Après sa discussion avec Andrew, elle se prépara pour aller voir son père. Elle rentra dans la salle de bain et prit une douche froide pour avoir du courage. L'eau froide coulait sur son dos et l'apaisa. Son père était sans doute chez elle, mais rien n'était certain. Lorsqu'elle était encore à la maison elle fuyait les week-end où son père était chez elle. Il restait enfermé dans son bureau, sans doute trop occupé avec de la paperasse. Mais peut être qu'il était encore dans son bureau et qu'elle n'allait pas le trouver chez eux ? Non, il fallait qu'elle arrête de penser au pire, et se rassurer. Au pire, elle irait le trouver dans son bureau. Andrew avait raison, il fallait qu'elle affronte ses démons aujourd'hui. Elle sortit de la douche et s'essora avant de s'habiller et de rejoindre son ami au salon.
- Tu es prête ? Lui demanda Andrew.
- Oui. Non. Je ne sais pas.
- Réponse claire et précise. Merci.
- Non, c'est juste que... j'appréhende notre discussion, dit-elle en s'asseyant sur le canapé.
- Pourquoi ?
- Qu'est-ce qu'il va me dire ? Est-ce qu'il va s'excuser ?
- Tu voudrais qu'il le fasse ?
- Oui, répondit-elle après un instant de silence. Oui, mais je voudrais que ça vienne de lui. Pas après ma demande. Mais je doute qu'il le fasse. Pourquoi il ne l'aurait pas fait plus tôt ?
- Parce qu'il ne savait pas comment réagir. Et comment tu te sentais. Bon, allez ! On se motive. Lève toi et pars d'ici. Je ne pars pas d'ici. J'attendrais que tu reviennes. Allez, courage ! Dit-il en lui faisant un clin d'oeil.
- J'y vais...
Elle prit les transports en commun pour se rendre chez elle. Elle était impatiente de revenir dans la maison de son enfance, mais était stressée pour rencontrer son père. Elle était arrivée chez elle bien trop vite à son gout. Elle resta devant la porte d'entrée pendant plusieurs minutes. De l'extérieur, rien avait changé, le jardin était toujours aussi bien entretenu et tout semblait être à sa place. Elle essayait d'épier à travers les fenêtre si elle n'apercevait pas quelqu'un, mais ne remarqua personne. Elle appuya enfin sur le bouton de la sonnette après quelques instants d'hésitations. Elle attendit plusieurs instants mais personne ne lui ouvrit la porte. Elle appuya donc plusieurs mais, mais c'était en vain car personne ne répondait. Elle relâcha la pression.
Son père n'était sans doute pas seul, ici dans cette grande maison vide. Il devait probablement se trouver ailleurs, comme dans son bureau par exemple. Elle alla donc marcher dans une autre direction quand soudain, elle entendit un grésillement.
- Je ne suis pas intéressé par vos publicités. Veuillez arrêtez de sonner à la porte, merci.
- Non ! Attends ! C'est moi, dit-elle après un instant de silence.
Soudain, elle entendit un déclic qui lui indiquait que la porte allait s'ouvrir. Elle s'écarta donc pour pouvoir entrer et franchir la pelouse vers sa maison. Son père n'avait rien répondu, reconnaissant tout simplement la voix de sa fille. La porte d'entrée s'ouvrit et son père se tenait juste derrière. Ils restèrent tous les deux les bras ballants, ne sachant que faire. C'est finalement son père qui prit les devants et qui l'invita à rentrer dans la maison. Rien n'avait changé, c'était comme si elle n'était partie il y a peine une heure. Elle sourit en voyant le pot de fleurs sur la table à manger. Il mettait toujours des fleurs comme sa mère le faisait autrefois, même s'il n'y avait personne pour pouvoir les voir.
- Tu prends toujours soin de mettre des fleurs, commença Amélia.
- Oui... Oui, j'essaye de toujours en mettre. Assis-toi sur le canapé, vas-y je t'en pris.
- Merci...
- Comment se passe ton école là-bas ? Je n'ai eu aucune de tes nouvelles depuis plusieurs mois. Je commençais à être inquiet. Ça me fait plaisir que tu sois venue me rendre visite.
- L'école est vraiment bien.
