Amélia

12.

Amélia avait oublié à quel point un brouhaha permanent régnait dans les boîtes de nuit. Elle se faufila derrière Scar, ayant perdu son aisance naturel qu'elle avait acquis au cours de quelques années. La musique était assourdissante, si forte qu'elle ne parvenait même pas à différencier les sons aux autres. D'un geste flou, elle vit Scar qui lui disait de se dépêcher.

Il y avait beaucoup de monde. Ce n'était pas étonnant. Que c'était une boîte de nuit connu ou pas, il y aurait toujours beaucoup de monde. Des habitués, et ceux qui venaient ici pour la première fois. Avec le temps, elle avait appris à les connaître. Ils se déhanchaient tous plus ou moins en rythme avec la musique, agitant bras et jambes. Ils avaient vous l'air heureux d'être là. Mais que cachaient-ils vraiment ? Qui étaient-ils vraiment ?

Elle arriva enfin à rejoindre Scar qui était posté près du bar. Il y était accoudé et commandait une boisson. Quelques minutes plus tard, le barman lui servit sa boisson et Scar le prit d'un geste rapide et avide. Il se retourna et scruta la salle. Ses yeux se posèrent enfin sur Amélia. Il se retourna avec un grand sourire, et pointa du doigt Amélia.

- C'est elle qui paie.

Elle poussa un soupir. Evidemment. Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il change. Il n'était pas, n'est pas, et ne sera pas un gentleman. Elle sortir de sa poche un billet de vingt et le tendu au barman.

- Garder la monnaie.

Aussitôt, elle courut rejoindre Scar, essayant de se déplacer aussi vite qu'elle pouvait au travers de cette masse de personne.

- A quoi tu joues ? Je suis pas venue ici pour te payer tes verres.

Il continua d'avancer vers un coin où il y avait beaucoup moins de monde.

- Et alors ? Tu es bien plus riche que moi. Tu peux bien me payer un verre, dit-il avec un haussement d'épaules.

- L'argent ne coule pas à flots ! Je n'ai même pas revu mon père depuis quelques temps.

- Il y avait même pas une semaine, tu ne te comportais pas du tout comme cela. Tu payais les verres de qui que ce soit, liquidant l'argent de ton père en un claquement de doigt. Alors, pourquoi pas maintenant ?

- Les choses sont différentes. Les choses ont changées. Je n'ai plus accès à mon compte bancaire, et je n'ai plus accès à autant d'argent qu'avant.

- Alors, dit-il en s'avançant vers elle. Qu'est-ce que tu es venue faire ici ?

Déstabilisée, elle se recula. Elle chercha ses mots, ouvrant et refermant la bouche plusieurs fois.

- Rien, je suis venue passée du temps ici. Ensemble. Comme au bon vieux temps.

- Comme au bon vieux temps ? Questionna-t-il. Tu sais ce qu'on faisait au « bon vieux temps » ?

Il se rapprocha de son oreille et lui chuchota quelques mots.

- Alors partante ?

- Comme toujours... dit-elle moins courageusement qu'elle ne voulait l'admettre.

Il sourit malicieusement, puis tendit sa main, attendant qu'elle tende la sienne à son tour.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Quelque chose dont tu t'en souviendras pendant longtemps, dit-il avec un mauvais sourire.

- Bon, vas-y donne.

Elle prit la gélule qu'il lui tendait et l'observa. C'était deux gélules de couleur bleues. Elle inspira à grands coups et le « goba » ». Elle avait pourtant l'habitude de faire ça. Aucune inquiétude à avoir. Surtout que c'était Scar qui lui en fournissait. Elle se répéta la phrase plusieurs fois dans sa tête. Aucune inquiétude à avoir. Aucune inquiétude à avoir. Aucune inquiétude à avoir.

Elle tourna la tête et observa la piste de danse. Les effets n'allait pas se produire maintenant, elle le savait. Elle s'assit à même le sol et essayait de se calmer.

Cela faisait longtemps qu'Amélia ne touchait plus aux drogues. La cigarette était une chose. La drogue en était une autre. Rien que de penser ce qu'il lui était arrivé la dernière fois qu'elle s'était droguée lui donnait la chair de poule. Elle vit Scar qui se déhanchait sur la piste. Elle le fusilla du regard. Et il le savait très bien. Il savait très bien ce qui s'était passé. Il était présent ce soir là. Alors pourquoi voulait-il qu'elle en prenne ?

Tout simplement parce qu'il n'a jamais fait attention à elle. Et qu'il ne le fera jamais. Dés la première rencontre elle l'avait su. Pourtant, elle s'était accrochée à lui. Comme une bouée de sauvetage. Les minutes continuaient de s'écouler à une vitesse alarmante, au grand dam d'Amélia. Les effets se firent ressentir une demi-heure plus tard. C'est aussi à ce moment là que Scar la rejoignit.

- Alors Amélia ? Tu ne viens pas danser ?

- Non.

- Allez, fait pas ta timide. Y a des gens très sympa ici !

- Je n'en ai pas envie.

Elle détourna la tête et ignora Scar du mieux qu'elle put. Mais évidemment, il ne lâcha pas l'affaire et il lui prit les mains, il la releva d'un coup sec et l'entraîna vers la piste. D'abord, elle était réservée, n'osant rien faire. Quand à Scar, il dansait, suivant le rythme de la musique. Les minutes passèrent et elle se relaxa de plus en plus. Elle fit le vide dans sa tête, ne laissant place plus qu'à la musique. Elle levait ses bras, et agitaient ses cheveux prenant un air aguicheur, qui en retournaient plusieurs sur son passage. Pourtant, son regard restait fixer sur Scar. Elle ne détachait pas son regard de lui, tout en continuant de danser. Cela ressemblait à leur première rencontre. Vide d'émotions. Froide.

Elle se rapprocha de lui, une leur folle dans les yeux. Il porta son regard vers elle, un sourire mauvais au visage. Il posa sa main sur ses hanches et d'un accord silencieux, continuaient à danser, suivant cette fois-ci leurs propre rythme. Le rythme de Scar et Amélia. Un rythme effréné. Un rythme endiablé. Un rythme passionné.

Elle le savait très bien qu'elle n'aurait pas du prendre ce qu'il lui donnait. Cela lui faisait complètement lâcher prise, enlevait ses barrières.

- Je te retrouve enfin, dit Scar.

Il l'embrassa lentement, langoureusement laissant volontairement ses lèvres quelques secondes de plus. Il traçait la ligne fine de sa mâchoire avec ses baisers. Elle ferma les yeux, tirant ses cheveux. Soudain, elle s'écarta de lui, et inversa les rôles. Cette fois-ci c'était elle qui déposait des baisers sur son cou, lui faisant sourire.

Ils continuèrent de danser, ne se lâchant plus du regard, oubliant tous les problèmes qu'ils avaient, ne pensant plus qu'à profiter.

- Et si on s'amusait un peu ? demanda Scar.