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- Drôle de spécimen. 

- Ouais. C'est le cas de le dire. Drôle de spécimen. Je ne sais pas pourquoi je suis sortie avec lui. Il était là quand j'étais au plus bas. C'est lui qui m'a tendu la main. Sauf que j'étais loin de me douter que cette main qu'il me tendait, c'était la main du diable. Déguisé sous des airs d'ange. S'il m'a tendu la main, c'était pour me faire retomber au plus bas. Pour me noyer. 

- Pourquoi il s'appelle Scar ? 

- C'est à cause de sa cicatrice. Il en a une qui lui travers l'oeil. Du même côté que celui de Scar dans le roi Lion. 

- Non, je veux dire, pourquoi il se donne un nom de code ? Pourquoi ne pas tout simplement révéler son vrai non ? 

- Il vend de la drogue. Si on connaissait son vrai nom il aurait pu avoir des problèmes. Dans ce milieu, les trahisons ce sont des choses courantes. Et puis, il risquait gros avec tout ce qu'il vendait. Personne ne connait son vrai nom je pense, dit-elle en croquant dans son sandwich. 

- Alors ça va, tu n'es juste pas la seule à ne pas le connaître. 

- Oui. Mais j'aurais aimé le savoir. Je l'aimais vraiment je pense. Pour tout ce qu'il était et tout ce qu'il représentait. 

- Et qu'est-ce qu'il représentait ? 

- Je ne sais pas. Tout et rien à la fois. Il représentait cet univers sombre et mystérieux. Il représentait la sécurité. À sa manière quand j'étais avec lui, j'étais rassuré. Je lui ai ouvert mon coeur. Je ne sais pas s'il m'écoutait vraiment. Mais c'était la seule personne avec laquelle je pouvais parler. Et puis... J'étais à moitié dans les vapes. Je me disais tout ce qui passait par ma tête et par mon coeur. Lui aussi. C'était toujours des mots incompréhensible. Quand j'essayais de le comprendre et quand je me concentrais, je n'entendais qu'un enchainement de mot sans queue si tête. On était un drôle de couple. Un couple ? Je ne sais pas vraiment si on l'était. On ressemblait à quelque chose. Je ne sais pas vraiment à quoi. Je me demande parfois comment j'ai pu rester avec lui. Malgré toute les fois où il m'avait trompé. Mais pour lui ce n'était même pas grave. 

- Pourquoi ? 

- Il me disait qu'on avait qu'une vie. Qu'une jeunesse. Qu'il fallait que je me décoince. Qu'il n'était pas exclusif. Mais moi, je le voulais pour moi. C'était trop demander ? 

- Mais pourquoi tu ne l'as pas quitter alors ? J'ai essayé. De nombreuses fois. Mais j'ai jamais eu le courage de le faire. Une part de moi pensait que ce n'était pas grave, que je pouvais le partager. Une autre part pensait je ne pourrais jamais le quitter. Je crois que c'est vrai. 

- Tu le décrirais comme ton premier amour ? 

- Oui. Non. Je ne sais pas, dit-elle en poussant un soupir. Je ne sais pas si c'était de l'amour, et en même temps, je me demande ce que ça peut être d'autre. De l'affection ? Probablement. Mais dans ce cas là, pourquoi ? Qu'est-ce qu'il m'apportait ? 

- Je pense qu'on est pas forcément obliger d'apporter quelque chose à quelqu'un pour le rendre heureux. Des fois, notre simple présence, notre simple existence suffit. 

- Tu penses ? C'est que ça doit être vrai alors. 

- Penses à ta mère, dit-il d'une voix douce, presque hésitante. 

- C'est vrai, dit-elle avec un grand sourire. Sa seule existence me suffisait.

- Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. 

- C'est bien vrai. Tout est dépeuplé. J'ai l'impression que le reste du monde est fade, sans goût si saveur. Apprendre à les connaître, ce sont des efforts en vain. Des efforts jeter dans le vide. 

