Chapitre 48

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Je me frayais un passage entre des petits buissons. Les sous-bois en étaient remplis. Éclairé par le halo rougeâtre de la lune, je restais sur mes gardes à l'affût du moindre bruit. Les succubes n'étaient pas loin, j'entendais leurs petits cris crispant se rapprocher.

Cependant, mon esprit était ailleurs. Je pensais à Tim, comment j'avais pu oublier cette soirée. Je n'avais aucun souvenir de ce baiser, pourtant lui s'en souvenait. Mes pensées étaient confuses, je n'arrivais plus à me concentrer.

Mon portable se mit à vibrer, je sursautai, j'avais oublié que je l'avais.

J'allumais l'écran d'une simple pression du doigt. J'avais un message d'Olympe, je l'ouvris à la fois excité et inquiète. À ma plus grande déception, ce qu'elle annonçait était tous sauf une bonne nouvelle.

" Attention, le comte, Léo, Nathan, dans la forêt "

Nous n'avions décidément pas besoin de cela.

Au même moment, un succube couvert de sang déboula devant buisson, haletante. La créature semblait folle, ses yeux roulaient dans leur orbite et elle se pliait en deux.

Je reculais effrayer, une deuxième créature la rejoignit. Elle me regardait en penchant étrangement la tête sur la droite. Son visage était rempli d'escarts et de plaies béantes.

L'une d'elles se mit à hurler et me sauta dessus d'une rapidité fulgurante. J'esquivai au dernier moment et elle se prit le tronc d'un arbre.

Sans me retourner, je pris mes jambes à mon coup en évitant racines et arbres. La deuxième me rattrapa m'enfonçant ses griffes dans le mollet droit. Je m'effondrai au sol en hurlant de douleur.

Dans un état second je sortis mon couteau suisse, me retournai et plantai la petite lame dans le flan du succube. Celle-ci hurla et lâcha prise.

Je me relevais avec difficulté, couru le plus vite que je pu, sortit de la forêt pour arriver juste en face du lac. J'étais perdu, je n'avais nulle part où aller, je me retournai pour faire face aux créatures.

Bizarrement, elles ne dépassèrent pas la limite de la forêt. Elles étaient dorénavant trois. Elles fixaient en grognant un point derrière moi, et refusaient d'avancer pourtant ce n'était pas l'envie qui leur manquait.

Je me tournais avec la peur au ventre, la chose devait être énorme pour effrayer autant les succubes.

Il n'y avait rien derrière moi. Je ne remarquai pas tout de suite l'eau du lac qui bouillait étrangement. Je me mis à sourire, l'eau bouillonnait au niveau du reflet de la lune.

" L'obscurité il devra, dernière le disque blanc elle sortira "

L'eau arrêta de bouillonner, une jeune fille sortit la tête de l'eau. Mon sourire s'effaça. La jeune fille possédait des cheveux noir corbeau, un visage fin, elle était magnifique. Pourtant, elle m'effrayait, elle était une copie conforme de Lilith, avec une seule exception, des yeux bleus pure. Cela ne faisait aucun doute c'était la même fille que dans mes rêves.

Elle sortit entièrement de l'eau toute ruisselante, elle possédait une longue robe blanche qui lui collait à la peau.

Elle fit un geste de la main et succubes partirent en courant et en couinant.

Elle se tourna vers moi, me fixa dans les yeux j'avais l'impression qu'elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Je remarquais des marques de strangulation dans son cou, je frissonnai.

- Ambre, tu es la première à me trouver, félicitations, s'engagea t'elle d'une voix mélodieuse et détaché.

- Ce n'est pas...pas possible, tu es...

- Arthémis, en effet.

Elle me fixa quelques secondes puis :

- Je vois, tu penses que parce que je suis la fille du comte et de Lilith je ne vais pas vous aider.

- Comment est-ce que...alors tu vas...

- Je peux lire dans les pensées, pour la seconde question je réfléchis encore, qu'elle est vraiment ton intention ?

Elle ne possédait aucune expression, c'était terrifiant. On aurait dit un automate. Je n'arrivais plus à réfléchir, j'étais complètement à la ramasse.

- Je vois, tu veux les sauver, tu n'as jamais rien voulu d'autre, ton cœur est pure Ambre, je vais t'aider.

- Quoi, je...enfin je veux dire si vous nous aider, vous devez aussi tourner le dos à vos parents.

Qu'est ce qui me prenait de la vouvoyer. Elle m'impressionnait à ce point ?

- Si tu pars du principe que mon père m'a assassiné pour me protéger, je ferais la même chose pour le protéger ! Préviens tes amis avec ton mystérieux rectangle lumineux. Ah et je sais que je t'impressionne mais tu peux me tutoyer ou bien m'appeler Arthémis. Tu n'as pas besoin de parler j'ai déjà entendu ta réponse.

- Euh j'ai juste une question Arthemis, ton pouvoir c'est de...

Elle me coupa encore une fois la parole.

- Pas exactement, mon pouvoir qui me permet de lire dans les pensées de même que m'insinuer dans les rêves, c'est de naissance, je l'ai hérité de ma mère qui l'a elle-même héritée de son père. Je peux faire un tas d'autre chose mais qui cette fois vient de la malédiction.

Je récupérais mon portable de ma poche en tremblant, avertit les autres.

Arthemis était déjà en route devant moi, je peinais à la suivre avec mon mollet blessé. Une question me brûlait la gorge mais j'avais trop peur de lui poser. Hélas, j'avais oublié qu'elle lisait dans les pensées même les plus enfoui.

- Mon père m'a tué pour me protéger, le maître des enfers voulait s'emparer de mon corps, s'en servir de réceptacle, ce qui m'aurait tué. Alors il a préféré le faire lui-même et me maudire à jamais pour que je vive éternellement. Il a dû faire ce jour-là le plus grand des sacrifices, me dire au revoir à tout jamais. Comme les quatre autres, si je devais vivre avec lui, il absorberait tous mes pouvoirs et mon énergie trop vite et je finirais par mourir.

Ces révélations me glacèrent le sang, je n'avais pas tout compris à son histoire de réceptacle mais je ne voulus pas savoir plus, s'était déjà assez.

Elle avançait vite dans le bois, elle semblait connaître le chemin par cœur. Nous ne mîmes pas longtemps à arriver au temple, cependant il était déjà trop tard.

Tim était à genou, le visage inondé de larmes. Lilith souriait de toutes ses dents, elle caressait un énorme chien à trois têtes. Léandre était inerte sur le sol, le comte à quatre pattes haletantes blanc comme un linge. Mercredi introuvable, tous fixaient le miroir briser en mille morceaux sur le sol. 

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