Peur. 48

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Je trottine vers la chambre d'où provient le cri.
Là bas, au fond du couloir.

Mon cœur se remet à battre.

Je pousse du doigt la porte, pénètre dans la chambre... Puis me fige.

Désolée, trop de personnes qui se figent dans cette histoire.

Elle est là, assise sur son lit.
Les cheveux en bataille, les yeux grands ouverts.

- Ferme ta gueule, Judith, lui balance une voix rauque provenant du lit à côté d'elle. Ta gamine elle est pas là, casse pas les couilles.
- T'as raison, répond ma mère en se frottant les tempes. Je.... J'ai rêvé encore.
- T'es pas la première à qui l'alcool donne de mauvais effets. T'inquiète ça va peut être passer un jour, mais pour le moment essaie de pas trop gueuler steuplé. J'ai le crâne en compote.

Mes pieds avancent doucement.

- Maman ?...

Je la vois se redresser sur son lit et écarquiller ses yeux.

- Alma...
- Je suis désolée, dis je dans un souffle. Maman... Tu m'as tellement manqué...

Je vais me jeter dans ses bras, me foutant des fils qui l'entourent et qui l'empêchent probablement de bouger à sa guise.

Je la sers fort contre moi, humant ses cheveux, son odeur, ses vêtements.
Elle, tout simplement.

Elle ne lâche pas son étreinte non plus, ce qui fait qu'au bout de quelques minutes nous sommes toujours ainsi enlacées.

- Ma petite fille, je l'entends chuchoter. Je... Je suis désolée aussi, j'aurais dû te prévenir... Pour tout... Avant...
- Et moi je me sens coupable de t'avoir abandonnée comme ça, je n'aurais jamais dû, une fille ne fait jamais ça à sa mère...
- Tu n'as pas imaginé à quel point je m'en suis voulue, jamais non plus une mère ne fait ça à sa propre fille...
- Je te demande pardon.
- Moi aussi.

Silence.
Nous nous regardons dans les yeux, souriant, pleurant.

Ouais ouais ça fait fragile. Je sais.

- Bon euh, les retrouvailles à la Dirty Dancing, c'est pas bientôt fini ? Je voudrais dormir putain.

Je rigole et répond à la voisine de chambre :
- Dirty Dancing, c'est un peu abusé.
- Ouais, bah on fait avec les moyens du bord.


Deux heures plus tard.
Avec ma mère, qui a eu le droit de sortir de sa chambre, nous nous tenons assises à la cafétéria de l'hôpital, sirotant un café.

Je lui ai raconté le déroulement de ma vie depuis que je suis chez mon père. Je lui parle du bac, de mes amis... Et de mon agression aussi.
Elle s'est inquiétée de mon état et a fortement insulté le groupe. Elle a menacé de porter plainte contre la police si les recherches ne menaient à rien.

Comme si ça allait faire quelque chose.

Puis on a parlé du futur.
Comme mon père doit retourner sur Paris, je me retrouve dans l'embarras. Elle, n'a plus les moyens de garder son appartement, puisqu'elle n'a plus de boulot. Elle a été licenciée suite à sa consommation d'alcool de plus en plus intensive.

Alors, je me dis que peut être, il serait possible qu'on vive toutes les deux dans l'appartement sur Caen, en attendant de trouver mieux. Comme ça, on pourrait repartir sur de meilleures bases et commencer quelque chose de mieux.
Sans mensonge.
À la quête d'un idéal.

Il a bien fallu que je retourne dans ma chambre à un moment, et autant dire que je me suis bien faite engueuler. Hortense m'a bien fait comprendre que quitter mon lit comme je l'ai fait est quelque chose que je ne dois en aucun cas renouveler, que des jeunes me croyant morte se baladent dans la nature et que par conséquent ma sécurité ne peut pas être assurée si je vais me balader un peu partout.

D'ailleurs, des flics m'attendaient dans la chambre quand je suis revenue.
Ils m'ont bien fait flipper les cons. Ils jouaient les gros durs comme dans les séries, sauf qu'on est à Caen et que ce n'est absolument pas crédible.
Ils m'ont ainsi demandé des portraits robots de tout ceux dont le visage me revenait en tête. J'ai réussi à en réaliser, avec l'aide d'un ordi, la quasi totalité.

Tous les soirs, je m'endors en pensant à ce que ces gars feraient s'ils me voyaient.

Flippant.

Et tous les jours, Orelsan vient me voir, s'inquiètant de l'évolution de mon état et me donnant des nouvelles de l'enquête.
Peu optimistes dans le moment.

Mais on ne perd pas espoir.
N'est ce pas.






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Comme prévu, le 3e chapitre 😉
J'essaierai de reposter en fin de semaine si j'ai des chapitres en rab, sinon rdv la semaine prochaine

Bonne journée 😘

Mon père et ses histoires à raconterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant