Rebelote. 43

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Ah non.
Non non non.

Tout...
Mais pas eux !!

Pas encore...

Affolée, je plaque mes mains sur mon crâne nu. Mes cheveux commencent à me fouetter le visage et, figée, je n'ose plus tenter de bouger.

Merde.
Putain.
Fais chier.

Il fallait que je retombe sur ces connards.

Le rouge me monte aux joues très rapidement et je me tourne doucement vers la personne qui m'a volé la casquette.
C'est un gamin d'à peine treize ans, à en juger par sa taille. Il est en train de la plier avec une tête d'abruti.

Pourquoi suis je revenue ici ?...

Il n'est pas seul, bien entendu.
Le même groupe que la dernière fois l'encadre.

Je reconnais Ribéry, le trapu et le blond. Et tous les autres.

Eux aussi me reconnaissent.

Le blond fronce les sourcils et donne un coup de coude à Ribéry.

Un sourire annonçant peu de bonnes nouvelles se pointe sur son visage.

Je me mets à marcher plus vite. Tant pis pour la casquette, elle n'avait aucune valeur sentimentale.
J'entends le groupe se mettre à me suivre et à rigoler fort.

Je suis encore loin du parking, peut être 500 mètres à parcourir. Je peux essayer de passer par des raccourcis pour y arriver plus vite, mais qui sait ce que ces malades peuvent faire ?...

- Eh, Flavie ! Ça fait un bail, tu nous avais oublié ?
- Viens là ma pute, tu m'avais manqué !
- Sale chienne, tu vas voir comment on va te niquer ta race !

Vous auriez fait quoi à ma place ?

En tout cas moi j'ai couru. J'ai couru comme rarement j'ai couru.
Si j'avais sprinté comme ça en sport cette année j'aurais été la première de la classe.

Je bifurque à gauche dans une ruelle et pousse quelques personnes pour aller plus vite. Derrière moi j'entends des cris de protestation et des insultes, car les connards ont renversé quelqu'un. Plutôt satisfaite et soulagée, je continue à courir en ralentissant le rythme.
Je débouche sur la place du marché, où traînent des couples et des bandes de potes. Je la traverse au pas de course, mais quand j'arrive à l'extrémité je vois que mes coureurs ont trouvé une autre voie et se dirigent vers moi.

D'un air paniqué je me remets à courir, cherchant du regard quelqu'un pour m'aider. Mais les gens autour de moi semblent habitués à voir des jeunes se faire des courses poursuites, alors ils avancent tête baissée en se demandant ce qu'ils vont regarder à la télé ce soir.

Putain.

- FLAVIE ! RAMÈNE TON CUL ICI SALE TCHOIN !!

Non.

Jamais je ne tomberai entre leurs mains.
Vu les saloperies qu'ils m'ont lancée la dernière fois je ne pense pas que je m'en sortira vivante.

J'ai une pointe de côté.
Je suis en manque de souffle.
J'ai mal au ventre et aux jambes.
Je transpire sous ma veste.

Mais j'ai peur.
J'ai encore quelques forces pour aller jusqu'à chez maman.
Je peux fuir ces gars.

Alors je cours si vite que j'ai l'impression de flotter.

Mais ça ne suffit pas.

Je sens des mains se poser sur mes épaules pour me forcer à m'arrêter. Je sens qu'on tire mes cheveux également, alors je me stoppe, afin que ça s'arrête.

Putain.
Bordel de merde.

Pourquoi j'ai pas écouté Inès ? Pourquoi j'ai pas changé de plan en voyant que Carlos ne s'était pas pointé ?

Pourquoi suis je revenue ici ?...

C'est le blond qui m'a attrapé les épaules et son gang finit par m'encercler, un sourire mauvais aux lèvres.

Ma respiration se fait haletante.
Ils ricanent tous. Se foutent ouvertement de ma gueule, riant de ma situation.
Voyant mon air apeuré Ribéry passe son doigt sur ma joue en murmurant une énième insulte sur mon compte.

Je tâte mes poches.
Évidemment j'ai plus de déo en stock.
Plus personne ne passes dans la rue. Il est un peu plus de 22 heures, les gens ne viennent pas traîner dans un endroit pareil à cette heure là.

Le trapu sort un couteau de sa poche.
Mon regard s'attarde sur ses yeux. Ils ne portent plus les marques du déo, mais je me doute que ça a dû lui faire mal pendant un petit bout de temps.

Combien de temps vais je souffrir, moi ?

Un grand brun fait de même et s'approche dangereusement de moi. Je recule et viens buter contre un mur.

Je suis encore encerclée, sans issue de secours.

Je me mets à crier, mais un mec me donne une gifle.
Sonnée par le coup, mais pas encore KO, je me remets à crier et donne des coups dans tout ce qui bouge. Ils finissent par m'immobiliser, en me donnant des coups dans le ventre par la même occasion.

- Tu vas arrêter de gueuler, ptite connasse ? On n'est pas méchants nous, on veut juste régler ton compte.


Mon père et ses histoires à raconterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant