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Jade prit son repas et rejoignit ses amis qui étaient assis à une table à l'autre bout d'où elle était. Elle était furibonde. Comment cette Amélia osait-elle lui parler sur ce ton ? Elle, Jade ? Elle arriva enfin à sa table et déposa son plateau agressivement. Quelques uns de ses amis qui était près d'elle sursautèrent en entendant le bruit de son plateau contra la table. Une blonde la questionna.

- Jade ? Quelque chose ne va pas ?

Bien sûr que quelque chose n'allait pas, et cette cruche de Lucie lui demandait avec ses grands yeux comme si elle ne voyait pas son mécontentement, pensa Jade. Malgré tout, elle inspira un grand coup et remit son masque en place.

- Non, non. Mais la cantine est tellement remplie ! C'est une galère de récupérer à manger.

- Ah ça ! C'est le cas de le dire. Rien que pour un petit repas, autant de queue me désespère.

Lucie retourna à son assiette et à sa conversation avec le jeune homme qui était juste à côté d'elle. Quant à Jade, elle écrasait sa salade de sa fourchette et ne parlait pas. D'habitude, elle parlait, et riait avec tout le monde, mais cela ce n'était que quand elle était de bonne humeur. Et là, elle n'était pas de bonne humeur, et c'est tout le contraire qui se produisait. La petite tablée ne remarqua rien, à part bien évidemment son frère jumeau, Edouard. Edouard et elle était extrêmement proche et se comprenait comme personne grâce au fait qu'ils étaient nés, et avaient passés tout leur temps ensemble quand ils étaient plus jeune. Malgré le fait qu'ils se voyaient moins depuis le collège, leur relation n'avait pas bougé d'un pouce, au grand bonheur de Jade.

Elle était la dernière personne à qui on pouvait référer le sentiment : « amour », pourrait quand cela concernait Edouard, elle devenait presque comme une autre personne. Malheureusement pour elle, cette année encore ils n'avaient pas pu se retrouver dans la même classe à son grand désespoir. C'était leur dernière année au lycée avant l'étape de la vie adulte et ils ne pouvaient même pas être ensemble. Ils se retrouvaient alors pendant les temps de pause, pour manger comme en ce moment même.

Il la regardait en fronçant les sourcils, lui demanda implicitement si tout allait bien, elle répondit par un léger soupir et il comprit qu'elle lui raconterai la cause de son mécontentement plus tard. Pour l'heure, elle continuait de manger sa salade en la piquant du bout de sa fourchette. Elle regarda son frère, occupé à manger son plat. Elle sourit intérieurement. Lorsqu'il mangeait, personne ne pouvait lui parler. Elle se demandait bien ce qu'elle ferait sans lui. Elle s'ennuierai à mourir, grâce à lui son quotidien s'égayait.

Très jeune, leurs parents les avaient laissés ensemble, eux-même trop occupés à vaquer à leur propre occupations. Ils ne s'en souciaient pas plus que cela, puisqu'ils étaient ensemble. Ils faisaient les quatre cent coups ensemble et vivaient de leur rires et des bonbons. quand ils grandirent et leurs parents les placèrent en pension, ils changèrent du tout au tout devenant plus mature et étudiant beaucoup. Malgré tout, ils ont tout les deux un caractère explosifs malgré leur placidité factice. Ils ont réussi très rapidement à s'imposer par leur stature et leur personnalité, mais aussi par leur force qu'ils combinaient parfois.

