Mon père et ses histoires à raconter

Crudités. 56

⚠⚠️⚠️⚠️
Il y a eu 2 chapitres avant celui ci, faites attention au numéro silvouplé si vous voulez pas vous embrouiller dans l'histoire 😅😅 jsuis tellement désolée 😖😭

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Je suis installée entre mon père et Damian, alias Dam, qui s'est révélé être assez froid et distant. En même temps, il est allemand et ne parle pas hyper bien français, donc je peux comprendre qu'un repas de famille tel que celui là puisse le mettre mal à l'aise. Bref.
En face de moi, il y a mon grand père, qui dès que je me suis assise m'a lancé un regard de la mort assez violent. Tellement perturbant que j'en ai frissonné.

Quelle sera sa réaction lorsqu'il apprendra qui je suis réellement ?...
Brrr.

Ma grand mère fait le service et en posant le plat d'entrée, elle a pressé sa main sur mon épaule. J'ai sursauté sur le coup, mais me suis finalement tournée vers elle avec un petit sourire, qu'elle m'a rendu chaleureusement.

- Je suis la cuisinière de service, aujourd'hui. J'espère que tu aimeras.
- Elle n'est pas difficile, explique Capucine, assise à la gauche de mon père. Tout ce que je lui prépare, ça lui plaît.
- La cuisine de maman doit être bien bien meilleure qu'en foyer, ajoute Laeticia d'un ton compatissant.
- Comment tu as fait pour te retrouver là bas, au fait ? demande Clément en se coupant un morceau de pain. Et tu habitais où ?

Hum.
Ça n'a jamais été mon point fort, d'inventer des histoires. Surtout me concernant.
Je n'ai jamais prétendu être allée à tels et tels endroits alors que je n'y avais jamais mis les pieds, par peur que mes mensonges soient dévoilés.
Et aujourd'hui, il faut que je trouve en deux secondes une histoire sortie de toutes pièces.

- Euh... C'est compliqué, mais...
- Raconte nous, il faut qu'on apprenne à te connaître, me coupe Emma d'une voix douce en donnant le sein à Claire.

Je jette un coup d'œil à Capucine et à mon père, qui me soutiennent et m'encouragent du regard à parler de ma soi disant histoire.
Je me racle la gorge, bois un peu d'eau et me lance :
- Mes parents se sont rencontrés à une soirée quelconque, et ça a été un genre de coup de foudre. Ça a duré quelques mois, ma mère est tombée enceinte, mais ne le lui a jamais dit. Ils se sont quittés après presque un an de vie commune et ils ne se sont plus jamais revus. Quand je suis née, elle s'est mise en couple avec l'alcool, et jusqu'à mes dix ans je la voyais plus bourrée que sobre. Quand elle était à peu près bien, elle s'affalait sur le canapé et me coiffait, alors j'en profitais pour lui demander qui était mon papa. Elle se taisait et continuait à me faire des tresses. J'ai fini par abandonner au bout d'un moment, parce que j'avais compris que mes questions allaient demeurer sans réponses pour toujours. Puis le jour où j'ai eu dix ans, elle a bu sans s'arrêter, elle ne pouvait plus rien faire tellement l'alcool l'avait rongée... Une voisine est venue me chercher, a pris quelques affaires et m'a confiée aux services sociaux. Et depuis ce jour-là... J'ai vécu dans un foyer à Hérouville.

Je me tais et regarde l'assemblée pour guetter les réactions. Toujours une mine compatissante de Laeticia, une expression choquée pour Yolande, un regard dur comme du roc de mon grand père, et des visages sans grande expression pour les autres. Capute et mon père semblent quelque peu ahuris.

Baah... J'ai dit une part de vérité, quand même. J'ai juste essayé de me mettre dans la peau d'une fille d'alcoolo et apparemment c'est passé crème.

- Et comment es tu arrivée chez le grand Orelsan, alors ? s'enquiert Clément en se servant de tomates, constituant l'entrée apportée par ma grand mère. Maman, t'as oublié la vinaigrette ! Raconte nous tout, ça m'intéresse de savoir comment mon frère s'y est pris pour adopter.
- Son foyer a emmené des jeunes à mon concert en mai, continue mon père d'un air blasé. À la fin, ils ont pu accéder aux loges et je les ai tous rencontrés. Le courant est très bien passé avec Alma, si bien qu'on a gardé contact. Jsuis allé la voir plusieurs fois, elle m'a parlé de son histoire... Et voilà, après c'est venu tout seul.
- Et ça s'est fait en deux mois, commente Laeticia. Ça me semble étrange, j'ai toujours entendu dire qu'il fallait plus de temps, genre plusieurs années...
- Tout n'est pas complètement en ordre non plus, intervient brutalement Capute. Alma vit chez nous, mais il faut régler plein de papiers encore...
- Des papiers de quel genre ? demande Emma.

Je constate que mon père et sa copine sont plus que perdus. Ils bafouillent, prétextent que c'est compliqué, et tentent de changer de sujet, mais Clément, Emma et Laeticia ne sont pas du genre à abandonner facilement.

- Mais laissez les tranquilles, bon Dieu ! tonne Jeanine, la bouche pleine.  Vous voyez bien qu'ils sont fatigués ces pauvres chous, laissez les manger en paix. Très bonnes, les tomates, Yolande, elles viennent du jardin ?
- Nan, répond Clément, c'est les gars qui les ont fait pousser avec l'école.
- Ouais ! confirme Baptiste (ou Charles, allez savoir) . Même que quand on a commencé à les planter, Theo il m'a dit que c'était pas possible que Orelsan soit mon tonton.
- Pas la peine de raconter encore ça, mon poussin, soupire Emma. On sait que tu t'es battu avec Theo et que tu t'es fait disputer très fort par la maîtresse.
- Il te croyait pas, le gamin, quand tu disais que j'étais le meilleur tonton de l'univers ? continue mon père avec un sourire malicieux.

Des étoiles apparaissent dans les yeux de mon cousin.

- Ouais ! Le meilleur tonton de tous les temps !
- Ben voyons, ricane Clément. En quelle classe t'es, Alma, du coup ?
- Je passe en terminale L, à Rostand.
- Tu l'as pas mise à Victor Hugo ? s'étonne Laeticia. On est tous les trois passés par là, ça aurait été sympa de continuer la tradition.
- Mmmh baaaah son foyer l'avait déjà inscrite là bas, donc on a continué. Et puis...
- Yolande, interrompt mon grand père, est ce que tu peux amener le plat, s'il te plaît ?

Silence de mort autour de la table.

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Et bonne rentrée à ceux qui terminent leurs vacances ce soir.... Force 🙏😂