- Nous avons beaucoup à rattraper n'est-ce pas, tous les deux ? Demanda t-il avec un sourire triste.
- Oui... Toutes ces années.
- D'abord, parle moi de cette école !
- Non. Je ne veux pas tourner autour du pot. Parlons de maman.
- Maman ? Pourquoi tu veux parler de ta m-
- Arrête ! La coupa Amélia. Je ne suis pas venue ici pour des questions vaine.
- Que veux tu savoir de plus sur ta mère ? Tu la connais autant que moi.
- Pourquoi tu l'as éloigné de nous ? Pourquoi après autant d'avis négatifs tu l'as amené aussi loin ?! Cria t-elle furieuse.
- Je suis désolé Amélia, dit-il en éclatant en larmes. Oh mon Dieu, tu sais combien je m'en veux ? Je m'en veux tous les jours. Si seulement je l'avais écouté ! Si seulement...
- Tu ne t'avances à rien avec tes si.
- Oui... Oui, tu as raison. Si je l'ai amené, c'est parce que j'ai cru aveuglément que je pouvais la sauver. Mais même si je m'appelle Crésus, ou le meilleur des hommes, je ne peux rien faire face à la mort. Rien...Tout l'argent du monde et tout notre savoir n'ont pu l'aider. Au fond de moi, je savais que c'était fini. Mais je me raccrochais aux minces espoirs qu'il me restait pour pouvoir me rassurer. C'était la plus grande erreur de ma vie. Je le sais bien. Je m'excuse.
- Tu sais que tu ne t'es jamais excusé, dit-elle en ayant les larmes aux yeux.
- Comment ça ?
- Tu ne t'es jamais excusé de l'avoir emmené loin de nous et de l'avoir laissée mourir seule.
- Tout était tellement flou après sa mort... Je ne me souviens de rien à cette période. J'étais une coquille vide. Je m'étais mis en mode veille. L'enterrement, la douleur, je ne sentais rien. Je ne me l'autorisais pas. Si je me permettais de ressentir tout ça... C'était fini pour moi. Je ne pouvais pas me relever. Mais toutes ces années à souffrir, et a essayé de contenir la douleur... Ça ne fait qu'empirer la chose. Je le sais bien... Excuse-moi Amélia de ne pas avoir été à la hauteur. De ne pas avoir été présent au moment où tu en avais le plus besoin.
- Tu sais quoi, dit-elle en essuyait ses larmes, quand je suis venue ici, je pensais que j'allais te crier dessus. Crier que tu étais un père ignoble. Ignoble pour l'avoir écarté de nous. Et je le pensais vraiment jusqu'il y a peu. Mais... Je crois que ces derniers temps j'ai changé. Et je me suis rendue compte que tout ce que tu as fait, c'est par amour. Certes, un amour aveuglant et presque destructeur mais... Tu ne pensais pas à mal. Tu voulais essayer de faire ce que tout le monde voulait. Et puis qui sait ? Peut-être qu'ils auraient pu la sauver. C'est tout ce que j'avais besoin de toute manière. D'excuses sincères. Je pense qu'on peut repartir sur de bonnes bases, non ?
- Quand est-ce que ma petite fille est devenue si mature ?
- Maman serait fière de nous.
- Bien sûr. Surtout de toi. À partir de maintenant, je te promets d'être un père exemplaire.
- Je n'ai pas besoin d'un père exemplaire. Juste toi, ça me suffit.
- Viens ici, dit-il en ouvrant grand ses bras.
- Tu sens encore le shampoing que maman t'achetais, dit-elle en se réfugiant dans ses bras.
- J'ai gardé l'habitude...
- Tu as aimé d'autres femmes ? Après maman ?
- Non... J'ai essayé. Je me suis dit que je pourrais faire mon deuil. Mais ce n'était qu'un pansement. Je n'arrêtais pas de comparer toutes ces femmes à ta mère. Elle était mon seul amour et le restera. Je n'ai pas besoin de plus.
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Amélia
Teen FictionAmélia, jeune fille de dix-sept ans est antisociale, bornée et pour couronner le tout à un caractère pas des plus sympathiques. Son père décide donc de l'envoyer dans un internat loin de chez elle où elle y rencontre un personnage qui va chambouler...