Ses pensées se reportèrent vers Amélia. Elle le savait dés la première seconde où elle a posé son regard sur elle. Elle n'allait le lui apporter que des problèmes. Il fallait qu'elle en parle à Tamara d'ailleurs. Heureusement que ce n'était pas elle qui partageait sa chambre avec elle. Elle n'aurait pas supporter passer ne serais-ce qu'une heure avec cette fille. Elle se demandait d'ailleurs bien d'où elle sortait. Ce n'était assurément pas d'ici. Elle allait bien finir par obtenir des informations. Elle ne connaissait que son prénom pour l'instant mais ce n'était pas un très grand problème, n'est-ce pas ? Elle poussa cette fois-ci un long soupir. Le regard de cette fille aux cheveux teintés en rouge se repassait en boucle dans son cerveau. C'était presque comme si elle la sondait. Assurément, elle voyait claire dans son jeu. Elle l'avait si bien dit elle-même, « sa fausse gentillesse ». Mais ce n'était pas pour cela qu'elle pouvait se permettre cette affront devant tout le monde. Elle se demandait bien d'ailleurs où elle pouvait se trouver. Elle balayer des yeux son entourage mais ne la trouva point. Toutes les personnes qui s'étaient assis sur les chaises étaient en bande d'amis. Dans ce lycée, la plupart de personne se connaissait et il était très rare, voire impossible qu'une personne passait ses journées seules. Amélia n'avait sans doute pas besoin de compagnie, préférant être solitaire était sans doute aller manger seule.

Enfin, quand ils eurent tous finit de manger, ils se levèrent et dans un joyeux brouhaha déposèrent leurs plateau dans l'emplacement prévu et s'en allèrent passer un peu de temps ensemble avant que les cours ne les séparent dans le hall. Lorsqu'il faisait plus chaud, ils pouvaient se permettre de s'étendre dans la cour avant et de parler. Malheureusement, le temps ne jouait plus en leur faveur. Il faisait très fois et personne n'osait s'aventurer au dehors. Elle réussit à intercepter son frère qui la questionna sur son air aigri.

- Eh bien ? Pourquoi tu respirais la colère tout à l'heure ?

- Tu te rappelle de la nouvelle dont je t'avais parlé ?

- Oui, oui. C'est elle qui a causé ta colère.

- Exactement. Je ne sais pas si tu as eu la chance de la croiser dans les couloirs, dit-elle ironiquement, mais si tu la voyais, tu resterai choqué toute ta vie !

- Est-elle hideuse à ce point-là ?

- Non, pas de cette manière. Enfin, elle pourrait être plus jolie sans... sans ses cheveux rouges.

- Des cheveux rouges ? Voilà quelque chose qui sort de l'ordinaire ici.

- Peut-être, mais quel intérêt. Ça ne fait que de la démarquer de tout le monde, et j'ai plutôt l'impression qu'elle n'apprécie pas trop la compagnie.

- Je me demande bien ce qui a pu causé l'arrivée de cette fille.

- Je n'en sais strictement rien. Mais si tu veux mon avis, elle n'est pas venue ici de sa propre volonté. Elle tire la tête pratiquement tout le temps.

- C'est assez étrange comme cas. Elle doit sans doute être assez fortuné alors. Je ne vois que ça.

- Je pense aussi. Enfin...

- Alors, comment a t-elle réussit à te pousser dans une telle colère.

- J'y viens. Tu vois, pendant les derniers cours, je l'ai observé et j'ai remarqué qu'elle ne parlait à personne. Non pas parce qu'elle était timide ou quoi, non parce qu'elle ne voulait tout simplement pas de compagnie.

- Oui.

- Je suis allée la voir et je me suis présentée à elle. Et tu sais ce qu'elle m'a dit ? Ravale ta fausse gentillesse !

- C'est vrai qu'elle n'a pas tort, dit-il un sourire en coin.

- Oui, et donc ? Ce n'est pas une raison pour me parler de la sorte !

- Ecoute, tu es un tantinet à fleur de peau en ce moment, si elle ne veut pas te parler ou ne pas vouloir parler à personne d'autre, c'est tant pis pour elle. Ne perds pas ton temps pour elle. Et de ce que j'ai compris, elle ne mérite pas ton attention, n'est-ce pas ?

- Oui, c'est vrai. Merci Edouard. Avec toi j'ai une oreille attentive à qui me confier !

- Pas de problème soeurette.

Ils continuèrent de parler de tout et de rien jusqu'au restant de la pause. Jade après la discussion avec son frère était maintenant plus joyeuse et avait totalement oubliée Amélia. 

AméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant