Orel #6. 49

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- Dis, tu vas encore la voir ?
- Bah ouais, comme tous les jours.

Capucine soupire et se ratatine sur elle même sous la couette. Elle me lance un regard aguicheur, en me regardant enfiler mon sweat.

- Nan Capute, pas maintenant.
- Mais allez.... Ça fait longtemps.
- Et hier soir c'était quoi ?
- Mmmmmmh.... Me souviens pas d'hier soir.
- C'est ça. Bon allez j'y vais.

Je me baisse pour effleurer ses lèvres, mais elle m'attrape brusquement le bras. Son expression a totalement changé.

- Orel, j'ai peur. Ya des gens qui passent devant l'immeuble tous les jours.
- Bah c'est des passants, on habite dans une rue agitée jte rappelle. Et encore, on est pas à Paris...
- Nan, c'est pas des passants. Je les ai regardé une fois, ils nous observent vraiment et ils font des tours de garde. Comme s'ils allaient nous sauter dessus. Je suis pas rassurée et j'aime pas te savoir toujours fourré au CHU.

Je reste confus quelques secondes.
Elle est mignonne ma Capute, mais elle a tendance à se faire beaucoup de films.

- Ptet que c'est juste des paparazzis... Comment tu veux que je sache.
- Va voir, jsuis sûre ils sont encore là.

Soumis comme je suis, je me lève et vais discrètement me poser contre la fenêtre.

Il est 14 heures, il fait moche, seuls quelques courageux se balladent, en bas.
Puis mon œil est attiré par trois silhouettes, en bas, sur la droite.
Trois silhouettes enveloppées dans des longs manteaux noirs. Presque ausssi discrètes que Gringe et moi quand on va voir Alma.

Je plisse les yeux.
Elles sont sous un auvent de boucherie et ont l'air de pas savoir quoi foutre.
L'une sort un téléphone de sa poche, mais une autre lui donne une tape sur les doigts, alors elle le range.

Putain.
C'est clair que c'est chelou.

Je m'écarte de la fenêtre et lance un coup d'œil à Capucine.

- OK, ya des gens qui semblent attendre quelque chose. Mais rien ne dit que c'est pour nous, alors destresse. Pète un coup ma belle.
- C'est sûr que ça va m'aider à me rassurer ça, raille t elle en rabattant la couette sur elle.
- Mooooooh. Allez, à toute.

Je sors de la chambre, vais chercher mon vieil imper dans le salon puis claque la porte d'entrée.

Au moment où je sors de l'immeuble, je sens le regard de ces personnes pointé sur moi.
Je me mets alors à comprendre Capucine, ils sont légèrement flippants. Comment j'ai fait pour pas les voir jusque là ?

Décidé à savoir qui ils sont véritablement, je regarde à droite, à gauche puis traverse la rue. Du regard je les vois qui s'agitent.

Au moment où j'arrive pile face à eux, ils se tournent doucement, et je ne vois plus que leur dos.

La discrétion on repassera.
Ils ont pas intérêt à se foutre de ma gueule.

- Je peux savoir ce que vous faites ici ? je leur lance.

Aucune réaction.
Je réitère ma question, et l'un d'eux finit par se tourner en me crachant violemment à la figure :
- Circulez monsieur, ya rien à voir ici.
- Bah je voudrais savoir ce que vous foutez sous ma fenêtre depuis quelques jours. Enfin, je demande ça parce que ma copine ça fait 3 jours qu'elle sort plus parce qu'elle croit que ya des terroristes qui vont lui sauter dessus dès qu'elle va sortir. Donc si vous me dites pas qui vous êtes, m'en fous je reste là.

Et je me fige, les mains dans les poches.

Je les vois qui se consultent du regard. L'un d'eux finit par se retourner, me dévisage et me fait :
- En fait on est...
- Ta gueule putain, le coupe le premier m'ayant adressé la parole. Dégagez monsieur, on n'a rien à vous dire.
- Votre collègue était deter à dire quelque chose. Vous êtes quoi, des flics en planque, pour rien dire comme ça ?
- Bah ouais, lâche le deuxième, qui se rend compte de sa connerie en voyant le regard que lui jette celui que je considère comme le boss.

Je reste con.
Des flics ?
Devant chez moi ?

Putain ils ont intérêt à avoir une bonne excuse.

- Bon, puisque vous êtes pas décidé à bouger, soupire le boss, ouais on est censé être en planque pour surveiller votre maison. Votre nièce vit chez vous et comme on n'a toujours pas retrouvé ses agresseurs, on a peur qu'ils s'en prennent à vous.

Cette grosse blague.
Bon j'ai du dire que Alma était ma nièce pour éviter le scandale.

- Vous avez peur que des gamins sans couilles viennent m'attaquer en pleine nuit ? Vous pensez sérieusement qu'ils vont se balader dans Caen, voir ma rue, se dire "oh, c'est là que la meuf habite, venez on retourne la voir"? Mais putain, vous vous rendez compte que c'est une perte de temps ce que vous faites là ? J'arrête pas d'entendre dire que les flics sont surmenés et qu'il n'y en a pas assez et je découvre que yen a trois qui passent leur journée à rien foutre ! En plus vous osez dire que vous retrouvez pas ces fils de putes, mais c'est pas en restant plantés là que vous trouverez des résultats. Vous savez ce que vous allez faire d'utile ? Vous allez rentrer voir votre boss et lui dire qu'il devrait réfléchir à deux fois avant d'envoyer ses hommes en planque, surtout devant un mec qui est au courant de rien. Parce que ma meuf elle a vraiment gaffe flippé. Dégagez maintenant.

J'essaie d'avoir l'air menaçant pour paraître crédible, puis les observe s'éloigner doucement. Le boss me fixe longtemps avant de s'en aller également.

Je sors mon portable de ma poche pour prévenir Capute, mais constate que j'ai un message d'Alma.

Putain faut que toi et Gringe vous me rendiez un gros gros gros service

Mon père et ses histoires à raconterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant