Je me précipite vers le téléphone que j'avais laissé tomber à côté du lit et bredouille quelques excuses à Carlos, en disant que je suis désolée mais que je ne peux plus lui parler dans le moment.
Puis je raccroche, en veillant à ne pas paraître trop sèche. Parce que je serais pas dans la merde s'il venait à me faire la gueule, demain.
- C'était Carlos ? raille Gringe avec un sourire moqueur.
- Euh... Oui.
- C'est ton pote ?
- Ouais. Depuis... Assez longtemps.
- Rien de plus ?
- Ah non. Pas du tout. Et pis... Jamais.
- Mdrr OK je me posais juste des questions.
- Il est sur le point de sortir avec une meuf rencontrée sur Instagram, du coup voilà je suis pas dans le game.Qu'est ce qui me prend de dire ça ?
Je serais pas jalouse quand même ?
Jalouse d'une fille que je n'ai jamais vu ?
Ça n'a pas de sens.
Et pis je suis pas en crush sur Carlos. Pas de sens non plus.
Alors pourquoi j'ai dit ça ?
Parce que je m'inquiète pour lui.
Oui.
On va dire ça.Gringe se contente de hocher doucement la tête, la même expression collée sur son visage.
Malaisance.- Arrête d'être gênant comme ça Guillaume, intervient mon père d'une voix énervée. C'est moi qui devrais être chiant comme tu le fais.
- Rooo, ça va...
- Nan mais je déconne, fais ce que tu veux mais sois pas trop soûlant.
- Faudrait vous mettre d'accord, je fais remarquer en rigolant.
- Chuuut, me font ils en même temps.L'après midi se termine tranquillement. Enfin, l'ambiance est sympa, mais je sens qu'il y a un peu de tension contre Capucine.
Le soir, on mange des ramens devant un film. J'en profite pour caser que j'ai récemment vu Comment c'est loin et que j'ai beaucoup aimé. Ça fait assez leche cul, c'est vrai, mais j'avais envie de le dire. Ils me remercient tous deux d'un air sincère. Ce que je trouve douteux. Et j'ai raison, car ils se sont enfilés un joint, discrètement.
Je comprends mieux l'odeur de romarin qui avait commencé à empester dans le salon.Vers 22 heures, je vais me préparer pour aller dormir. J'ai réussi à me débarbouiller le visage avec ce que j'avais emmené, mais il va falloir que je fasse des courses rapido, histoire que je ne manque de rien. Et faire du shopping aussi, j'ai pris peu de fringues.
Vu que c'est mon père qui m'emmène en cours demain, je peux me lever à 6h30 au lieu de 6h. Un écart d'une demie heure qui m'est bénéfique.Dans la salle de bain, au moment où je me brosse les dents, face au miroir, j'ai une petite pensée pour ma mère. C'est plus fort que moi. La plupart du temps, je me brossais les dents en même temps qu'elle.
Plus maintenant.Je m'approche des deux compères doucement et lance :
- Bonne nuit !Au moment où je m'apprête à remonter, ils protestent et me rappellent :
- Tu viens même pas dire bonne nuit à ceux qui t'hébergent ? Ta mère t'a pas appris les bonnes manières ou bien ?Confuse, je retourne m'approcher d'eux, ne sachant pas quoi faire.
- Euh... Bonne nuit ?
- Nan mais, s'énerve faussement Gringe, viens faire la bise on va pas te manger.Je rougis.
Quelle conne.
Je trottine vers eux et fais la bise à Gringe, puis quand c'est au tour d'Orel celui ci m'attire vers lui et me sert fort dans ses bras.
Étreinte que je rends.- Bonne nuit ma ptite.
- Bonne nuit... Papa.Choc pour nous deux.
Ya plus qu'à s'y accoutumer.
- Comment je suis plus habitué à me lever avant midi, dit mon père en baillant. Les profs sont toujours pas décidés à vous faire cours juste l'après midi ?
- Comme tu le vois, je réponds en mettant mon sac à l'arrière, c'est pas d'actualité.La voiture d'Orelsan, c'est une putain de Mercedez qui doit coûter dans les 60 000 euros facile. Tout le contraire de la poubelle de son meilleur pote, en somme.
- Bon, je te préviens, je ferai ça une fois mais pas deux.
- T'inquiète.
- Ce soir je peux venir aussi, comme ça t'auras pas à prendre le tram.
- Ça serait sympa. Je finis à 16 heures.
- Sa mère, j'espère que j'oublierai pas... Sinon t'appelle hein.
- Ouep. Pas de problème.Nous montons dans la voiture et, dans un énième baillement, il met le contact et la voiture se met à vrombir.
Je ne me sens toujours pas hyper à l'aise avec lui, mais je me répète que ça va finir par venir.
Inchallah.Il me dépose 30 minutes plus tard à 50 mètres de Rostand.
- Eh ben à ce soir, ici, alors, je lui dis en insistant bien sur le "à ce soir".
- Tranquille. Bonne journée.Je réponds un "merci" puis claque la portière.
Eulalie m'attend devant le portail, l'air interrogateur.
- C'était qui le mec dans la bagnole ? C'était pas ton mec, quand même ?
- Alma, avoir un mec ? ricane Fiona, en train de fumer avec ses commères juste à côté de nous. Et mon daron c'est Orelsan... D'ailleurs, bien joué samedi soir, Alma. Jamais j'aurais pensé que t'aurais assez de thune pour te payer une place.Ses amies rigolent et un poids me tombe dans l'estomac.
- Au pire qu'est ce qu'on en a à foutre de tes critiques ? rétorque Eulalie d'une voix forte. Putain parfois tu devrais apprendre à fermer ta gueule Fiona, le monde irait mieux.
Nous nous éloignons toutes les deux, et elle revient alors à l'attaque.
- Alors c'était qui le gars ?
Je me pince la lèvre.
C'est le moment.J'attends cependant que Inès et Laurianne soient arrivées pour déballer toute la vérité.
Et elles sont choquées.
- Attends attends, tente de récapituler Inès. T'es en train de dire que... Orelsan c'est ton père, t'es sa fille cachée, et tu crèches chez lui en ce moment ??
- Putain, lâche Laurianne en tant que seule exclamation. Chaud.
- J'ai du mal à y croire, conclue Eulalie en se frottant les yeux.
- Et c'est la vérité pourtant, intervient une voix masculine.Carlos vient se taper l'incruste dans le groupe et me fait la bise.
- Ça fait depuis qu'elle le sait qu'elle m'en parle, s'explique t il. Et genre, la ressemblance est tellement frappante...
- T'as pu le voir de près aussi ? questionne Laurianne.
- Ouais.
- Il a cru qu'on était en couple, j'ajoute avec un sourire. En bref, c'était le feu sous toutes ses formes...
- Encore une fois, je regrette de pas être venue..., soupire Eulalie.La cloche sonne et nous nous précipitons en cours.
À seize heures, je sors donc du lycée et vais attendre là où j'ai été déposée ce matin. Je constate que...
La Mercedez est garée au même endroit.Mais ce n'est pas mon père au volant.
C'est Capucine.
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Mon père et ses histoires à raconter
FanfictionTout le monde ou presque connaît Orelsan, le rappeur originaire de Caen ayant connu plusieurs polémiques par rapport à certaines de ses chansons. Tout le monde donc, sauf moi. Et pourtant je devrais. Parce que c'est mon père. #940 dans la catégorie...