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Pendant tout le trajet, Amélia n'avait pas arrêté de se ronger les ongles. Elle était beaucoup trop stressée et regardait partout autour d'elle. Plus elle avançait vers Paris, plus elle voulait retourner à l'internat. Mais le regard confiant et déterminé d'Andrew l'empêcha de tout arrêter et de rentrer. Non, elle se devait de le faire. Il fallait qu'elle soit forte. Malgré les questionnements, elle réussi à dormir pendant une heure entière. C'est le conducteur qui la secoua pour la réveiller. Elle prit son sac et remarqua que le bus était complètement vide. Elle remercia donc le chauffeur et se pressa pour s'en aller. L'air froid lui gifla le visage. Elle n'avait pas prévu qu'il fasse aussi froid. Et si elle n'arrivait pas à le trouver ? Et si elle était obliger de passer la nuit dehors ? Elle secoua sa tête. Non, il ne fallait pas qu'elle se laisse aller au pessimisme. Qu'aurait fait Andrew à sa place ? Il aurait prit une grande inspiration et... Il serait probablement acheter un glace, pensa t-elle avec un sourire. Elle se dirigea donc dans les rues de Paris en quête d'un glacier. Après dix minutes à errer seule de le froid elle se rendit à l'évidence : par ce temps là il n'y avait aucune chance pour qu'elle en trouve un. Elle poussa un soupir. Tant pis, ce n'était pas très grave, elle pouvait bien s'en passer.

Elle sortit son téléphone de sa poche, elle avait demandé à la directrice de lui rendre puisqu'elle sortait ce week-end. Celle-ci avait bien évidemment accepté. Elle se souvenait de l'ancienne adresse de Scar, qu'elle tapa sur son téléphone pour pouvoir savoir comment se rendre. Par chance, elle n'était pas bien loin. Elle n'avait que quinze minutes pour s'y rendre. Sachant que le moyen le plus rapide était de prendre le métro, elle paya son ticket et effectua le trajet. Encore une fois, mille et une questions l'assaillaient. Elle prit son courage à deux mains, et se dirigea d'un pas ferme vers son appartement. Elle sonna et attendit quelques secondes. Une minute passa, mais personne ne lui ouvrit. Elle savait que Scar dormait à cette heure, et cela ne l'étonna pas plus. Elle sonna donc une deuxième fois. Cette fois-ci, elle entendit la porte s'ouvrir dans un déclic. Elle monta les escaliers deux à deux, et remarqua que la porte était déjà ouverte. Elle l'ouvrit donc doucement, et rentra. Une odeur de renfermé envahissait la pièce. Elle se pinça le nez légèrement. Comment pouvait-il vivre dans un dépotoir pareil ? Puis, elle souvint que quelques mois de ça, sa chambre ressemblait traits pour traits à l'appartement de Scar. Elle sourit. Elle n'arrivait même pas à distinguer clairement le sol, des vêtements étaient éparpillés partout et si ce n'était pas des vêtements, c'étaient des bouteilles et des cigarettes. Elle décida donc de crier son prénom puisque personne n'avait l'air de venir la voir. Quelques instants plus tard, une grande blonde sortit de la chambre. Elle la dépassait d'une ou deux têtes, et était extrêmement fine. Elle avait de grands yeux bleus qui étaient parfaitement assortis à ses cheveux blonds. Amélia l'étudia. C'était exactement le type de fille dont Scar raffolait. En la voyant, la blonde fit un grand sourire, et Amélia put apercevoir un sourire parfait.

- Bonjour ! Qui es-tu ?

- Où est Scar ?

- Eh bien... Dans la chambre, dit la jeune fille déstabilisée par le ton d'Amélia.

- Scar ! Réveille-toi ! J'ai à te parler.

- Mais qu'est-ce que tu lui veux ? Lui demanda t'elle en croisant les bras sur sa poitrine.

- En quoi ça te regardes ?

- Rien, mais je voulais juste savoir...

Scar s'avança enfin dans le salon. Il cligna des yeux, peu habitué à la lumière du jour. Il était comme à son habitude, vêtu d'un vieux t-shirt et avec un short. En quelques mois, il n'avait pas changé du tout. Son éternel sourire qu'il arborait en toute situation vint se plaquer lorsqu'il aperçut Amélia.

- Amélia !

- Scar.

- Mais qui est-ce mon amour ?

- C'est Amélia, une ancienne... amie à moi.

- Ah ! Mais si ce n'est qu'une amie, tout va bien. Enchanté, je suis Laure.

- Je dois te parler Scar. Seule.

- Mais pourquoi ? Si tu as quelque chose à lui dire, dis le à moi aussi, dit Laure méfiante.

- Calmez-vous les filles... Je vais partir m'habiller. J'ai une soirée ce soir. Amélia tu viens ? '

- Oui, soupira Amélia.

Elle savait bien qu'elle n'avait d'autre choix que de se rendre à sa soirée avec lui si elle voulait avoir une conversation seule avec lui. Elle chercha un endroit pour s'asseoir loin de Laure qui avait pris place sur le canapé. Elle vit une chaise, mais celle-ci était couverte des vêtements de Scar alors elle décida de rester debout. Laure alluma la télé et commença à regarder les émissions de beauté qui passaient. Amélia observa Laure du coin de l'oeil. C'était probablement la nouvelle conquête de Scar. Elle était vraiment très belle, remarque Amélia. Elle devait probablement être mannequin. Elle se demandait bien comment il avait pu la trouver. Elle ne devait pas fréquenter les même boites que lui. Scar sortit de la chambre, il s'était changé et avait mis une chemine et un pantalon qui semblait plus ou moins propre.

Quant à Laure, elle ne s'était pas changée mais avait enfilé une paire de talons de près de dix centimètres. Amélia se demandait bien comment elle pouvait marcher avec ces échasses. Elle préférait porter des baskets, beaucoup plus confortable et beaucoup plus pratique. Ils se dirigèrent donc ensemble vers la voiture de Scar. Laure était à son bras, et piaillait de choses futiles. Amélia eu un sourire en coin, Scar ne l'écoutait probablement même pas. Il était tellement prévisible, d'une certaine manière ! Mais Laure ne semblait pas s'en rendre compte et continuait de lui parler. Amélia arrêta de l'observer et se contenta de se murer dans son silence. Cela faisait une éternité qu'elle n'était pas partit en soirée ! Et la dernière fois était encore avec Scar.

Elle passa toute la soirée à observer les gens danser sur la piste et se rapprocher des gens qui leurs plaisaient. Quant à elle, elle était tout simplement assise en train de boire un jus d'orange. C'est lorsqu'elle aperçut Laure se déhancher au rythme de la musique, qu'une pensée la frappa. Elle n'était pas faite pour ce monde. Elle n'en avait jamais vraiment fait partie d'ailleurs. Tout cela n'était qu'une façade, un leurre. Une raison pour qu'elle boive et oublie toute ses peines. Elle se dirigea donc vers Scar d'un pas décidé.

- Scar, il faut qu'on parle.

- Je suis occupé Amélia.

- Je m'en fous. C'est maintenant. Maintenant ou jamais.

- D'accord, dit-il en s'éloignant. Quoi ?

- Pourquoi tu n'as pas dit à ta pouffe que j'étais ton ex ?

- Mais parce que... Je ne voulais pas la blesser.

- Vraiment ? Ou était-ce parce que tu ne m'as jamais vraiment aimé ?

- Mais qu'est-ce qui te fait croire ça ? Evidemment que je t'aimais.

- Scar, je suis à un point de ma vie ou j'essaye de me reconstruire. Où j'essaye de trouver des réponses à mes questions. Même si elle me font mal. Alors s'il te plait. Pour une fois dans ta vie, dis moi la vérité.

- Écoute... Je n'éprouve d'attachement pour personne. C'est ce que j'ai décidé en m'installant à Paris. Les sentiments te poussent vers le bas. Tu es faible quand tu en éprouve. Alors, je n'aime personne. Et ma vie est bien mieux comme ça.

- Tu vois Scar, dit-elle en faisant un sourire triste. C'est là que tu te trompes. Les sentiments, les bons comme les mauvais, te forge. Ils font de toi ce que tu es. Les éviter ne sert à rien. Ils sont la clés même de nos vies. Tu peux très bien essayer de les esquiver autant que tu veux, ils seront toujours là, enfouis au fond de toi. Et crois-moi, je parle d'expérience. Affronte-les. Ça, ce sont les gens courageux. Sinon, si tu n'en a pas la force, cela signifie que tu es faible. Sinon, un jour... Tu vas finir par exploser.

- D'où te vient cette soudaine sagesse ?

- De mon ange gardien. 

AméliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant