Je restais pétrifié et fut prise de haut le cœur. Tim était recroquevillé, entièrement nu sur le sol de terre battue. Il n'était plus qu'un amas de chair et de sang. Des plaies ouvertes recouvraient son corps, nous pouvions même apercevoir le blanc de l'os à quelques endroits. Seule son visage avait été à peu près épargné, tout le reste était strié de griffures. Le sol était couvert de sang, son sang.
Il n'avait pas bougé depuis que nous étions arrivés. Je me penchais vers lui pour prendre son pou. Je ne savais même pas où poser les doigts sans lui faire. J'essayais d'être là plus délicate possible ce qui provoqua un râle de douleur intolérable chez le jeune homme. Il devait souffrir le martyr.
- Faut le sortir d'ici !
- On devrait peut-être être le couvrir avant...
- Attend Olympe ! C'est le fait qui soit nu qui te choque ! Sans déconner ta vue dans quel état il est ! Il y a plus urgent à faire !
Je sortis le matériel de premier secours de mon sac à dos. Je ne savais pas par où commencer, son état était tellement catastrophique. Je m'occupais des zones les plus critiques, là où l'on pouvait observer l'os. Il avait ainsi les mollets et quelques zones au niveau des bras recouvert de bandages.
- Il faut le sortir d'ici maintenant !
- Désolé, Ambre mais...je ne peux pas !
- Qu'est-ce que tu racontes !
- Crois-moi, cette douleur on ne s'en remet jamais ! Le mieux à faire vu son état c'est d'abréger ses souffrances...
- Tu veux le tuer, t'es complètement dingue !
- Non, j'ai vécu la même chose ! Souviens-toi de mes jambes, pas une minute ne se passe sans que je souffre. Si j'avais pu choisir j'aurais préféré mourir !
- Arrête de dire n'importe quoi et aides moi !
Je passais les bras droits de Tim autours de mon épaule. Olympe fit de même avec le bras gauche. Tim se réveilla en hurlant, s'évanouissant à cause de la douleur presque aussitôt. Nous le trainions comme le pouvions à travers le couloir.
- T'es sûr de toi la ! J'ai l'impression qu'il a l'épaule déboiter tous ce qu'on fait c'est aggraver ses blessures !
- Tu as une autre solution Ambre ?
Je sentis de déception dans sa voix.
- Non, désolé... Continuons.
Nous avions mis un quart d'heure pour franchir l'escalier qui n'était même pas un tiers du chemin, en plus de ça un escalier deux fois plus long que celui-ci nous attendait.
Aucune présence de Lilith, nous profitions de ce calme pour traverser l'appartement du mal incarné.
- Il met du sang partout !
Olympe avait raison il était facile de suivre notre trace avec ces traînées rouges.
- On reviendra nettoyer si on a le temps ! On doit se dépêcher !
La monté du deuxième escalier fut encore plus éprouvant. Tim se réveilla deux fois en hurlant avant de s'avanouir dans les secondes qui suivirent. Olympe s'arrêta devant le miroir d'Alice. Faire traverser Tim serait une mauvaise idée, il souffrait déjà assez. Cependant il faudrait nettoyer les traces de sang jusqu'ici, pour faire croire qu'il se trouve ici.
Le parquet grinçait, nous avions fait plus discret en manière de déplacement.
Nous arrivions toutefois à la bibliothèque. Installions Tim a même le sol dans l'espace-temps d'Olympe, qui elle, répartit pour nettoyer les marques de sang sur le sol.
Tim tremblait et gémissait, je ne savais pas comment réagir, la douleur allait finir par le tuer !
J'avais déjà regardé des films historiques sur la première guerre mondiale. Des bandes vidéo d'archive montraient des hommes blessés dans des explosions, par balles ou même manger par des rats. Mais aucune de ces images me montraient quelqu'un dans un aussi mauvais état que Tim.
Il avait le teint pâle, livide. Ses yeux se mirent à rouler dans leur orbite. Il tenta de formuler quelques mots incompréhensibles avant de s'évanouir.
Je m'agenouillais à côté de lui pour panser un maximum de blessures. Les bandages étaient à peine posés que le tissu blanc prit une teinte couleur rouille.
Après la tâche effectuer, le grand blessé ressemblait plus à une momie qu'à autre chose.
Je posais délicatement sa tête sur un oreiller et le recouvris avec un drap blanc pour qu'il évite d'attraper froid.
Il se réveilla quand je l'embrassais sur le front, l'une des seules partit de son corps indemne. Il esquissa un sourire très vite remplacé par un rictus de souffrance.
Des larmes coulaient sur son visage au teint pâle comme de la porcelaine. Il fut pris d'une quinte de toux, puis cracha un filet de sang.
- Merci..., souffla t'il entre deux râles de douleur.
- Je suis vraiment désolé, tout est de ma faute ! Je vais essayer de trouver des anti-douleurs à l'infirmerie !
Je me relevais et quittais la pièce au moment où Olympe arrivait. Elle avait nettoyé toutes les traces de sang. Je lui demandais de s'occuper de Tim en mon absence.
À l'infirmerie, il n'avait rien mis à part du paracétamol. Je récupérais aussi du désinfectant, des compresses et quelques rouleaux de bandage.
- Alors maintenant on dévalise l'infirmerie ! Me fit remarquer Albert.
- Vous m'avez fait peur ! C'est pour Tim.
- Tu l'as retrouvé, c'est une bonne chose !
J'éclatais en sanglots je n'arrivais plus à retenir ma peine. J'avais honte de me lamenter de la sorte alors que mon ami vivait l'enfer.
- J'ai peur qu'il ne passe pas la nuit !
Albert m'obligeait à m'asseoir sur un lit de l'infirmerie.
- Il est si mal en point que ça ?
- Vous en n'avez même pas idée ! Il n'est qu'une plaie ambulante !
- C'est à lui tout ce sang sur tes vêtements ?
- Oui.
- Alors file vite avec tout ce que tu as pris la !
Je rejoignis Olympe en vitesse et lui confia le matériel récupéré a l'infirmerie. Cela me brisait le cœur d'abandonner Tim ainsi. Je le devais, mon absence serait suspecte. Cela était-il une excuse pour échapper à la dure réalité ? J'avais vraiment des doutes. Tim serait entre de bonnes mais avec Olympe, après tous elle m'avait prévenu. J'aurais du tout arrêter quand il était encore temps, voilà ou cela nous menait. Et je craignais que ce soit bientôt mon tour.
Je regagnais ma chambre discrètement, Isabella m'attendais avec inquiétude. Ses yeux s'écarquillèrent en me voyant.
- Ambre ! À qui est tous ce sang sur tes vêtements ?!
Je ne pus répondre, tombais à genou et pleurais toutes les larmes de mon corps.
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Le Manoir
ParanormalAmbre Meyer, 17 ans, vit depuis toujours dans les banlieues de la capital. Ses parents s'inquiétant de ses fréquentations, ne trouvent pas d'autre solution que de l'envoyer dans un pensionnait très éloigner de chez eux. En découvrant le pensionnat...