HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

54/ Bataille de nourriture.

***

HEATHER.

A l'instant où je franchis le seuil du réfectoire, des ricanements se font entendre. Mes yeux meurtriers font le tour des tables pour fusiller chaque élève présent dans cette salle. Je mords fortement ma langue, puis me décide à avancer vers le self, le menton relevé.

J'attrape une assiette de poisson et de riz à la crème lorsqu'un liquide froid coulant le long de mon dos me fait sursauter. Je me retourne face à un garçon blond platine qui glousse en m'observant, les dents baguées par un appareil dentaire.

- Ça t'amuse ? sifflé-je.

- Grave, affirme-t-il en riant grassement.

Tu vas pas te marrer longtemps, sale petite merde.

Je me mets face aux aliments, puis esquisse un rictus mauvais en attrapant une cuillère de purée. Je me tourne ensuite vers le garçon, badigeonnant son visage rougi avec ma cuillère de pommes de terre écrasées. Il pousse un glapissement incrédule tandis que les adolescents présents rient bruyamment.

- Profite du chemin de fer que t'as dans la bouche pour retrouver la route qui mène à ton honneur.

Tout le monde explose de rire tandis que le garçon tente de s'essuyer le visage avec ses mains.

- Oh bordel, ricane un mec. Elle l'a allumé.

Satisfaite, je toise le blond platine d'un regard profondément narquois et méprisant. Si ces abrutis pensent que la découverte de mon secret va faire de moi une victime, il se rentrent bien profondément le doigt dans le fion.

Je suis peut-être destructrice, mais jamais quelqu'un ne me détruira à ma place.

Je redresse le visage puis m'assois à une table, où Merida est déjà installée avec Kim Jong. Ceux-ci me saluent, puisque je suis arrivée trop à la bourre ce matin pour qu'on ait eu le temps de se voir.

- Alors, c'est quoi ton excuse pour avoir été en retard, cette fois ? me demande Merida, amusée.

- Crois-le ou non, mais j'avais juste oublié de mettre mon réveil.

- C'est ça, me taquine Kim Jong. On sait tous que c'est parce que t'assumes pas d'être la fille de Madame Leroy que t'es venue en retard.

Mon sourire retombe et mon regard s'assombrit de lui-même. J'aperçois Merida lui mettre un coup de pied sous la table, le réprimandant du regard. J'arque un sourcil dédaigneux en le toisant de haut en bas.