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Elle attendit impatiente qu'Andrew daigne enfin venir. Il était toujours en retard. Même la première fois qu'il lui avait donné rendez-vous. Elle scrutait les environs, patientant le temps qu'il vienne. Elle l'attendait sur le quai du train qu'il lui avait indiqué avant de se quitter. Elle se demandait bien ce qu'il avait bien pu faire ce weekend. Mais d'un autre côté, ce n'était pas ses affaires, elle n'allait rien lui demander, conservant son mutisme et ne voulant surtout pas lui poser de questions au risque qu'il lui pose des questions en retour. Il arriva finalement, encore en retard. Il lui demanda si le train n'était pas passé, et elle lui répondit par la négative et leur conversation prit fin. Ils attendirent encore une bonne dizaine de minutes, et le bus arriva enfin. Le trajet s'effectua pour la énième fois dans un silence qui leur était devenu une habitude. Andrew s'endormit dans le trajet et c'est Amélia qui dû le réveiller.

Arriver à l'internat, ils se saluèrent d'un hochement de tête, et s'en allèrent dans leur bâtiment respectif. Quand elle arriva elle fut surprise de rencontrer Tamara qui était occupé à lire un livre sur son lit. Elle avait l'air de bonne humeur et très reposé. La plupart des pensionnaires s'en allaient en famille ou du moins en amis passer leurs quelques jours de liberté dans les villes environnantes, et quelques fois même dans les pays environnants. Elle lui jeta un rapide coup d'œil et ne la salua pas, commençant à ranger ses affaires et à prendre son paquet de cigarettes pour le mettre au dessus de son armoire.

- Ta sortie s'est bien passée ? se risqua à demander Tamara.

- Oui.

- Super...

Amélia ne répondit que par le strict minimum ce que compris immédiatement sa camarade chambre qui poussa un soupir. Malgré le fait qu'Amélia n'était pas très réceptif, Tamara essayait à chaque fois de nouer une quelconque relation. Elle ne demandait pas qu'elle soit meilleures amies, loin de là, mais tout du moins une entente agréable qui leur permettraient à toutes les deux de passer une bonne année. Sachant qu'elle espérait des miracles elle poussa un soupir, comme à son habitude et continua de lire son livre essayant de faire abstraction de la présence de sa camarade de chambre. C'était à peine réussi puisque Amélia faisait énormément de bruit en rangeant ses affaires. Soit pour horripiler Tamara, soit elle était naturellement bruyante.

Tamara, d'ordinaire n'était pas une personne qui s'énerve rapidement. Elle essayait toujours de garder son calme et son sang froid le plus longtemps possible. Sa sympathie et sa gentillesse étaient des traits de caractère qui étaient encrés en elle et en faisait même sa réputation. Ses amies lui reprochaient parfois même d'être « trop gentille », et considéraient cela non pas comme une qualité, mais comme un défaut. Tamara essayait toujours de les raisonner du mieux qu'elle pouvait en leur répétant que la gentillesse était la base de tout, et que c'était la plus belle chose au monde. Ce à quoi ses amies lui répondaient par un rire moqueur et lui disant quelle était une « petite naïve ». Cela ne plaisait pas forcément à Tamara mais que faire ? On n'avait malheureusement pas la chance de tomber en accord sur tout les sujets avec ses amies, n'est-ce pas ?

Tamara était l'une des rares filles ne venant pas d'une famille aisé, mais inscrite ici grâce à une bourse d'étude obtenu par le mérite de son travail. Ses parents étaient de simple ouvriers et elle n'en avait pas honte dans cet environnement où la gloire, la richesse et la beauté avaient l'air d'être les seules caractéristiques. Elle avait travailler dur pour intégrer cette école, estimant que c'était une des meilleures de toute la région. C'était effectivement, une école réputée pour les résultats scolaires de ses élèves et les professeurs qui étaient excellents. Ses parents lui manquaient affreusement. Elle n'avait malheureusement pas la possibilité d'aller les voir chaque week end, car elle devait prendre le train ce qui lui revenait à beaucoup trop cher. Elle allait plutôt les voir pendant les vacances et profitait d'eux le plus longtemps possible.

Et, pour ne pas perdre son temps pendant le week-end, elle révisait ses cours ou travaillait dans un petit restaurant à côté. Où d'ailleurs la plupart des élèves de son école y venait pour se restaurer. Ils la prenaient pour niaise et ne lui accordait pas beaucoup de valeur, mais la tolérait néanmoins car elle était d'une gentillesse exceptionnelle et était toujours prête à aider ses camarades dans le besoin, sans vraiment deviner qu'ils abusaient parfois un peu d'elle, lui demandant non pas de les faire comprendre, mais lui demandant d'effectuer leurs devoir à leur place. Ce à quoi elle acceptait sans même poser de question, ravie de pouvoir de leur être utile.

Elevée de manière très religieuse, les parents de Tamara avaient d'abord pris la nouvelle de son changement d'école très mal. A quoi cela lui servait-il de changer d'école quand on en avait une à cinq minute de chez nous ? Mais à force de raisonnements et de persuasion, Tamara les convainquit finalement de son départ aux grand malheurs de ses parents qui comprirent que c'était une chose qu'elle tenait vraiment à coeur et qu'on ne pouvait pas lui refuser puisqu'elle y allait par ses propres moyens. Effectivement, elle avait déjà demandé une bourse de scolarité sans même demander l'avis de ses parents et grâce à ses excellents résultats scolaires avait été accepté.

C'était la seule et unique fois que Tamara avait entrepris quelque chose sans l'avis de ses parents, connaissant à l'avance leur réponse : un non catégorique. Il lui avait fallu bien du courage pour pouvoir entreprendre toute les démarches seule et beaucoup de discrétion. Mais elle y était arrivé finalement, n'est-ce pas ? Bien sûr, après maintes et maintes disputes. Ses parents ne voulaient pas la laisser résider seule dans un internat. Mais n'avait il pas confiance en elle ? Elle avait finalement réussi à leur arracher leur consentement et y était allé. C'était sa première année ici.

Elle avait été émerveillé par les bâtiments, l'architecture, mais aussi les personnes totalement différente de son petit village natale. Ils étaient nés avec une cuillère en or dans la bouche. Elle ne les jugeait pas, loin de là, mais parfois se demandait bien ce que cela ferait d'être aussi riche. Ils pouvaient partir ou bon leur semblait, sortir avec des amies quand ils le voulaient et où ils le voulaient, s'acheter des vêtements, des voitures enfin tout ce qu'ils avaient envie sans même penser au prix. Ils leur suffisait juste de demander. Et sans même dire « s'il vous plaît, merci ». Oh, oui, comment elle aurait aimé savoir ce que cela faisait.

Quand à elle, elle était obligé de travailler dure pour obtenir ce qu'elle avait besoin, et ce qu'elle avait envie. Elle ne se plaignait pas non plus. Beaucoup de personnes avaient des situations bien pires qu'elle. Elle se considérait comme une chanceuse. Mais pourtant, elle aurait aimé qu'il n'y ai pas tant d'injustice dans ce bas monde. Sur quelles critères avaient-on établis que certaine personne avait la chance d'être mieux logis que d'autre ? C'était être déraisonnable que penser que l'égalité régnerai partout dans le monde. C'était un fait, certaine personne gagnait mieux que d'autre car il travaillait plus durement. Mais alors ? Pourquoi tant d'injustice ? Pourquoi certaine personne mourrait de faim et d'autre mangeait même plus qu'il ne leur en fallait?

C'était des questions qu'elle se posaient souvent. Et c'était ce pourquoi elle voulait se battre. Non pas l'égalité pour tous, mais une meilleure vie pour les personnes dans le besoin. C'était son rêve : voyager et aider les autres. Alors elle travaillait dure et avec acharnement pour réussir à le concrétiser. Peut-être qu'un jour elle allait réussir à faire beaucoup de progrès ? C'était dans une foi inébranlable qu'elle s'endormit, le livre sur son nez. 

AméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant