HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

28/ Garçon manqué.

***

Je suis assise sur le balcon, à même le sol. Une grosse couverture posée sur mes épaules, j'observe le ciel noir et glacé de ce mois de Décembre.

Le putain de dîner de Noël d'il y'a quelques jours me reste encore en travers de la gorge. J'en ai connu des réveillons de merde, et celui-ci en fait clairement partie.

Je ne comprends toujours pas ce qui est passé par la tête de mon père. Inviter ma mère et son mec pour passer les fêtes avec nous est de loin l'idée la plus conne qu'il ait eu.

Après s'être marié avec Theresa.

Je sens quelqu'un se glisser à côté de moi, rompant mes pensées. Casper dépose une nouvelle couverture sur moi, puis met la sienne sur ses épaules. Je le remercie d'un hochement de tête.

Pendant quelques instants, seul le vent fait la conversation. Je n'ai pas spécialement envie de parler, et Casper est silencieux la plupart du temps.
Pourtant, je sais que ce chieur est curieux. Et ses regards insistants me font comprendre qu'il veut m'interroger.

- Accouche, soupiré-je.

Casper sursaute légèrement, ne s'attendant pas à ce que je prenne la parole. Il me regarde, voulant vérifier que je lui donne bien l'autorisation de m'interroger.

- Tu me gonfles à me fixer comme ça, alors parle.

Casper sourit très légèrement, puis inspire. Ses doigts viennent nerveusement gratter son cou.

- Tu penses pardonner à ta mère un jour ?

Tout mon corps se tend. Mon putain d'organe vital loupe quelques battements. Je ne m'attendais pas à cette question. J'aurais presque pu lâcher un rire nerveux.

Pardonner ? Après ce qu'elle a fait ? Elle ne mérite pas mon pardon. Elle peut se foutre à genoux et me jurer ce qu'elle veut, à mes yeux elle sera toujours aussi inexistante. Elle a détruit les seules personnes que j'estimais. L'une d'entre elles de manière irrévocable.

- Qu'elle crève, annoncé-je d'un ton détaché. J'en ai rien à foutre.

Casper se rapproche légèrement de moi, une moue désolée au visage. Il a beau ne rien dire, je sais qu'il pense que j'exagère.

- Arrête de croire ça.

Casper hausse les épaules en souriant.

- Faut croire que tu me connais bien.

J'esquisse un sourire en coin, qui disparaît aussi vite qu'il n'est venu. Parce que je me doute qu'il y'a une autre question. J'arque un sourcil en sa direction, attendant qu'il me la pose. Casper se racle la gorge et m'interroge d'une voix douce.

- Ça va faire combien, cette année ?

Je pince les lèvres et fronce les sourcils. Je ne réfléchis pas, je connais exactement la réponse. Je retiens juste ma haine. Ce putain de sentiment qui alimente mon cœur chaque jour de chaque année.