Daughter of a King. 18

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- Carlos...
- Me juge pas.
- Oooh que si je te juge. Bordel d'où tu parles comme ça avec une meuf que tu connais pas ?
- C'est pas ce que tu crois.
- Comment c'est pas ce que je crois ? Mec tu parles de cul ! Si ça se trouve c'est un vieux pervers dégueulasse qui a qu'une envie, te rencontrer et te couper la gorge...
- Weeesh eh calme toi, cette meuf elle est clean, je... Je l'ai déjà vue.

Oow.

- Ah ouais d'accord.
- Nan, pas vue au sens propre ! Jveux dire, j'ai vu des photos d'elle. C'est quelqu'un comme toi et moi.
- Ouais... Enfin nous on parle pas trop de cul que je sache.
- Rooo je t'ai dit de pas me juger !

On n'a pas le temps de continuer la conversation, le tram arrive et on s'engouffre à l'intérieur en vitesse.
Je file m'accrocher à une barre, rapidement suivie par Carlos.

- Le Cargö peut contenir combien de personnes ? je demande, histoire d'entretenir la discussion.
- Je sais pas. Deux cent, trois cents peut être. Ou plus...

Ce soir.... On sera trois cents.

Trois cents personnes venues acclamer Orelsan.
Venues acclamer mon père.

J'ai des frissons qui viennent me parcourir la nuque.

19h.
Plus qu'une heure à attendre.
On a réussi à entrer dans la salle parmi les premiers, et actuellement on est à cinq mètres de la scène.

On a une vue imprenable.

On a surtout eu une putain de chance.

Je reçois un message d'Eulalie qui me souhaite un bon concert. Elle aurait bien aimé venir également, mais son copain et elle avaient prévu de se faire un ciné. "Une prochaine fois", lui avais je promis.

Je n'ai pas révélé aux filles la réelle nature de mon père. Ce n'est pas que je ne leur fais pas confiance, mais on sait jamais entre les mains de qui ça peut tomber. Et j'ai pas envie qu'on me raille, qu'on dise que je m'invente une vie.

19h30.
Le moment tant attendu approche.

Enfin.

Je n'arrive plus à contrôler mon corps. Il tremble, il transpire. Heureusement que j'ai pris mon déo, ça permet d'éviter le malaise de mes voisins.

- Tu tiens le coup ? me crie Carlos.

Il n'est pas encore l'heure, mais le boucan est assourdissant, surtout dans la fosse.

- Un peu que je tiens le coup ! je lui crie dans les oreilles avec un grand sourire.

Non.

Je vais pas tenir le coup.

Mon ventre commence à me faire de plus en plus mal.
Ma tête va exploser, et le bruit n'arrange rien.
J'aurais dû prendre des cachets.
J'ai plus qu'à supporter, maintenant.

20h00.

D'un coup la salle tombe dans la pénombre. Les gens crient, se mettent à applaudir.
Nous les imitons.
Je me hisse sur la pointe des pieds, afin de voir l'arrivée de la personne pour qui je suis venue.

La personne qui deviendra la plus importante pour moi quand je la verrai de mes propres yeux.

Un air familier se met à retentir.
C'est La Terre est ronde.

Je me surprends à chanter les paroles, par cœur, alors que je n'ai pas tant écouté la chanson que ça.

Mais c'est juste l'instru qu'on entend. Il manque un élément crucial.

- Regarde, REGARDE ! me braille Carlos.

Il me pointe du doigt la droite de la scène.

Là.

Mon père et ses histoires à raconterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant