HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

66/ Inversement des rôles.

***

HEATHER.

Le bruit d'une porte brutalement claquée m'arrache d'un sursaut à mon sommeil déjà perturbé. Par réflexe, je pose une main sur ma poitrine comme si je voulais empêcher mon coeur de sortir de ma cage thoracique. La respiration haletante, je tourne la tête vers la place de Nathan. Après avoir papillonné des cils et tâté le matelas à plusieurs reprises, je me rends compte que la place est froide.

Il est pas là. Putain, il est pas là.

Une peur dévastatrice prend possession de mon être et je dois m'agripper de toutes mes forces à la couette pour ne pas me mettre à pleurer. Mes larmes sont désormais très faciles, et j'ai bien peur de ne jamais parvenir à les arrêter. Et si Nathan m'abandonne, en pleine nuit de surcroît, et bien... Elles couleront sûrement aussi longtemps que mon corps amaigri le permettra.

Merde, ressaisis-toi !

Cette pensée tourne en boucle dans ma tête. Tous les jours, toutes les nuits. Je me sens vide, faible et inutile. Où est donc passée ma fougue ? J'en ai marre de vivre comme si j'étais privée de mes sens. Je ne mange plus, je parle peu et je ne bouge quasiment jamais de mon lit, à part pour me laver. Je deviens si dépendante à Nathan que c'en devient affligeant. Si je n'ai jamais été une bonne personne, je sais au moins discerner grâce à mon vécu lorsqu'une relation devient toxique. Et la notre commence sérieusement à le devenir.

Je le prive de sa vie en l'obligeant à s'occuper de moi parce que j'ai perdu le fil de la mienne. J'ai pas le droit de lui imposer ça après tout ce que je lui ai fait vivre. Pourtant, je n'arrive pas à lui dire. Si je ne parviens même plus à m'alimenter correctement, comment puis-je reprendre en main ma vie ?

Mon cas devient si désespérant que je n'ai même pas le coeur à pleurer dessus.

Je suis déprimante.

Avec un soupir, je déplie mes jambes, puis commence à me lever. Prenant appui sur le matelas avec ma main, je me redresse petit à petit pour ne pas perdre l'équilibre. Ma tête tourne légèrement, mais elle se stabilise lorsque je parviens à être debout correctement. Je m'approche de la fenêtre et tire les rideaux. J'ouvre les volets, puis reste quelques minutes devant la vitre afin de contempler le ciel brumeux de la Nuit. La Nuit est à peine visible tant les nuages sombres sont opaques. Cependant, un sursaut m'échappe lorsque la porte de ma chambre s'ouvre à la volée. Effrayée, je me tourne vers Nathan, dont les traits sombres et les yeux rougis me font instantanément trembler.

Quelque chose ne va pas. C'est sûr.

Nathan, le regard mauvais, enlève sa veste qu'il jette sur la chaise avec indifférence. En reculant, il se laisse tomber contre le matelas, toujours en silence. Sa respiration forte m'alerte autant que son visage et doucement, je m'approche de lui. Lorsque je m'assois sur le lit, à côté de lui, il ne me jette qu'un vague regard en coin. Son indifférence fait battre mon coeur encore plus vite et d'un geste presque désespéré, je tente de me coller contre lui. Seulement, il se redresse et d'une voix distante, il tranche :