L'infiltration

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L'odyssée des enfants pirates continuait, leur nef voyageait à travers les eaux infinies. A bord tout le monde était joyeux, tout se passait bien, chacun avait retrouvé son quotidien, entre travail et jeux. Le cockpit comprenait maintenant quatre personnes, Wilfried, le fils d'Anne sa mère, Bastien et Thomas. Ils se dirigeaient doucement vers le Birostris où leur quête prendrait fin. Mais tout n'était pas encore gagné, en effet, vu la difficulté qu'ils avaient rencontrée avec l'Architeuthis, et sachant les dégâts qu'ils avaient commis, les enfants ne pouvaient s'attendre qu'à une vigilance accrue de la part des adultes. C'est pourquoi il avait été décidé que le trio des garçons, partirait sur le vaisseau avec les méduses et que le baleineau resterait à au moins un jour de distance du Birostris. Mais avant il fallait équiper les méduses pour qu'elles soient plus rapides car cette fois ce ne sera pas la surprise qui les aidera, ni la force, ce sera la vitesse d'exécution. L'objectif était de neutraliser les tourelles sur le dos de la Manta, de rentrer à l'intérieur, prendre les enfants et repartir avec une autre méduse, sous la Manta.

Cet après-midi, il fallait modifier les futures nefs-attaquantes, elles devaient être équipées de petits réacteurs puissants et discrets. Les matériaux nécessaires furent pris sur le matériel du baleineau et Anna avec ses compétences scientifiques créa un design spécial. Le montage dura deux jours pour pouvoir équiper les trois méduses qui serviraient à la mission, ainsi leur vitesse maximale était maintenant triplée par rapport à l'ancienne. Il était temps car le Birostris était maintenant qu'à un jour. Anna arrêta la nef. Ils discutèrent une dernière fois du plan d'évacuation.

"-Chaque méduse peut transporter cinq personnes, il faut que vous repartiez par en bas et vous serez huit. Donc il y a deux solutions, soit vous faîtes l'attaque en haut à deux pendant que le troisième passe en dessous puis les deux du haut se séparent,  ainsi un entre chercher les autres et l'autre rejoint celui d'en bas pour les attendre mais il sera sûrement poursuivit et fera repérer la seconde nef, donc ce serait  un suicide. Soit il faut qu'une seule personne aille en haut pour attaquer les tourelles et entrer à l'intérieur. Ce qui est aussi du suicide. Donc je ne sais pas ce qu'on peut faire...

-On a qu'à faire une diversion avec l'éclaireur que j'ai volé. On le met en automatique, il va foncer et perforer la raie Manta, je pense que ça va perturber les gardes. Pendant ce temps une méduse neutralise les tourelles puis son pilote entre.

-Bonne idée Thomas, et qui fait ça?

-Toi Bastien, c'est toi qui a la carte!

-Lâcheur."

Ils rigolèrent un peu puis remontèrent, ils allèrent dans le poste de pilotage de l'éclaireur, enregistrèrent des coordonnées et l'envoyèrent. Juste après ils descendirent et prirent place dans leur méduse respective. Cette fois, ils avaient des oreillettes pour pouvoir communiquer entre eux. Quelques minutes plus tard, Anne les regardait s'éloigner depuis le cockpit, priant pour son fils, pour que l'expédition soit un succès et qu'ils reviennent tous les trois sains et saufs.

Pour économiser l'énergie, les trois nefs d'attaque nagèrent dans le sillon de l'éclaireur, ils en avaient pour environ douze longues heures de route. C'était long, et ils s'endormirent. Quand ils se réveillèrent, ils étaient à une heure de l'objectif. C'était le moment de se séparer, Bastien monta pour se placer bien au dessus tandis que Thomas et Wilfried descendirent. Le leurre, lui, continua sa route, en direction d'une des ailes du vaisseau ennemi.

Ça y est, les adultes venaient de repérer l'éclaireur. Les tourelles sur le dos commençaient à tirer. C'était le moment, Bastien entama sa descente, et discrètement vint électrocuter la première tourelle qui disjoncta. Croyant à un problème technique, personne ne réagit. Puis il désamorça la seconde et enfin la troisième. A ce moment l'éclaireur mordit la chair, laissant apparaître à l'intérieur ses longues dents. Tous les gardes étaient postés en dessous prêts à tirer au moindre signe de vie à l'intérieur. Pendant ce temps, l'adolescent entra par la troisième tourelle, passa derrière les deux gardes en train de réparer leur machine de guerre et prit l'escalier pour descendre. Il sortit par la porte blindée... Il n'y avait personne. Quand il croisa enfin une plaque d'égout, il se faufila à l'intérieur et commença à courir en direction de la cachette des cinq enfants.

Les gardes montèrent voir qui pouvait bien se cacher dans la gueule de l'éclaireur qui venait d'attaquer, mais personne : c'était une diversion! Quand ils s'en rendirent compte, ils sonnèrent l'alarme, ordonnant à toutes les unités de chercher dans les égouts, quelqu'un venait sûrement de s'introduire dans le vaisseau.

Bastien entendit l'alarme retentir, ça y est ils allaient le traquer. Il fallait vite trouver les cinq autres enfants. Il y était presque, plus que quelques croisements... Il arriva enfin, mais il entendait des bruits de pas et des personnes crier un peu partout. Il fallait se dépêcher de sortir. Il chuchota aux cinq qu'il venait les chercher pour s'enfuir, mais qu'il fallait encore rejoindre le ventre de la raie. Tous acquiescèrent en silence, prêts à le suivre. L'adolescent fit le pari risqué que la plupart des gardes étaient dans les égouts, et qu'il y avait donc plus de chance d'en croiser ici que dans les rues de la ville. Il décida donc de passer par l'extérieur.

Ils étaient dans la ville que renfermait la Manta. Celle-ci était magnifique, très décorée et pleine de couleurs, il y avait des arcades, des gravures. C'était magnifique et raffiné. Mais ils n'étaient pas là pour visiter et il fallait aller vite. Ils dévalèrent des escaliers pour descendre le plus bas possible. Il n'y avait aucun garde dehors. Mais pour finir leur périple, il fallait passer par les égouts et c'était très dangereux puisque tous les gardes y étaient. Il fallait les faire revenir. Bastien passa devant un groupe de civils et leur cria :

"-C'est nous que vous cherchez?

-Ah des enfants! Les personnes criaient de peur. Ils sont là, ils sont là! Gardes!"

Ils reprirent leur course, esquivant les gardes qui sortaient un à un des caniveaux sur leur chemin. Ils prirent un virage et se jetèrent dans une bouche. Ils coururent dans l'eau sale, poursuivis. Ils firent toboggan dans un tuyau et arrivèrent à la zone d'évacuation, juste sur le niveau où les attendaient les deux méduses, ils se séparèrent en deux groupes et embarquèrent. Les animaux décollèrent et s'enfuirent dans l'océan, disparaissant rapidement. Quand les gardes arrivèrent. Il n'y avait plus rien. Les enfants avaient réussi à fuir, c'était encore une fois un échec pour les adultes. Ils lancèrent des éclaireurs à leur poursuite, mais presque invisibles et avec des moteurs ultra-rapides, les méduses les distancèrent facilement. Wilfried appela alors sa mère :

"-C'est bon maman nous sommes au complet et nous revenons, la mission est une réussite.

-Ne revenez pas tout de suite, nous avons un problème ici!"

Matière, Énergie et LiantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant