***Blondinet me sourit fièrement, tandis que je le regarde de travers. Je crois sincèrement que je vais l'attacher aux roues du bus.
Je me demande s'il sait que je prévois de le buter.
Je vois ses lèvres bouger sans comprendre ce qu'elles disent, puisque j'ai mes écouteurs dans les oreilles.
J'augmente donc le son afin de bien lui faire comprendre que je me fous -ouvertement et complètement - de ce qu'il raconte.
Monsieur Emmerdeur riposte : il attrape mon écouteur pour le mettre dans son oreille gauche - l'oreille à mon opposé.
Vu la tête qu'il fait, il semble apprécier ma musique.
Mais qu'est ce que j'en ai à foutre de son avis putain !
J'attrape rageusement mon écouteur pour le replacer dans mon oreille, en lançant un mauvais regard au casse-pieds à côté de moi. Blondinet me l'enlève à nouveau et me demande, surpris :
- Tu connais les Chainsmokers ?
Mais il est carrément con. Si je les écoute, c'est que je les connais !
- A ton avis triple con ?
- Personne connaît ce groupe dans mon entourage. Moi, je les adore ! C'est cool que tu connaisses. Je suis allé les voir en concert...
Et voilà, il recommence ! Il me raconte sa vie le plus normalement du monde. Mais quand est ce qu'il va comprendre que je m'en tape, bordel ?
J'augmente le son de mes écouteurs pour ne plus l'entendre. A mon plus grand malheur, je n'ai plus de batterie. Je suis condamnée à écouter Monsieur Pipelette, dans un espace clos, sans possibilité de m'enfuir.
Fait chier putain !
Sans le regarder, je place ma main sur sa bouche pour lui faire comprendre d'arrêter.
Soudain, je sens quelque chose d'humide entrer en contact avec ma main.
Il m'a pas léché la main là ?
J'enlève brusquement ma main de sa bouche, tandis que sa langue était de sortie.
Putain il l'a vraiment fait.
- Tu veux absolument que je prenne une poêle pour faire un tennis avec ta tête, hein ? demandé-je calmement.
Blondinet glousse comme une fillette. Soudain, le conducteur du bus freine, et Blondinet est propulsé en avant. Sa tête arrive au niveau de l'arrière du siège face à nous. Il retire sa tête en couinant et grimaçant.
Et là, c'est trop pour moi. Je ris. Je ris comme je n'ai pas ri depuis longtemps. Ce n'est pas un grand fou-rire, mais je ris. J'ai été surprise par le freinage du bus; mais je crois que la propulsion de Blondinet sur le siège a refait ma journée.
Il a vraiment une vie de merde, ce con.
Blondinet me regarde comme s'il était émerveillé. Un grand sourire dévoilant ses dents parfaitement alignées éclaire son visage.
- C'est la première fois que je t'entends rire, s'exclame-t-il.
Tu m'étonnes.
Je me calme rapidement après sa phrase. J'avais oublié que je n'étais pas seule. Je ne réponds pas et me détourne. Je vois qu'il me fixe avec insistance.
On dirait une chouette putain !
- Bon tu veux quoi Blondinet ? m'impatienté-je.
- Nathan, me corrigea-t-il.
- C'est pareil, dis-je en haussant négligemment les épaules.
Il souffle et lève les yeux au ciel, avec malgré tout un sourire au coin des lèvres.
- On a un travail à faire je te rappelle.
- Et ? demandé-je, complètement indifférente à ce qu'il raconte.
Blondinet paraît décontenancé par ma réaction. Il s'énerve :
- Et bah faut qu'on le fasse ! Il faut qu'on se voie en dehors des cours pour pouvoir le faire !
Si tu savais comme j'en ai rien à foutre.
Je hausse les sourcils et l'ignore. Il n'a qu'à le faire tout seul, son boulot de merde.
Je sens a nouveau son regard sur moi, mais je n'y prête pas attention. Le bus s'arrête. Je constate que c'est mon arrêt, alors je descends.
Enfin putain, encore un peu et je lui faisais bouffer son sac à dos !
Blondinet descend aussi. Je l'ignore et prends le chemin pour rentrer chez moi.
Ce que je n'avais pas prévu, c'est que ce putain de pot de colle me suive. Et le pire, c'est qu'il ne fait même pas l'effort d'être discret.
- Putain mais t'as une case en moins, éructé-je.
- Je t'ai dit qu'il fallait qu'on se voie en dehors des cours. Si tu ne veux pas me donner ton adresse, je la trouverais seul.
- Emmerdeur, marmonné-je.
Tout à coup, une idée me vient à l'esprit.
J'suis un génie bordel.
Je prends la direction de la supérette du coin, Blondinet sur mes talons.
- Ça ne te dérange pas que j'aille acheter deux-trois trucs alors ? demandé-je, faussement intéressée par son avis.
- Euh.. Non, hésite-t-il.
Si tu savais ce que j'ai derrière la tête, mon petit.
Nous nous dirigeons donc vers la supérette près de chez moi. Une fois dedans, je fronce le nez à cause de la forte odeur d'alcool. Blondinet grimace violemment - et je le comprends.
Je vais vers un rayon particulier, en vérifiant discrètement que Blondinet me suit toujours. Tel le putain de pot de colle qu'il est, il se trouve juste derrière moi.
J'arrive dans le rayon pour hygiène féminine, et prends une boîte de tampons. Blondinet se rend compte d'où on est et toussote, mal à l'aise. Pire, il rougit.
Il rougit putain !
- Bah quoi ? J'ai mes règles, dis-je innocemment.
- A..Ah... répond-t-il, gêné.
- Tu viens ? Je vais chercher des capotes maintenant.
- Mais.. T'as tes règles ? demande-t-il perdu.
- Oui, et ? Où est le problème ? répliqué-je faussement irritée.
- N..Non rien, grimace-t-il. Je vais te laisser en fait, donc euh.. On se voit demain.. Euh.. À demain, me salue-t-il.
Je lui fais un vague signe de la main. Il se précipite vers la sortie.
Une vraie petite vierge, ce mec.
J'attends qu'il soit bien sorti de la supérette pour reposer les tampons.
Alors que je les repose, une nouvelle idée germe dans mon esprit. Je reprends la boîte de tampons, puis me dirige vers les rayons alimentaires. Je prends une bouteille de vinaigre balsamique, puis vais à la caisse pour les payer.
Je récupère mes achats, satisfaite, puis entreprends de rentrer chez moi.
Prépare toi Blondinet. Tu vas morfler.
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HEATHER FAYCE [TERMINÉ]
Fiksi RemajaHeather n'est pas cette fille timide et clichée de fictions à la con, qui espère qu'un badboy débile s'intéresse à elle. Non. Heather est froide, sarcastique, et prend un malin plaisir à malmener son entourage. Heather est...