer la nuit à l'intérieur, c'était petit mais mieux que dehors. Tout le monde se partagea les trois chambres.

Pendant que tous dormaient, personne ne vit apparaitre comme par magie trois petits moustiques dans la pièce. Ceux-ci vinrent se poser sur Alya, Mira et Lisa. Le Décodeur qui sentit le danger pour les jumelles, fit apparaitre une grosse quantité d'eau sur les jumelles. Elles se réveillèrent en sursaut et le moustique mourut noyé avant d'avoir pu les piquer. Par contre, celui presque invisible, posé sur le cou de Lisa, injectait son poison mortel dans le sang de cette dernière. A l'heure du réveil, Lisa ne se leva pas. Alors tous commencèrent à s'inquiéter, d'abord en l'appelant, puis en la secouant, mais rien elle ne se réveillait pas. Pourtant elle respirait son cœur battait. Le Décodeur expliqua comment il avait sauvé Alya et Mira d'un moustique au poison mortel pour un humain, d'après lui c'était sûrement ça qui l'avait piquée. Mais l'ADN des Décodeurs primaires mélangés au sien devait l'avoir sauvée. Maintenant il fallait trouver un antidote. Maë se proposa pour s'en occuper et expliqua aux autres qu'il fallait impérativement aller dehors pour construire le campement sur le plateau juste derrière le col.

Avec regret d'abandonner leur amie, tous sortirent et se dirigèrent vers le plateau où ils commencèrent la construction d'une nouvelle yourte. Ils replacèrent un piège à ver de terre géant, comme avant. Comme ça quand il sortirait de son trou, il se ferait empaler et serait débité en tronçons pour recouvrir la structure de la yourte. Pendant ce temps-là Mathieu construisait à la chaine des barres en acier limitant le plus possible de bouger les bras car ça lui faisait atrocement mal au côtes. Un ver de terre fut rapidement pris au piège. Au coucher du soleil, la yourte était prête, il ne manquait que le plancher et les meubles à mettre, mais pour cela il fallait que Lisa fasse pousser des arbres. Il était tard et les enfants prirent le chemin du retour pour passer la nuit une fois de plus au laboratoire.

Maë travailla toute la journée, analysant le sang de son amie pour trouver ce qui n'allait pas. Elle analysa que le problème venait d'un petit virus qui coupait les connexions neuronales empêchant leur bon fonctionnement. Il fallait maintenant trouver l'antidote adéquat et au cas où ces bêtes revenaient il faudrait que tout le monde soit protégé. En analysant le bouton laissé par le moustique sur le cou de Lisa, la scientifique avait trouvé une cellule du moustique, et après étude il s'avéra bien que ce n'était pas naturel, ça venait forcément de la Dimension divine. Elle chercha en même temps que l'antidote, un vaccin et un répulsif pour éviter de voir tout le monde mourir. Il commençait à faire nuit, Maë avait réussi non seulement à faire un répulsif sous forme de spray mais aussi trouver une formule pour l'antidote et le vaccin, qui étaient tous deux en préparation. Au moment de les sortir de la machine qui servait à les préparer, elle entendit le groupe revenir. Elle se dépêcha d'administrer le médicament à sa patiente, puis alla ouvrir.

Tous étaient fatigués de la journée de travail et il leur tardait d'aller se coucher. Mais avant il fallait manger et aujourd'hui ce serait viande de ver de terre. Pas très bon mais bourratif et dans ce nouveau monde aux ressources très limitées, il ne fallait pas gaspiller. Pendant le repas, le médicament eut le temps de faire effet, et au retour de Maë dans la chambre de Lisa, celle-ci pouvait à nouveau parler et bouger, mais elle avait des crises de folie et des hallucinations. Toutes les connections étaient encore un peu obstruées par le virus.

Même avec le répulsif dans les chambres, tout le monde ne dormit que d'un œil ce soir-là, car même si Lisa avait était sauvée, Maë avait bien dit que le poison de ces moustiques était extrêmement mortel. Le lendemain matin, Alya et Mira allèrent voir leur amie qui allait beaucoup mieux. Celle-ci leur expliqua d'ailleurs qu'elle n'avait rien senti, juste une piqûre de moustique. Elle avait un trou noir jusqu'à ce matin, elle ne savait pas du tout ce qui s'était passé et pour elle c'était comme si ça n'avait pas eu lieu. Aujourd'hui elle se sentait beaucoup mieux et était prête à aller faire pousser des arbres pour la nouvelle yourte. Le vaccin concocté durant la nuit fut administré à tout le monde. Un nouveau jour commençait.