HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

3/ Jets de boulettes.

***

Ennuyée par le cours de Monsieur Tran, une idée me vient soudainement à l'esprit.

Je déchire une feuille de mon cahier de brouillon, que je divise ensuite en quatre. Je prends une partie, la froisse et la manipule afin d'en faire une boule. Je fais de même avec une autre partie.

C'est là que ça devient drôle.

J'esquisse un sourire mauvais, regarde en direction du prof qui est, lui, tourné vers son tableau.

J'observe le petit couple d'intellos face à moi, puis leur lance a chacun une boulette à l'arrière du crâne.

Le binoclard aux cheveux laqués se retourne vers moi avec un regard meurtrier, tandis que je sifflote pour le provoquer.

Avec les deux parties restantes, je répète la première opération puis, à nouveau, leur lance une boule sur la tête.

Binoclard se retourne à nouveau, excédé, alors que je me marre intérieurement.

- Arrête tu deviens barbante.

C'est tellement barbant d'utiliser ce mot de nos jours, putain.

Madame Intello aux cheveux parfaitement lisses se tourne vers Binoclard.

- Ne fais pas attention à elle, mon chromosome X d'amour.

Je les regarde tour à tour alors qu'ils sont de nouveau dos à moi.

Elle vient vraiment de dire « mon chromosome X d'amour » ? Bordel de merde.

Blondinet qui n'est visiblement pas calé en sciences - ou juste trop con - me demande :

- Pourquoi elle l'a appelé mon chromosome X ?

- J'ai l'air de me coucher entre eux le soir pour connaître leur vie de couple ? demandé-je, lasse.

Blondinet, confus, hausse les sourcils.

Mais qu'il est con.

Je soupire, puis lui explique :

- La femme possède 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes X. L'homme en possède aussi 23, dont une paire appelée « X » et « Y ». Donc elle appelle son bouffon « mon chromosome X ».

Et oui. Contrairement aux clichés qui veulent que toute personne s'habillant en noir soit littéraire, je suis plutôt une scientifique.

Encore une fois, j'emmerde les stéréotypes.

Blondinet siffle en levant la tête, voyant à quel point les deux êtres devant nous sont abominablement chiants.

- Ils sont trop loin pour moi, affirme-t-il.

Je ne réponds pas. A vrai dire, je me fous littéralement de ce qu'il dit.