Je lui souris.
Parce que je pense que c'est la meilleure chose à faire.
Il me renvoie mon sourire, quelque peu gêné quand même.
- Si j'avais su hier soir qui t'étais réellement...
On reste là, à se fixer.
Parce qu'on a beau avoir un lien de parenté très fort, on reste des inconnus l'un pour l'autre.Est ce que ça pourra changer un jour ?
Je sens Gringe faire des gestes derrière moi. Il doit sûrement lui demander d'alimenter la conversation.
- Euh... Sinon du coup, ça te fait quel âge ?
- J'ai eu seize ans là. Le 9 avril...
- Oo... Eh ben bon anniv en retard hein.
- Merci...Nouveau silence.
Nouveaux gestes de Gringe dans mon dos.
Mais pas de nouvelle conversation.Pendant quelques secondes on n'entend que les reniflements de ma mère.
Puis il prend une inspiration, enlève ses mains de ses poches et vient se mettre face à moi.
- Je sais que je devrais pas agir comme ça. T'es... T'es ma gamine, ma fille, tout ce que tu veux, mais comprends moi, je viens juste de l'apprendre. Un jour, je pourrai tout rattraper. Mais... Laisse moi juste du temps. Vraiment. Un jour tu seras fière de m'avoir comme daron.
- J'espère bien, je lui réponds avec un sourire en coin.Ça le fait marrer.
Alors je fais quelque chose d'innatendu.
Je vais me blottir contre lui.
En mettant mes bras derrière son dos.
Et je le sers fort.
Comme j'ai toujours rêvé de le faire.
Au début, je sens qu'il se crispe.
Mais il m'imite, et c'est seulement à partir de ce moment là que la boule dans mon ventre qui cohabite avec moi depuis si longtemps commence à s'estomper.Après une petite minute passée ainsi, il se détache de moi et j'ai le temps de distinguer ses yeux brillants.
- Jsuis content quand même, il dit en reniflant. Jamais j'aurais pensé... Bon oké ça reste chelou pour moi, mais jsuis content. On se revoit très vite, Alma.
- Oui, dis je la gorge serrée.Il fait trois pas en arrière, toujours en me fixant, et va ouvrir la porte.
- À plus, mademoiselle, me chuchote Gringe à l'oreille. Je pense qu'on va bientôt se recroiser.
Il presse sa main sur mon épaule et se dirige lui aussi vers la porte.
Celle ci se referme doucement.
Tellement doucement que je l'entends à peine se fermer.
Ça y est.
J'ai un putain de père.
Je m'empresse d'aller chercher mon téléphone, afin d'annoncer tout ça à Carlos.
Sauf que mon portable est sur le canapé.
Le problème ?
Ma mère est toujours allongée dessus.Haha.
Je m'approche doucement, en guettant sa réaction.
Elle pleure encore. En position fœtale.
Ratatinée sur elle même, au sens propre comme au figuré.Quand j'arrive près d'elle, elle relève la tête. Et me fixe.
- Je veux savoir comment t'as su. Je veux toute la vérité.
- Maman, c'est...
- Putain ! Écoute ce que je te dis OK ? Je veux tout savoir. T'as jamais compris que je voulais te protéger...
- Et c'est justement à cause de ça que je vivais mal, je rétorque alors. Tu le voyais pas, mais je ne me suis jamais sentie bien, depuis que j'ai compris que je n'avais pas de réel père je subis mon existence au lieu de la vivre ! Est ce que tu peux comprendre, ça ? Non tu peux pas. T'as été trop égoïste, t'as pensé qu'à tes intérêts et pas aux miens !! Jamais, jamais, t'as pensé à ma souffrance, et je t'en veux énormément pour ça.
- Arrête de pleurer, Caliméro. Tu dis que je suis égoïste, mais tu t'es pas regardée. Toi, toi, toi ! Je te l'ai dit des tas de fois, j'avais mes raisons pour ne pas t'en parler. Ton père n'est pas un homme bien, que tu le veuilles ou non.
- Il faut croire que je suis comme lui alors, dis je en serrant les dents si fort que je sens des douleurs dans la mâchoire. Je suis pas une meuf bien.
- C'est pas à toi d'en juger et je trouve que ce n'est pas le cas. Alma, dis moi tout.
- Va demander à mamie, tiens.Sur ce, j'attrape mon téléphone caché derrière un cousin, file dans ma chambre et m'enferme à l'intérieur.
Et je réfléchis.
La cohabitation avec ma mère ne sera plus jamais la même.
Jamais je ne pourrai la regarder dans les yeux sans y lire une quelconque rancœur.
Et elle, jamais plus elle ne me fera confiance.À quoi bon continuer comme ça ?
Maintenant que j'ai un père, je peux compter sur lui. Enfin je pense.
Alors que je suis encore en train de réfléchir sur le tournant qu'a pris ma vie, ma mère vient ouvrir la porte et reste sur le seuil.
- C'est bon t'as fait tes bagages tu te casses avec lui ? Après tout ce que j'ai fait pour toi ?
- Qui t'a dit que je me cassais ? Je suis encore là.
- Pas pour longtemps. Vous êtes de la même espèce, tous les deux. Un jour tu iras avec lui et je te reverrai plus jamais.
- Putain maman, on n'est pas encore à ce point là.
- Ça va pas tarder jte dis. J'aurais mieux fait de pas te garder, ça m'aurait évité tout plein de choses.Elle tourne alors les talons.
En me laissant en plan, comme ça, dans ma chambre.
Et il est même pas 8h encore.
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Je galère de plus en plus pour trouver l'inspi 😑😅
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Mon père et ses histoires à raconter
FanficTout le monde ou presque connaît Orelsan, le rappeur originaire de Caen ayant connu plusieurs polémiques par rapport à certaines de ses chansons. Tout le monde donc, sauf moi. Et pourtant je devrais. Parce que c'est mon père. #940 dans la catégorie...