Rebecca

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C'est fini. L.

Si je me fiais à la montre du vieil homme à mes côtés, nous avions roulé plus de trois heures de route sans même s'arrêter. Mon estomac était noué. J'avais mal à la gorge tellement elle était sèche, mes yeux me brulaient à force d'avoir pleuré et mes muscles étaient tous, sans exceptions, engourdis. Avant de sortir de cette voiture noire, sans avoir feuilleté le paquet qu'on avait posé sur mes cuisses, pétrifiée sur mon siège et les cuisses serrées entre elles, l'homme assis devant m'avait bandée les yeux. Je n'avais même pas eu le temps de regarder où l'on était qu'il m'avait plongée dans le noir. Ensuite, il me demanda de sortir. Il n'avait pas d'accent quand il parlait, contrairement à l'homme à côté duquel je m'étais assise.

Ma tête ne s'était relevée que lorsque nous roulions sur des secousses, et seulement là mon regard avait trainé de droite à gauche. De plus, j'avais trituré nerveusement ma robe durant une bonne partie du chemin, ce qui avait eut l'air d'agacer mon voisin de banquette, puisqu'il avait passé sa grosse main sur les miennes pour me dicter d'arrêter en serrant brusquement sa prise.

Je dus prendre sur moi pour me tenir debout. J'entendis un paquet de feuille retomber au sol ce qui me fit sursauter de stupeur. Mes jambes tremblotaient et je me sentais vaciller à chacun de mes pas. L'on passa soudainement une main dans mon dos, j'entendis la voix du vieil homme grogner à mes côtés puis des hommes s'activer autour de moi. L'on me força ensuite à avancer à un rythme régulier. Un grincement de porte m'arracha ensuite une grimace puis il y eut un silence qui me tendit. L'on tira sur le nœud de mon bandeau et on le laissa retomber à mes pieds. Après quelques rapides clignements de paupières, bougeant ma tête frénétiquement, en regardant la pièce dans laquelle j'avais atterris, je m'aperçus que nous étions dans une maison aux couleurs chaleureuses. Les murs étaient tapissés et de couleur beige, les mobiliers en bois et l'on avait décoré les couloirs de tableaux en tout genre, plutôt de chasse.

Puisque le vieillard, ayant pris place sur un fauteuil en tissu, m'avait fait signe d'approcher dans le salon ouvert, j'avais laissé mes yeux se balader autour de moi pour en venir à la conclusion que ce devait être sa maison. Mais comment un homme tel que lui pouvait avoir une maison aussi...En arrivant près de lui, je m'étais soudainement arrêtée en apercevant que sur la table basse, il y avait plusieurs sortes de boites de médicaments. Un verre d'alcool rempli au quart juste à côté de quelques pilules déjà sorties et un téléphone, écran face à lui. Déglutissant péniblement, je finis par serrer mes poings et restai planter au milieu de la pièce dans ce silence en ne sachant pas quoi faire.

« Vous prendrez votre décision quand il sera là. »

Ce fut les seuls mots que j'entendis de sa bouche avant qu'il ne ferme ses yeux et s'affaisse dans ce fauteuil. Si c'était bel et bien son domicile, elle devait être protégée par ses gardes du corps, je n'avais aucune chance de m'en aller et il fallait que j'arrête de penser à ça. Je ne pouvais plus rien faire, le destin décidera de mon sort.

« Monsieur veut que vous mangiez, m'informa une voix grave dans mon dos. »

Me figeant, je comptai bien une trentaine de secondes avant de tourner mon visage sur ma droite. Il n'avait pas l'air effrayant, il avait une tête ronde, un petit sourire rassurant et des yeux noisette qui pétillaient de vie. Bien qu'il soit chauve, il ne manquait pas de charme, peut-être un peu plus petit que la moyenne mais il restait robuste.

« Suivez-moi, reprit-il en tournant les talons.

Docilement, je le suivais de près en me retenant de détaler de la maison à toute vitesse.

Sous Contrat - ( Français )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant