Orel #1. 19

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C'est le feu.
C'est peut être la deuxième fois que je remplis le Cargö, ça me fait quand même une sensation chelou.
J'aurais pu me permettre le zénith, mais je préfère largement l'ambiance des petites salles, le public et toi vous êtes plus proches et c'est beaucoup plus sympa.

Ça me fait doucement rire d'ailleurs de voir qu'il se compose quasi que de ptit jeunes même pas majeurs, qui sont même pas concernés par ce que je dis dans mes textes. Qui doivent sûrement même pas bien les comprendre, d'ailleurs.

Mais bon, j'ai pas à me plaindre. Grâce à eux justement, je suis plus dans le besoin, je peux payer une belle caisse à mon père s'il le veut, on me reconnaît facilement dans la rue, je me fais inviter à la télé sans problème. La célébrité, en fait. Tout simplement. Je leur dois ça.

Ça me fait du bien de revenir un peu en Normandie. Avec la tournée et tous les festivals, la ville m'avait manqué. Je me dis que je devrais lui rendre hommage, un jour.
Et plus la mettre en avant, aussi. Parce que le peu le gens qui la connaissent ne jurent que par Guillaume le Conquérant, mais ce bon Guigui il est un peu mort depuis mille ans. Ou un truc dans le genre. Ou au pire, on s'en fout.

Surtout aussi pour que je prenne pas la grosse tête... Comme dirait ma grand-mère, faut jamais oublier d'où on vient. Et moi je suis loin d'être un parigot.

Je donne le meilleur de moi même, ce soir. C'est mon dernier concert ici avant d'attaquer un nouveau projet, je veux que ces gamins rentrent chez eux et s'endorment en repensant à l'ambiance.
Avec Gringe, on rappe nos tubes des Casseurs et moi je jongle entre les sons de Perdu D'avance et Le chant des sirènes.
J'ai tellement chaud que je suis obligé de changer de t shirt avant de passer le dernier son de la soirée, La Terre est ronde.

Quand je reviens sur scène, le bruit est horrible. Je fais genre je ressens rien mais mes tympans sont à bout. Vivement me poser dans la loge, tout à l'heure.

J'entame les premières lignes de la chanson sous les cris, et je me retiens de gueuler pour avoir le silence. L'exemple paternel, on va dire. Mais je suis pas leur père, ils sont ici pour s'éclater, pas pour se faire engueuler.

À la fin, comme dab, j'arrête de chanter pour remercier tous mes potes. Ablaye, Gringe, Dany Sinthé et Skread surtout. Mais ces ptits cons, ils continuent à brailler mon nom.
Je remercie mon équipe putain, ils pourraient les respecter un minimum aussi.

Au moment où je veux clore ce concert que je voulais mémorable, je remarque une gamine, dans la fosse, à deux mètres de la scène, seize ans à tout casser, qui tourne de l'œil et s'effondre sous les autres gens. Un de ses potes, ou son mec qui sait, un grand brun à lunettes, lui crie quelque chose et se baisse pour éviter qu'elle se fasse piétiner par une horde de jeunes qui m'acclament encore.

Que faire ?

Elle a l'air dans le mal, je peux pas faire comme si j'avais rien vu. Je risque de pas bien dormir ce soir si je fais rien et vu l'état dans lequel je suis, j'ai besoin de sommeil.

Alors je laisse tomber le micro sur la scène et m'approche du bord. Des groupies, me voyant si près d'elles, se mettent à gueuler encore plus dans mes oreilles.
Pas le temps de leur demander de s'écarter.

- Une gamine fait un malaise ! je crie à Gringe qui se demande ce que je fais. Appelle une ambulance, bouge !

Je le vois du coin de l'œil s'éclipser. Pendant ce temps là je me mets à genoux sur la scène et préviens les groupies qu'une fille derrière elle s'est effondrée. Elles se retournent et tentent de la ramener sur la scène. Le mec veut pas la lâcher, alors je ramasse le micro et lui dis :

- Ta meuf a calanché, dépêche toi de l'amener ici !

Je le vois rougir. Bon, ça doit juste être sa pote.

Les gens s'écartent le plus possible pour permettre à la fille de respirer. Il a essayé de la prendre dans des bras et de la porter, mais il est pas bien costaud et elle va se casser la gueule plus qu'autre chose. Il parvient pourtant à arriver jusqu'à moi, et je prends le relais.

Je passe un bras sous ses jambes et de l'autre je la maintiens sous le dos.

- Viens, je dis au mec, faudra que tu nous dises son identité quand le SAMU arrivera.

Il hoche la tête, pas très rassuré.

Je fais un signe à Ablaye, pour lui demander de dire aux gens de partir parce que c'est fini.

Le public se met à protester, mais j'ai pas le temps de blablater.

Je cours comme je peux vers la loge, suivi de près par le brun. Le trajet me paraît hyper long alors que ya seulement une cinquantaine de mètres.

J'entends gémir la gamine juste avant de pousser la porte.
Je baisse alors les yeux vers son visage.

Elle est assez mignonne. Un menton très fin, une peau pâle, un nez en trompette.
Des cheveux châtains, une bouche pulpeuse.

Elle me rappelle grave quelqu'un.

J'ai pas le temps de me souvenir, elle ouvre péniblement les yeux.





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Bonjooour
Je vous préviens juste que en ce moment j'ai plus trop trop d'inspi donc faudra attendre un pitit peu avant de connaître la suite 😅😅 désolée de vous faire attendre comme ça (peut être que vous vous en foutez de tout ça, enfin bref je m'attarde pas)
Bonne lecture 😘

Mon père et ses histoires à raconterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant