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Le vendredi soir, Amélia était partie fumer une cigarette. Fumer la rassurait. Elle savait pourtant que la cigarette plaçait un voile sur ses problèmes, permettant de les oublier. Même si ce n'était que pour un court moment, elle ne pouvait s'en détacher. Même pour un court instant elle avait besoin d'oublier sa vie. Alors ses poumons en pâtiraient ? Soit. Elle pouvait avoir le cancer ? Soit. Tout pour oublier. Le cerveau humain était bien sélectif. Il ne retenait vraiment que ce qu'il voulait. Alors pourquoi le sien n'oubliait-il pas les mauvais moments ? Elle était bien maudite jusqu'au bout. Pensive, elle ne vit pas Andrew s'approcher tel une ombre comme il avait l'habitude de faire.

- Quoi ?

- Pourquoi tu fais la tête ?

- Je ne fais pas la tête, dit-elle.

- Si, tu le fais. Tu le fais constamment.

- Et alors ? Ce n'est pas comme si tu allais y changer quelque chose ! aboya t-elle.

- Je suis sûr que dans les trois longs mois où tu vas être ici, je réussirais à te faire voir la vie d'une autre manière !

- Bonne chance à toi.

Elle se demandait souvent pourquoi il cherchait tant à la fréquenter et à la changer. À faire d'elle une personne meilleure. Une bonne personne. C'était des choses qui échappaient à sa pensée. Andrew était le genre de personne qui voyait du bon chez tout le monde. Y compris ceux qu'ils disaient ne pas apprécier. Parce que c'était dans sa nature. C'était ce qu'il le faisait lui-même. Ce trait de caractère la faisait sourire, mais lorsqu'il s'attaquait au cas « Amélia », elle lui disait tout de suite de se préoccuper de ce qui le regardait. Elle appréciait énormément Andrew contre tout attente, mais elle détestait qu'on s'occupe d'elle comme un cas social. Elle détestait d'ailleurs qu'on s'occupe de ses affaires, que cette personne soit son ami ou non.

Amélia et Andrew marchaient dans les rues de Paris comme à leur habitude, une glace à la main malgré le froid qui était encore présent. « Rien de tel qu'une bonne glace pendant l'hiver », avait énoncé Andrew avec un air philosophique. Amélia ne posait plus aucune questions à Andrew quant à leur destination, laissant peu à peu le mystère prendre place. Elle savait bien que malgré tous ses efforts, il ne lui divulguerai aucune information lui permettant de deviner le lieu où ils allaient se rendre. Elle marchait donc tranquillement le laisser la guider. Elle avait d'ailleurs l'impression qu'il ne savait pas lui même où ils se rendaient, mais Andrew sous ses airs calme et tête en l'air avait une grande motivation derrière ses yeux. Il était presque comme une personne avec plusieurs personnalités pensa Amélia. Un moment elle le voyait rêveur, complètement perdu dans ses pensées, presque comme un petit garçon fragile ayant besoin qu'on le protège, et un autre moment elle le voyait fort et puissant avec ses cheveux en bataille. Sa motivation et ses traits se lisaient sur ses traits fins. Elle avait l'impression que c'était le juste mélange entre la fragilité d'un petit garçon et la puissance d'un homme. Elle se sentait même parfois désarçonner face à lui. Et Amélia était très rarement désarçonner.

- Bon, on est bientôt arrivés !

- Comment ça ? Je ne vois qu'une avenue où il y des maisons...

- Oui, c'est le principe.

- Mais... Je ne comprends pas. Je pensais qu'on aller à un endroit pour visiter le lieu.

- C'est tout comme.

- Bon, je te fais confiance. J'espère que c'est pas un plan foireux.

- Mais non ! T'inquiètes.

- Merci, ça me rassures encore plus.

- Mais pourquoi tu es si méfiante ? Allez viens rentre, c'est cette maison là, dit-il en désignant une maison.

AméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant