Depuis lundi, Jade et son frère ne s'étaient pas adressés une parole de la journée. Vendredi avait remplacé lundi et Édouard n'avait toujours pas décoléré. Jade était de plus en plus inquiète. Il n'avait jamais été aussi en colère. Il ne l'avais jamais ignoré autant de temps. Lors de leur dispute, Jade s'en était allé en se disant simplement qu'il reviendrait lui parler quand il sera calmer. Mais il n'avait même pas essayé de l'approcher. Il n'avait d'ailleurs essayé de parler à aucune de ses amis. Il restait seul, mangeait seul. Toute leur bande savait qu'il se passait quelque chose, mais n'osait pas s'immiscer dans leur dispute. Et puis à quoi bon ? Tout le monde ignorait le problème, l'outrepassait comme si au final il ne s'était jamais rien produit. Jade venait même à se demander s'ils étaient réellement en froid.
Jade exécrait donc Amélia encore plus que cela. Bien sûr qu'elle aimait son frère. Elle ne le démontrait peut-être pas de la même manière que tout le monde, mais c'était indéniable, elle l'aimait. Alors, pendant la pause déjeuner elle décida d'aller voir Édouard. Il était encore ne fois à l'écart, son oeil au beurre noir toujours présent.
- Tu me fais encore la tête ? Je vois, quelle maturité, déclara t-elle quand elle remarqua qu'il ne lui répondait toujours pas.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- Je ne sais pas moi. Déjà me dire pourquoi tu ne manges plus avec nous ?
-Je n'ai pas envie de te voir. Ni eux d'ailleurs.
- Mais ce sont tes amis !
- Le sont-ils vraiment ? Arrête de mentir. Ils ne nous servent qu'à démontrer notre supériorité. Comme s'ils étaient notre petite cour en somme.
- Mais bien sûr que non, dit-elle d'une voix douce en posant sa main sur son épaule. Ce sont nos amis. Nous les connaissons depuis trois ans maintenant. On les aime.
- Vraiment ? Est-ce que tu sais à quoi ressemble l'amour ? Une vraie amitié ?
- Bien sûr.
- Je ne pense pas. Le truc avec toi, c'est que tu n'admettras jamais la vérité. L'évidence. Tu vis dans ton monde. Où tu y règnes. Même moi je ne suis qu'un de tes vulgaires pions pour que tout se passe comme tu le veux.
- Édouard... Tu as raison. Je n'estime pas les autres autant que je le devrais peut-être. Mais toi ? Comment peux-tu penser une seule seconde que je ne t'aime pas ?
- Parce que c'est vrai ! Tu n'aimes personne à part ta petite personne. Je suis trop bête de m'en être rendue compte que maintenant. Mais tu sais ce qu'on dit ? C'est jamais trop tard, hein ?
- Édouard...
- À partir d'aujourd'hui, considères moi comme les parents. Des membres de la famille qui n'ont même pas d'importance. Qu'on voit seulement pendant les repas de famille.
- Arrête de raconter n'importe quoi. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Son coup de poing a atteint ton cerveau ?
- Non. Ça m'a remis les idées en place plutôt. Tu t'en fichais complètement de moi. Si je me fais virée ? Mais pas de problème ! Si les parents le découvrent ? Aucun soucis ! Tout ce qui importe c'est toi et ta petite vie. Toi et tes envies. Et toutes ses années ! Toutes ses fois où j'ai dû me sacrifier pour t'aider ! Je le faisais parce que je t'aimais. Mais toi ? Jamais un merci. Rien. Nada.
- Non, je te suis reconnaissante.
- La reconnaissance est un concept que tu ne peux pas comprendre.
- Bien sûr que si.
- Je te dis que non ! C'est pour ça qu'on ne peut pas discuter avec toi. Tu es si têtue ! J'ai pas envie de me prendre la tête encore plus avec toi. Alors à Noël.
