Chapitre 8

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Habituellement, je passais mon dimanche à traîner dans les rues avec Nathan, une bouteille à la main. Ici, l'atmosphère était totalement différente, opposé. Je révisais tranquillement assis sur le lit à côté d'Isabella.

Des gouttes d'eau tombaient régulièrement à l'extérieur sur la fenêtre. Créant une douce mélodie. Tout était calme, un peu trop. Albert frappa à la porte pour nous demander si nous ne manquions de rien. Malgré son physique effrayant, Albert était un homme attentionné. Olympe m'avait conseillé de me méfier de toutes les personnes encadrantes, d'après elle, ils étaient sous l'emprise du comte. Alice m'avait aussi dit de me méfier des apparences ce qui me rendait de plus en plus paranoïaque. Seule Isabella me paraissait normal, digne de confiance. Elle referma le livre de S.V.T qui se trouvait sur ses genoux pour se tourner vers moi.

- Ambre je peux te poser une question ?

Je refermais mon cahier à mon tour, et lui répondis d'un hochement de tête.

- Pourquoi tu es ici, toi ? Demanda t'elle d'une voix douce comme le miel.

- Disons qui je ne suis pas une fille exemplaire, je me suis fait raccompagner par les flics, un soir chez moi.

- OK, ça te fait un point commun avec Léo.

Elle prit un air triste et baissa la tête.

- À la mort de ma mère, ma tante m'a pris en charge. C'est une gentille femme, elle est célibataire et n'a pas d'enfant alors m'accueillir ne l'a pas dérangé, bien au contraire. Le problème c'est qu'elle travaille beaucoup, elle est hôtesse de l'air et n'est jamais à la maison. Elle n'avait pas de temps de s'occuper de moi, alors elle m'a envoyé ici. Elle connaissait bien les lieux, elle aussi est venu étudier ici, quand elle était plus jeune. D'après elle c'est un bon établissement. Tout ça pour te dire que je suis vraiment contente d'avoir quelqu'un avec moi, d'habitude je passe mes week-end seule, dans cette petite chambre. Alors merci d'être resté !

Elle m'adressait un grand sourire, je l'ai pris dans mes bras pour lui monter qu'elle comptait beaucoup pour moi.

Elle descendit du lit pour récupérer un classeur.

- Oh ! Regarde, il ne pleut plus ! S'exclama-t-elle avec joie en pointant la petite fenêtre du doigt, ça te dit de faire un tour !

J'acquiesçais et mis mes chaussures puis enfilai mon manteau. Isabella m'attendait déjà en bas des escaliers, impatiente de sortir. Albert nous ouvrit la porte et nous demanda de ne pas traîner prêt des grottes, avec la pluie il pourrait y avoir des éboulements. Nous empruntions donc le chemin en direction du cimetière.

Un silence de mort régnait dans la forêt. Il n'y avait pas un bruit, pas un gazouillis. L'ambiance était stérile. La brume nous encerclait peu à peu, ça n'empêchait pas Isabella de se réjouir de cette balade. Elle galopait devant, je ne pouvais pas suivre son rythme avec ma cheville foulé. Elle s'arrêta soudain net, en me faisant signe de me taire.

Nous approchions du cimetière, deux silhouettes ressortaient de l'épaisse brume. Il attendait tête baisser devant une tombe. En nous rapprochant, je pus distinguer le comte accompagné d'une élégante femme. Isabella ne s'arrêta pas, elle filait à une vitesse !

Je pu distinguer le visage de la femme, elle se retourna quelques secondes découvrant qu'elle était observée. Elle possédait un visage fin, sa chevelure noir corbeau lui tombait raide sur les épaules, ses lèvres étaient d'un rouge vif, je fus pétrifié en regardant ses yeux, rouge sang avec une étrange lueur dansante. Mon cœur s'accéléra, son regard s'immisçait en moi, une voix cassante et sèche résonna dans ma tête.

"Si tu plonges ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi."

J'avais envie de vomir, ma vision se troublait et surtout je n'arrivais plus à respirer !

La mystérieuse femme se retourna, je pu à nouveau respirer, je tombais sur les genoux, mis quelques temps avant de pouvoir me relever. Je voulais partir, le plus loin possible d'ici, le plus loin de cette femme.

Malgré la douleur, je courus pour rejoindre Isabella, ma cheville avait doublé de moitié.

- Isa.. Isabella ! C'était qui cette femme !? Demandais-je haletante.

- Avec le comte ?

Je hochais la tête, je n'avais pas le souffle nécessaire pour lui répondre.

- C'est sa femme, Lilith !

- Ok, qu'est-ce qu'ils faisaient dans le cimetière ?

- Ils vont fleurir la tombe de leur fille tous les dimanches...

- Ils ont une fille ?

- Ils avaient, elle est décédée, elle s'est noyée dans le lac. C'est Albert qui me l'a dit.

Nous rentrons au manoir, avant que les gouttes ne tombent. Albert nous attendait avec du thé et des petits gâteau, ce vieil homme était un amour. Il nous laissa tranquille le reste de la soirée.

Je voulais en savoir un peu plus sur ce fameux comte. Et pour cela, je savais à qui m'adresser. Comme me l'avait dit Olympe, elle détenait toutes les réponses. J'attendis qu'Isabella s'endorme pour sortir de ma chambre pour rejoindre Alice.

Je me déplaçais silencieusement dans le couloir sombre. Le parquet grinçait, même en marchant sur la pointe des pieds. J'arrivais au niveau des escaliers, plus que quelques marches et je pourrais rejoindre Alice. J'agrippais la rampe de l'escalier pour ne pas tomber, ma cheville me faisait horriblement souffrir. J'entendis comme un grincement derrière moi.

- Ce n'est pas un lieu pour les étudiants !  

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