Amélia était en plein dans ses révisions, le nez dans ses cahiers. Elle essayait de résoudre un exercice de maths un peu trop compliqué quand la porte s'ouvrit en grand. Surprise, elle regarda qui rentrait d'une manière aussi abrupte. C'était Andrew, évidemment, qui d'autre pouvait rentrer comme cela ? Elle se tourna donc vers lui un sourire aux lèvres. Il avait une petite valise à la main et avait enfilé une casquette, comme s'il allait se rendre quelque part.
- Que me vaut cet honneur ? Demanda t-elle.
- Mademoiselle Amélia, je vous emmène sur Paris !
- Andrew, les examens sont dans à peine quelques semaines ! Arrête de délirez et va réviser.
- J'en ai marre de réviser, dit-il en s'asseyant sur le lit. On ne fait que ça ! J'en ai ras le bol. C'est pour ça qu'on sort !
- On ? Je ne me souviens pas avoir accepté quoi que ce soit.
- Je sais. Mais je sais aussi que tu vas finir par dire oui.
- Désolé de te décevoir, mais c'est un non. J'ai encore une tonne de travail qui m'attends.
- Je ne te savais pas si studieuse.
- Et je ne te savais pas si désinvolte.
- Écoute, on se reverra presque plus après les examens. Il faut qu'on en profite maintenant. Tout de suite.
- Mais...
- Pas de mais ! Il faut qu'on se détende aussi, non ? Allez qu'est-ce que tu attends ? Ce n'est qu'un petit week-end.
- Mais Tamara ? Demanda t-elle hésitante.
- Je lui ai demandé. Mais elle travaille cette semaine. Au risque de te décevoir, nous n'allons être que tous les deux, dit-il avec un clin d'oeil.
- Bon... C'est d'accord. Mais c'est notre dernier sortie je te préviens !
- Oui, oui. Je savais bien que tu allais finir par accepter et venir avec moi. Je suis devin !
- Un sorcier maléfique plutôt.
Pendant qu'il était assis sur son lit et lui parlait de tout et de rien, Amélia en profita pour prendre son sac et y mettre les affaires qu'elle avait besoin durant la nuit. Elle jeta un coup d'oeil à son ami qui bavassait tranquillement. Il savait très bien comment la convaincre pour partir. Il avait le bâton et la carotte. Une fois qu'elle avait fini de prendre tout ce qu'elle avait avait besoin, elle prit un morceau de papier et écrivit un petit mot à Tamara qui était partie travailler.
- En route, mauvaise troupe, cria Andrew.
Elle rit et le suivit vers l'arrêt de bus qu'elle connaissait si bien maintenant. Pendant cette période de l'année, presqu'aucun élève ne quittait le lycée, trop occupé à étudier. La directrice avait donc été surprise lorsqu'elle leur rendit leurs téléphones portables respectifs. « Amusez-vous bien. Mais rentrez à l'heure », leur avait-elle prévenu avant qu'ils ne s'en aillent.
Elle avait observé Amélia de près. Cette jeune fille que son père avait placé ici avait bien changé. La première fois qu'elle était venue ici, son comportement était radicalement différent. Aujourd'hui, elle semblait bien plus calme et épanouie. La raison devait être probablement le garçon qui l'accompagnait tout le temps. Pourtant, ils n'étaient pas avec une jeune fille du nom de Tamara, remarqua la directrice. Cette dernière aussi avait pris beaucoup plus d'assurance depuis l'arrivée d'Amélia. Elle s'était affranchie et était beaucoup plus déterminé. Finalement, Amélia avait réussi à changer grâce à ses amis, mais inconsciemment elle avait aussi eu un impact positif. Elle sourit. Le changement était donc bien à la portée de tous.
Andrew et Amélia étaient montés dans le bus et avait effectué tout le trajet en parlant de leur projet d'avenir, et de ce qu'ils allaient faire après le lycée. Puis, après être arrivés sur Paris ils allèrent chez Jonathan qui n'était une fois de plus pas encore là.
- Mais il n'est jamais là ton ami ou quoi ?
- Si, mais bon... Il est plus occupé ailleurs. Alors c'est pratique. De toute manière, il a plusieurs appartements dans la ville, donc ça ne le dérangera pas.
- Mais comment tu l'as connu ?
- C'était un ami de la famille.
- C'était ? Comment ça ?
- Aujourd'hui, il ne cache pas son homosexualité et l'assume pleinement. Mais il y a quelques années de cela, il ne le montrait à personne. Quand il a enfin voulu le révéler à sa famille... Eh bien, rien de très surprenant. Ils l'ont très mal pris. Ils ont même voulu l'envoyer voir un psychologue. Mais il a préféré partir. Et venir habiter ici. Sa famille l'a complément renié. Ses amis aussi d'ailleurs. Mais il a l'air beaucoup plus heureux ici.
- J'espère pour lui...
Elle sourit tendrement. Andrew ne le montrait pas, mais il était très concerné quand il s'agissait de ses amis. Il les appréciait sans doute beaucoup, il ne montrait pas son amour avec des mots vain, mais avec des gestes et des action. Ils étaient sortis tout l'après-midi sur Paris, et Andrew en avait profité pour acheter des glaces. Qu'il pleuve ou qu'il vente, il avait toujours des glaces à la bouche. Depuis quelques temps, elle le voyait différemment. Sous un autre angle. Lorsqu'ils marchaient tous les deux dans les rues de Paris, Andrew voulut lui montrer un bâtiment, quelques mètres plus loin et il lui prit la main et courut doucement. Elle était désarçonnée par ce contact impromptu, mais elle resserra la pression autour de sa main. Sa main était douce et la rassurait. Cette grande main forte, elle ne voulait plus la quitter. Faites qu'ils ne se quittent pas.
Ils étaient rentrés tôt chez Jonathan, Andrew étant un peu fatigué. Amélia n'avait pas très bien dormi, se tournant et se retournant dans son lit se posant des questions sur ses sentiments envers son ami. Son ami... L'était-il encore ? Le lendemain, Andrew qui était frais et pimpant vint la réveiller et lui servit du chocolat chaud.
- J'aurais préféré un café, dit-elle bougonne.
- Un café ? C'est infect. Les chocolats chaud, ce sont les vrais boissons du matin !
- Et tu as quel âge ? Dix ans ?
- Il n'y a pas d'âge pour un chocolat, dit-il sérieusement.
- Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
- À toi de me le dire.
- On va visiter le sacré coeur ?
- Non, Amélia. Je pense que tu as de meilleures choses à faire non ?
- Comment ça ?
- Ne fais pas l'innocente, dit-il doucement.
- Aller voir mon père ?
- Exactement. Après tout le travail que tu as fais sur toi même, je pense qu'il est temps que tu aille le voir, non ?
- Si. Si... Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? D'un côté j'en ai vraiment envie. De l'autre... De l'autre je me dis que je suis très bien comme ça. Sans lui. Je pourrais continuer à vivre tranquillement, non ?
- Au fond de toi, tu sais qu'il y aurai toujours ce poids. Ce poids de la culpabilité, de la tristesse.
- Je sais... Mais je suis prête à vivre avec.
- Arrête de te mentir à toi même. Il ne te reste plus qu'une étape, pour être en paix avec toi-même. J'en ai bien conscience que c'est la plus dure. Celle qui va être la plus émotionnelle. Mais ce sont toutes ces sentiments qui te façonnent non ? Les bons, et les mauvais.
- J'ai tenu le même discours à quelqu'un d'autre. Je suppose que je vais devoir les appliquer aussi ? dit-elle après un moment de silence.
- Je sais que tu en ai capable, Amélia.
Elle le regarda et sourit. Elle le remercia intérieurement d'être toujours là pour elle et pour le soutenir. Oui, elle allait le faire, parce qu'il était temps d'avoir une discussion avec son père.
VOUS LISEZ
Amélia
Teen FictionAmélia, jeune fille de dix-sept ans est antisociale, bornée et pour couronner le tout à un caractère pas des plus sympathiques. Son père décide donc de l'envoyer dans un internat loin de chez elle où elle y rencontre un personnage qui va chambouler...