Et il s'en alla malgré les vives protestations de sa soeur. Une larme s'échappa de son oeil et atterri sur le sol. Et l'essuya rageusement et se dirigea vers le prochain cours en entendant la sonnerie. Tout était de la faute d'Amélia. Et elle allait le payer. Et très cher. Elle attendit la fin de l'après-midi et lorsqu'elle prit fin elle se dirigea vers Amélia qui rangeait ses affaires. Elle les fit valser sur les sols, le visage tiré par la colère. Amélia se leva mais Tamara mit sa main sur son épaule pour la calmer.
- Qu'est-ce que tu veux Jade ? Demanda Tamara.
- Tout est de sa faute ! Tout est de sa faute !
- De quoi tu parles ?
- Si Édouard ne veux plus m'adresser la parole. Il ne veut plus me parler !
- Va lui demanda ce qu'il y a ? S'il te plaît. Arrête de nous chercher. Arrête de la chercher.
- Non ! Je suis déjà allée lui parler. Et il a dit qu'il ne voulait plus jamais parler avec moi. Plus jamais !
- Et tu ne te dis pas que le problème viens de toi ? Demanda Amélia d'une voix calme.
Jade ne répliqua pas et resta bouche bée. Tamara en profita pour ramasser les affaires au sol et elle s'en alla avec Amélia. Ils rentrèrent dans leurs chambre et préparèrent leurs sacoches pour partir à Paris. Dans les alentours de dix-huit heures trente ils s'en allèrent donc tous les trois vers l'arrêt de bus où Andrew paya les tickets. Le trajet durait toujours trois heures, voire trois heures et demi lorsque l'autoroute était bloqué. Ils arrivèrent à Paris à vingt trois heures trente et s'en allèrent directement dans l'appartement de Jonathan. Celui-ci s'apprêtait d'ailleurs à partir. « Tiens ! Bonjour ! Ou plutôt bonsoir. Je vais vous donner l'appartement à ce rythme. »
Le lendemain matin, Andrew et Amélia se réveillèrent assez tardivement tandis que Tamara était déjà réveillée et faisait ses devoirs. Ils restèrent à l'appartement pour manger et puis vers quinze heures se dirigèrent au Louvres. Tamara n'y était jamais allée et ils profitèrent pour aller regarder des oeuvres d'art qu'ils n'avaient jamais pu voir. Lorsqu'ils étaient vraiment fatigué d'avoir marché pendant plusieurs heures ils s'attablèrent dans un restaurant pour pouvoir y manger. Cette fois-ci c'était Amélia qui payait. Tamara se sentit encore une fois gênée. Elle ne payait pratiquement rien et sentait de trop. Comme si elle profitait de ses amis. Andrew sentit sa gêne et la questionna.
- Non, c'est juste que... Parfois je me sens vraiment de trop avec vous. Je ne suis pas comme vous. Je ne peux pas me permettre de dépenser mon argent comme ça. Alors...
- On le sait très bien ! On a pas la même situation. Et ce n'est pas de ta faute, le rassura Andrew.
- Écoute, si ça te cause tant de soucis que ça, plus tard, beaucoup plus tard, quand tu seras certainement beaucoup plus riche que tous les deux réunit tu nous offrira un super voyage, d'accord ?
- D'accord, répondit Tamara en riant.
Sans même s'en rendre compte, Amélia avait le don pour trouver les mots juste et la rassurer tout en la faisant rire. Elle lui lança un sourire et continua son repas. Ils restèrent pendant près d'une heure en discutant tranquillement. Puis, à la fin du repas, ils se dirigèrent vers la colline tant adorée et se posèrent pour pouvoir discuter avec le cadre de Paris la nuit, qu'affectionnait tant Tamara. Le paysage n'avait pas changé depuis la dernière fois. Toujours cette atmosphère calme et apaisante. Toujours les lumières et le contraste entre la ville si bondé et le calme de la colline qui fit sourire Amélia.
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Amélia
Novela JuvenilAmélia, jeune fille de dix-sept ans est antisociale, bornée et pour couronner le tout à un caractère pas des plus sympathiques. Son père décide donc de l'envoyer dans un internat loin de chez elle où elle y rencontre un personnage qui va chambouler...