HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

50/ Affrontements.

***

Mes doigts tapotent la table pendant que je fixe ma feuille d'exercices. Je crois que ce putain de prof est en train de se foutre de ma gueule. Je le résous comment moi, son putain de problème ?

Et est-ce que je suis censée en avoir quelque chose à foutre ? Depuis quand je bosse, moi ?

- Bon, ça m'emmerde. J'ai pas que ça à branler.

Je ferme brusquement mon cahier, manquant de faire voler la copie. Je grommelle rageusement quelques mots inintelligibles, puis fourre vivement mon cahier dans mon sac.

Ne trouvant pas Merida ni Kim Jong, je décide de déambuler dans les couloirs. Les murs blancs sont habillés de mosaïque et de dessins, provenant sûrement du club d'art du lycée. Quant au hall, un grand espace avec des fauteuils a été aménagé pour les lycéens. J'admets que Theresa n'a pas fait trop de merde concernant l'organisation du bahut.

Je traverse lentement les couloirs jusqu'à arriver dans un coin un peu éloigné, à l'arrière des escaliers. Des bruits étranges me parviennent et si je suis d'abord tentée de les ignorer, mon attention est vite retenue lorsque j'entends un gémissement suivi de ricanements.

C'est ce bordel ?

Je m'approche à pas lents, sur mes gardes. J'ai un très mauvais pressentiment. J'arrive derrière quelques mecs de dos, qui rient et frappent quelque chose.

Ou plutôt, quelqu'un.

- Alors, ça vous fait quoi de prendre autres choses que des bites ?

J'entends à nouveau un gémissement étouffé, puis des sanglots. Les mecs rient toujours bruyamment, et je tente de voir à travers eux pour observer ce qu'ils font. Trop petite pour y parvenir, je me baisse pour essayer de voir à travers leurs jambes.

- Lâchez-nous, implore une voix masculine cassée par des sanglots.

- Parle-moins fort la pédale, on va se faire remarquer !, s'agace un mec en donnant un coup de pied à une masse étalée au sol.

Mon besoin d'intervenir surpasse ma raison. Y'a un truc pas net dans cette histoire et mon ressenti me poussent à agir.

- C'est déjà fait, espèce de tocard.

Les mecs, jusque là dos à moi, sursautent et me font face. Lorsqu'ils se retournent, ils s'écartent légèrement et je peux enfin apercevoir ce qui se cache derrière eux.