- Tu sais, le reste du monde on ne le connaitra jamais vraiment complètement. Je pense qu'il y aura toujours un petit quelque chose à explorer. Un petit quelque chose qui nous fera sourire. Il y aura toujours quelqu'un à découvrir, à aimer. 

- Tu me fait penser à ma mère avec ta positivité à toute épreuve.

- Ouvrir son coeur, ça fait du bien. Ouvrir son coeur c'est la plus belle chose qu'on puisse offrir à quelqu'un. Ouvrir son coeur, c'est la chose la plus difficile qu'on puisse demander à quelqu'un. Et tu sais pourquoi ? Parce que l'être humain est bourré de qualité. Et de défauts aussi. Et les exposer, les montrer à une autre personne c'est la plus belle preuve de confiance. 

- C'est littéralement donner son coeur à quelqu'un et lui dire, vas-y, fais en ce que tu veux. Écrase-le, garde le précieusement. Malgré tout, je ne t'en voudrais jamais. 

- Oui, c'est ça, dit-il avec un sourire. Mais tu ne trouves pas que c'est la plus belle chose qu'on puisse faire ? Le plus beau cadeau ? Ça vaut dix mille fois plus qu'un je t'aime. Ça vaut tout l'or du monde, toutes les richesses. 

- Mais un je t'aime ce ne sont pas les plus beaux mots ? 

- Pas pour moi. Pour moi, ce sont les actions : comme accorder sa confiance absolue en quelqu'un. Comme t'as dit c'est : écrase mon coeur ou protège le. Je te fais confiance. 

- Et ça ne te fais pas peur ? 

- C'est la chose qui me fait le plus flipper. C'est le plus grand saut vers l'inconnu. Tu ne connais pas vraiment si cette personne l'écrasera ton coeur ou le protégera. 

- Et s'il l'écrasait ? 

- S'il l'écrasait... Il faut le ramasser à la petite cuillère, le reformer pour le confier à quelqu'un d'autre. 

- Le confier à quelqu'un d'autre ? T'es sadomasochiste ou quoi ? 

- Non. Juste un éternel optimiste je pense. Je suis sûr que quelqu'un saura le protéger. 

- Tu es complètement fou ma parole. 

- Non, je suis complètement sérieux Amélia, dit Andrew en lui prenant ses mains. On a qu'une vie ! Profite, vie la à fond. Si tu ne casse pas ta carapace tu ne ressentira jamais toute ces palettes d'émotions qui nous forme : la peur, la colère, l'amour, l'amitié ! C'est ça qui fait de nous des êtres humains ! Si tu te renfermes comme une huitre, tu n'es qu'un corps vide ambulant. Tu ne sais pas à quel point ça peut faire mal. Mais ce sont aussi ces sentiments négatifs qui font de toi ce que tu es. Tout le monde a peur de ressentir la tristesse, la peine. Mais l'être humain se doit de la ressentir ! C'est la condition humaine, si on ne la ressent pas, on ne sera jamais entier. Juste des fragments. C'est la beauté de la vie, sa magie. Plus tard, tous ces sentiments nous apportent aussi quelque chose même si on ne s'en rend pas compte, tu sais. Bien sûr que ça fait mal, mais à la fin on relève la tête et on avance. On se relève malgré toutes les blessures qu'on nous inflige. On pleure un bon coup. Et on se relève. C'est un défi de la vie ! Et tu te dois de l'accepter. Parce que t'as pas d'autre échappatoire. Parce que derrière tout ça, il y a tellement plus qui t'attend ! Tellement plus beau ! Et si tu ne te relève pas... C'est fini pour toi. 

Amélia ne répondit pas et observa le paysage. Elle ne se doutait pas qu'il était si mature. Des larmes perlèrent sur le bord de ces cils. Il était temps qu'elle se relève. 

AméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant